FR8201656 - Bois de Païolive et Basse Vallée du Chassezac

Site de la directive "Habitats, faune, flore"

Base de référence : Juillet 2024.

Mise à jour annuelle de la liste SIC - publication au JO UE : 02/02/2024 (à partir de la base : décembre 2022)

Identification du site

Type : B (pSIC/SIC/ZSC)

Code du site : FR8201656

Compilation : 31/12/1995

Mise à jour : 24/04/2014

Appelation du site : Bois de Païolive et Basse Vallée du Chassezac

Dates de désignation / classement :

  • pSIC : première proposition : 31/03/1999
  • pSIC : dernière évolution : 30/09/2011
  • SIC : Première publication au JO UE : 19/07/2006
  • SIC : Dernière publication au JO UE : 16/11/2012
  • ZSC : premier arrêté : 20/11/2014
  • ZSC : Dernier arrêté : 20/11/2014
Texte de référence
Arrêté de création du 20 novembre 2014 portant décision du site Natura 2000 Bois de Païolive et Basse Vallée du Chassezac (zone spéciale de conservation)

Localisation du site
Coordonnées du centre (WGS 84) :
  • Longitude : 4,22390 (E 4º13'26'')
  • Latitude : 44,42010 (N 44º25'12'')
Superficie : 6 217 ha.
Pourcentage de superficie marine : 0 %
Altitude :
  • Min : 97 m.
  • Max : 480 m.
  • Moyenne : 206 m.
Régions biogéographiques :
Méditerranéenne : 100%

REGION : AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
DEPARTEMENT : Ardèche (100%)
COMMUNES : Assions, Banne, Beaulieu, Berrias-et-Casteljau, Chandolas, Grospierres, Joyeuse, Lablachère, Saint-Alban-Auriolles, Saint-Genest-de-Beauzon, Sampzon, Vans.

Carte de localisation

Description du site

Caractère général du site

Classes d'habitats Couverture
Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana 25%
Pelouses sèches, Steppes 20%
Forêts caducifoliées 20%
Forêts sempervirentes non résineuses 15%
Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente 8%
Autres terres (incluant les Zones urbanisées et industrielles, Routes, Décharges, Mines) 5%
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 2%
Forêt artificielle en monoculture (ex: Plantations de peupliers ou d'Arbres exotiques) 1%
Zones de plantations d'arbres (incluant les Vergers, Vignes, Dehesas) 1%
Forêts mixtes 1%
Autres terres arables 1%
Prairies ameliorées 1%

Autres caractéristiques du site

L'ensemble du site du Bois de Païolive au sens large est étendu aux Gras de Lablachère, jusqu'à Joyeuse et Saint-Alban-Auriolles (en Ardèche). Il est d'abord caractérisé par l'unité géologique (Jurassique et Crétacé) de ces plateaux calcaires (Gras ou Grads) d'Ardèche méridionale, plateaux qui se prolongent au nord jusqu'à Aubenas. Ces plateaux karstiques sont caractérisés par un important réseau hydrographique souterrain et de nombreuses grottes.

Le Bois de Païolive au sens strict, en rive droite, et son prolongement forestier en rive gauche, est développé sur un calcaire dolomitique qui a généré des reliefs ruiniformes très évocateurs (" L'Ours et le Lion, le Bestiaire…), qui font la notoriété touristique de ce site depuis le XIXème siècle.

Le Chassezac, affluent de la rivière Ardèche, coupe ce plateau par des gorges spectaculaires (projet de site classé), limitées par de hautes falaises dédiées à l'escalade.
Le climat étant de type méditerranéen, le régime hydrique du Chassezac serait caractérisé par un étiage marqué et d'importantes crues d'automne, mais la régulation du barrage de Villefort permet de maintenir un débit artificiellement élevé en été, au bénéfice des activités d'eau vive et du tourisme, et au détriment des milieux aquatiques, qui sont moins souvent remaniés par les crues.

Toute l'économie du Pays des Vans est tournée vers le tourisme estival et de nombreux problèmes rencontrés sur le site sont induits directement ou indirectement par les activités liées au tourisme : urbanisme, fuite en avant des équipements touristiques, problèmes d'épuration des eaux avant leur rejet, sports de plein air très " intensifs " (escalade et spéléologie notamment), fréquentation mal maîtrisée et impacts négatifs générés par des pratiques inacceptables, notamment sports motorisés (4x4, moto verte et quad), qui ne font que s'amplifier, sans aucun contrôle à ce jour.

Qualité et importance

Le site inclut le Bois de Païolive et les gorges du Chassezac, mais s'étend plus largement au sud jusqu'au Serre de Banelle à Banne et au nord jusqu'au Gras de Péret, incluant l'essentiel des Gras de Lablachère, Joyeuse et Saint-Alban-Auriolles. Soumis au climat méditerranéen de type cévenol, le caractère karstique de ce plateau calcaire accentue les effets de la sécheresse estivale sur la végétation de garrigue. La nature y est depuis longtemps modifiée par les activités humaines.

Les conditions climatiques et géologiques locales expliquent la présence de nombreuses espèces et milieux rares ou menacés à l'échelle européenne.

Le Bois de Païolive est une chênaie blanche à Chêne pubescent (Quercus pubescens) relictuelle exceptionnelle, préservée par son relief ruiniforme, qui la rend difficilement exploitable.

Ce secteur présente une richesse exceptionnelle en insectes (libellules, papillons…), et en particulier en coléoptères sapro-xylophages, pour lesquels les entomologistes et les collectionneurs se déplacent de l'Europe entière.

L'espèce la plus exceptionnelle et la plus rare, bien que non protégée et non visée par la directive Habitats, est la Cétoine bleue, Protaetia (ou Eupotosia) mirifica). Seuls deux autres sites sont actuellement connus en Europe de l'Ouest pour cette espèce de coléoptère sapro-xylophage et le site du Bois de Païolive est le plus important, d'où la nécessité de conserver de vieux chênes et des îlots de forêt vieillie. 

Au-delà de la chênaie, les Gras s'étendent vers le nord en un paysage de garrigues à Genêt scorpion, matorrals à Genévrier et pelouses sèches à orchidées, parsemées de dolines et lapiaz.

Les gorges du Chassezac présentent des falaises exceptionnelles où les escaladeurs semblent avoir remplacé durablement les oiseaux rupestres (disparition récente du Grand-duc d'Europe et même du Faucon crécerelle !). 

Les nombreuses grottes renferment une faune cavernicole très riche, et notamment plusieurs espèces de chauves-souris, qui trouvent aussi refuge dans les falaises. Sept espèces de chiroptères d'intérêt communautaire ont été notées sur ce site.

Le Castor est relativement abondant, malgré la régression des ripisylves à Saule et peuplier, et de ce fait provoque parfois des dégâts sur les vergers voisins.

La population de Loutres est très vulnérable, mais semble en expansion sur le bassin versant de la rivière Ardèche. La Cistude d'Europe est très rare.

Six espèces de poisson d'intérêt communautaire ont été recensées sur le secteur.

La Genette est relativement abondante, mais semble en régression (du fait probablement de braconnage par piégeage).

La flore est exceptionnelle, avec plusieurs espèces rares ou menacées et protégées, notamment dans les milieux rupestres (ex : Hormatophylla macrocarpa ou Ptilotrichum macrocarpum, Corbeille d'argent à gros fruits, crucifère localement abondante mais dont les populations sont très isolées les unes des autres ; Bombycilaena erecta, crucifère rupicole protégée en Rhône-Alpes), clairières et lisières (stations de Viola jordanii, espèce figurant sur la liste rouge nationale et protégée en Rhône-Alpes), ruisseaux et mares temporaires (Sisymbrella aspera, qui bénéficie également d'une protection régionale).

D'autres types de milieux viennent contribuer à la richesse de ce site comme les dalles calcaires et groupements pionniers de l'Alysso-sedion, les pelouses sèches (mesobromion avec stations à orchidées remarquables), les ruisseaux et mares temporaires, les lônes et ripisylves du Chassezac…

Le Chassezac est une rivière méditerranéenne permanente, qui alimente un ensemble d'écosystèmes humides : grèves, plages plus ou moins végétalisées, formations herbacées riveraines, forêt alluviale (ripisylve). Ces milieux aquatiques, et particulièrement la lône de Saint-Alban, sont riches d'une faune très diversifiée : amphibiens, poissons (dont l'Apron du Rhône), Castor, Loutre, Cistude…

Vulnérabilité

Aujourd'hui les principaux enjeux de conservation des habitats et des espèces d'intérêt communautaire sont liés au maintien d'un pastoralisme extensif, encore menacé, mais aussi à la maîtrise de la consommation d'eau. Le tourisme, première activité économique de la région, exerce aussi des pressions sur l'environnement naturel, activité qu'il convient de canaliser.

Les milieux ouverts ou semi-ouverts (pelouses, garrigues, matorrals) des Gras, autrefois cultivés et pâturés, sont en partie laissés en friche et se referment par développement de la strate ligneuse (Buis, Prunelliers, ronces, Genêts scorpions…), au détriment de la strate herbacée la plus riche du point de vue floristique.
Le soutien d'un pastoralisme très extensif est indispensable au maintien de certains milieux comme les pelouses sèches. 

Sur le long terme, les milieux boisés arrivent à recoloniser la garrigue, mais paradoxalement les vieux chênes sont également menacés de coupes intempestives, sans aucune justification économique (conflits locaux et craintes d'une réglementation découlant de Natura 2000).

Les falaises et grottes subissent les impacts généralisés d'une fréquentation très importante par les pratiquants d'escalade et de spéléologie, au détriment des oiseaux notamment (ce qui explique que ce site ne soit pas proposé comme ZPS), mais aussi des chauves-souris.

La flore rupestre, également exceptionnelle, est elle-aussi vulnérable à ces activités de plein air exercées sur l'ensemble du site et toute l'année.

Le piégeage non sélectif d'insectes par des collectionneurs peu scrupuleux, notamment pour capturer la Cétoine bleue (Protaetia mirifica), se fait malheureusement au détriment de nombreuses autres espèces d'insectes.

La régulation artificielle du régime hydraulique supprime presque toutes les crues et réduit le phénomène d'étiage estival.