Site de la directive "Habitats, faune, flore"
Base de référence : Juillet 2024.
Mise à jour annuelle de la liste SIC - publication au JO UE : 02/02/2024 (à partir de la base : décembre 2022)
Type : B (pSIC/SIC/ZSC)
Code du site : FR8201668
Compilation : 31/12/1995
Mise à jour : 12/06/2020
Appelation du site : Marais des Agusas, montagnes de la Serre et d'Uzègues
Dates de désignation / classement :
Classes d'habitats | Couverture |
---|---|
Agriculture (en général) | 27% |
Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana | 19% |
Pelouses sèches, Steppes | 19% |
Forêts (en général) | 14% |
Forêts sempervirentes non résineuses | 14% |
Autres terres (incluant les Zones urbanisées et industrielles, Routes, Décharges, Mines) | 3% |
Forêts caducifoliées | 1% |
Forêts de résineux | 1% |
Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées | 1% |
Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) | 0% |
Marais (vegetation de ceinture), Bas-marais, Tourbières, | 0% |
Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente | 0% |
Le site Natura 2000 FR8201668 Marais des Agusas, montagnes de la Serre et d’Uzège est inclus dans l’entité biogéographique du Bas-Vivarais, ceinturée par le Sillon rhodanien à l’est, les Cévennes siliceuses à l’ouest et les vastes plaines languedociennes au sud. Cette partie du département de l’Ardèche est caractérisée par un climat méditerranéen atténué et par le facteur structurant de sa géologie. Les calcaires du secondaire (Jurassique et Crétacé) en constituent le type dominant mais non exclusif. Au regard de la forte hétérogénéité du site, on distingue 3 unités paysagères : - la plaine de Barjac, territoire marqué par un niveau d’anthropisation conséquent, en lien avec l’importance des terres agricoles (céréales et vignes) et l’implantation des principaux bourgs, mais traversé par un fin réseau hydrographique dont les écocomplexes occupent une place significative ; - les gorges de l'Ardèche et le plateau des Gras, entité paysagère plus homogène au premier abord mais qui affiche une multitude de micro-visages avec la chênaie pour patron commun ; - Païolive et sa périphérie, entité dominée par de vastes étendues de chênaie caducifoliée, installée sur un important système karstique du Jurassique, illustré par le synclinal de Saint-André-de-Cruzières et le réseau souterrain de la Cocalière.
LA PLAINE DE BARJAC : L’alternance de parcelles en friches avec les zones cultivées ménage localement l’expression d’une flore messicole remarquable. Cette entité est également traversée par un fin réseau hydrographique dont les écocomplexes occupent une place significative : ils correspondent principalement aux boisements rivulaires (Aulnaie glutineuse-frênaie oxyphylle méditerranéenne à Laîche pendante [EUR : 92A0] et à la végétation aquatique des cours d’eau (Herbiers des eaux courantes à Fontinale [EUR : 3260], Herbiers à callitriches, Herbiers basophile à Potamot dense, et Cressonnière collinéenne à Ache noueuse, Herbiers aquatiques des eaux stagnantes à Myriophylle en épi [EUR. :3150]. Les multiples cours d’eaux temporaires n’hébergent pas de végétation vasculaire mais des herbiers aquatiques à Characées [EUR : 3140], associés sur les bancs de graviers et les berges, à la Saulaie alluviale à Saule pourpre et Saule drapé [EUR : 3290]. Une autre originalité de la plaine de Barjac réside dans l’occurrence de nombreuses zones humides, dont la plus connue, le marais des Agusas, offre un panel singulier de cortèges floristiques à forte valeur patrimoniale : Renoncule à feuilles d’ophioglosse, Peucédan officinal, Gratiole officinale, Œnanthe à feuilles de Silaüs… L’historique de ce marais s’avère encore peu étudié mais il est certain que les influences anthropiques ont joué un rôle majeur dans sa structuration, tout d’abord par l’établissement de deux retenues (correspondant encore aux deux mares actuelles), puis par l’entretien régulier via le pâturage des vastes prairies humides avoisinantes. L’essentiel des milieux herbacés est représenté par des prairies humides de l’alliance du Bromion racemosi, communautés habituellement fauchées, atlantiques à pré-continentales, déclinée ici par une association méditerranéenne encore non décrite mais certainement hautement patrimoniale. La découverte récente (CBNMC, 2018), dans le marais des Agusas, d’une Characée parmi les plus rares d’Europe et en déclin, Tolypella intricata et la présence de taxons rares ou menacés atteste de l’originalité écologique du site. Les mares hébergent le Gazon méditerranéen des bas niveaux topographiques à Cresson rude et Véronique faux-mouron [EUR : 3170], avec au regard de leur histoire, des cortèges toutefois peu typiques. La Roselière basse collinéenne à Scirpe des marais (et son faciès à Gratiole officinale), ainsi que les typhaies prennent place dans secteurs plus profonds, à assèchement bref. La végétation colonisant les îlots de l’Oligocène y est également remarquable à plus d’un titre: Pré tourbeux calcicole à Laîche à épis distants et Molinie faux-roseau [EUR : 6420] des bas-fonds gorgés d’eau, Pelouse hygroclinophile méditerranéenne à Canche intermédiaire dans les niveaux légèrement supérieurs, Garrigue marnicole à Aphyllanthe de Montpellier et Globulaire vulgaire, en position thermophile, Garrigue marnicole à Aphyllanthe de Montpellier et Choin noirâtre sur les stations subissant des variations importantes de la réserve en eau, Ourlet à Badasse hirsute et Brachypode de Phénicie sur des substrats évolués ou en position post-culturale, Fourré mésophile à Genévrier commun et Filaire à feuilles étroites [EUR : 5210] et Chênaie pubescente mésoméditerranéenne des sols marneux à Filaire à feuilles étroites [EUR : 9340], ce dernier constituant le stade climacique de la série de végétation, mais représenté ici seulement sous forme de fragments résiduels. LES GORGES DE L’ARDÈCHE ET LE PLATEAU DES GRAS : Cette entité paysagère affiche une multitude de micro-visages avec la chênaie pour patron commun. Ces boisements transitoires entre l’étage méso-méditerranéen supérieur et supra-méditerranéen inférieur sont structurés selon un modèle habituellement bien défini. En versants sud, là où le sol est souvent peu profond, la chênaie verte calcicole à Viorne tin [EUR : 9340] domine, (massif de Serre) tandis que les chênaies pubescentes [divers groupements EUR : 9340] exploitent les expositions nord. La représentativité des deux essences dominantes évolue dans les zones de transition. Ces habitats forestiers sont interrompus par de nombreuses taches inégales de formations herbacées, telles que la Steppe à Hélianthème commun et Stipe à feuilles de jonc [EUR : 6220] sur les sols écorchés, la Garrigue à Liseron cantabrique et Thym commun sur des substrats plus profonds, la Garrigue à Argyrolobe de Zanon et Aphyllanthe de Montpellier des calcaires marneux et l’Ourlet à Phlomis lychnis et Brachypode rameux [EUR : 6220] annonçant la transition entre pelouses et fourrés. Ces différents groupements sont ponctués ça et là par la Pelouse annuelle mésoméditerranéenne oligotrophile à Luzerne de Montpellier et Micrope dressé [EUR : 6220], la Pelouse annuelle méso-méditerranéenne mésotrophile à Vulpie ciliée et Crépis fétide [EUR : 6220] des biotopes perturbés. Les rares cordons rocheux (Saint-Privas, Col de la Cize, Aiguille de Sampzon) sont colonisés par la Végétation chasmophytique du supra-méditerranéen inférieur à Centranthe de Lecoq et Alysson à gros fruits [EUR : 8210], ou exceptionnellement, à la faveur de zones thermophiles, la Végétation héliophile calcicole méditerranéenne à Phagnalon repoussant et Doradille de Pétrarque [EUR : 8210]. PAÏOLIVE ET SA PÉRIPHÉRIE : Cette entité est installée sur un important système karstique du Jurassique, illustré par le synclinal de Saint-André-de-Cruzières et le réseau souterrain de la Cocalière. Concernant la végétation, ce secteur se discerne principalement par ses vastes étendues de chênes caducifoliés. On y trouve notamment la Chênaie pubescente méso-méditerranéenne hygrocline à Géranium herbe à Robert [EUR : 9340] sur les sols très profonds, au niveau des dolines, la Chênaie pubescente-verte méso-méditerranéenne à Pistachier térébinthe [EUR : 9340], souvent moins dense et en situation thermophile. Les pics rocheux qui percent la chênaie, ou les parois des lapiazs, sont colonisés par la Végétation sciaphile à Doradille à rachis épais et Polypode austral [EUR : 8210], formation dite chasmophytique, caractéristique de ce type de milieu et représentée pour majeure partie par des espèces crassulescentes (orpins) ou des fougères, qui profitent des moindres interstices terreux pour s’y développer. La végétation herbacée est ici naturellement rare, mais avantagée historiquement par les coupes de bois et la pression de pâturage. Seuls les Ourlets à Brome dressé, ainsi que le Fourré du méso-méditerranéen supérieur à Buis et Pistachier térébinthe [EUR : 5210] sont récurrents. S’ils succèdent à la forêt suite à une pression anthropique forte, ils sont aussi les témoins d’une dynamique en cours et un retour annoncé vers les boisements originels. Mais ce qui caractérise surtout le karst, c’est son intense réseau souterrain avec les grottes et les nappes d’eau souterraines associées (habitat 8310). DANS LE DOCOB, l’évaluation des enjeux de conservation des habitats naturels permet de distinguer 3 niveaux d’enjeux : • Habitats à enjeux forts : milieux ouverts tels que les pelouses (6220*) et prairies humides (6420) et le milieu souterrain (8310) ; • Habitats à enjeux modérés : milieux aquatiques (3130, 3140, 3260, 7220*, 3290) et forestiers (92A0, 9340) ; • Habitats à enjeux faibles : milieux aquatiques peu représentatifs à l’échelle du site Natura 2000 (3170* et 3250). Ces habitats sont souvent liés à l’évolution des pratiques humaines. Leur bon état de conservation dépend des pratiques agropastorales pour les habitats 6220* et 6420 et de la gestion des activités humaines (fréquentation, pompage, intrants...) pour l’habitat 8310. L’évaluation des enjeux de conservation des espèces a permis de distinguer 4 niveaux d’enjeux : • Espèces à enjeux forts : chiroptères rares ou en régression dans le département de l’Ardèche, notamment le Rhinolophe euryale, le Petit rhinolophe et le Murin à oreilles échancrées ; • Espèces à enjeux assez forts : autres espèces de chauves-souris présentes sur le site et inscrites à l’annexe II de la directive « Habitats », Barbeau méridional, Chabot, Cétoine bleue ; • Espèces à enjeux modérés : Lézard ocellé, Pélodyte ponctué, Cordulie à corps fin ; • Espèces à enjeux faibles : espèces de chauves-souris et insectes communs sur le site Natura 2000 et non menacés.
VULNERABILITE : Le document d’objectif constate un bon état de conservation des habitats et des espèces sur l’ensemble du site. Les problématiques principales concernant le maintien des habitats à enjeu fort sont directement liées aux activités humaines et à leur évolution : gestion forestière, agricole et pastorale, fréquentation touristique, développement des infrastructures. Malgré la proximité des Gorges de l’Ardèche et du Bois de Païolive, le site Natura 2000 FR8201668 « Marais des Agusas, montagnes de la Serre et d’Uzège » est épargné par la fréquentation de masse. La randonnée, le VTT, la spéléologie y sont pratiqués de façon mesurée sans qu’il en résulte, pour l’instant, une pression excessive sur les milieux naturels. Une vigilance doit toutefois être observée sur le développement de ces activités, notamment sur la multiplication des manifestations sportives de masse. Certains espaces naturels du site sont fragilisés ou menacés par le développement ou l’évolution des activités humaines. Ainsi, la déprise agricole s’accompagne de la fermeture et de la banalisation des milieux ouverts et le développement des cultures céréalières et des vignes, s’exerce au détriment des surfaces herbagères dont l’importance, exprimée en pourcentage de la Surface Agricole Utile (SAU) est passée de 23 % à 8 % entre 1998 et 2010. S’agissant des forêts, les superficies parcourues en coupes rases, pour l’instant limitées, pourraient s’accroître du fait de la demande croissante en bois énergie. Le développement des installations de production d’énergies renouvelables (solaire, éolien) pour lesquelles le territoire offre un potentiel important, ainsi que l'urbanisation doivent être raisonnés afin de préserver la continuité écologique et la conservation des habitats et des espèces végétales et animales patrimoniales. Le développement d’espèces invasives est également une préoccupation grandissante ainsi que les conséquences du réchauffement climatique dont les effets sont visibles sur le débit des cours d’eau. Par ailleurs, l’évolution du climat accroît encore les risques d’incendies, d’origine humaine ou naturelle, auxquels les forêts et formations arbustives sont déjà très exposées.