La ZNIEFF de la Pointe Isère (type I) est incluse dans la ZNIEFF des Mangroves et vasières du Maroni à l'Iracoubo (type II). Elle est constituée d'un écosystème de vasières et de mangroves de front de mer qui forment ici une unité fonctionnelle indissociable, mais en constante évolution.
En effet, ces écosystèmes littoraux sont soumis à une forte dynamique côtière due au système de dispersion amazonien. La côte, orientée sud est - nord ouest, est longée par des courants océaniques de même direction. Ainsi, des millions de m3 de sédiments fins provenant de l'Amazone sont transportés le long des côtes par les courants. Il en résulte un système morphodynamique spécifique alternant l'accumulation de sédiments, formant des bancs de vases colonisés par la mangrove, et des phases d'érosion (cordons sableux ou mangroves en recul).
Lors des phases de sédimentions, les formations végétales se succèdent et participent aux processus de fixation de la vase. Ces dépôts vaseux sont d'abord colonisés et fixés par Laguncularia racemosa, parfois précédée et accompagnée d'une herbe formant sur la vase des taches orbiculaires qui s'accroissent rapidement jusqu'à devenir concomitantes, Spartina alterniflora (Poacée). Puis vient l'implantation d'Avicennia germinans, le Palétuvier blanc, espèce dominante des mangroves littorales. En arrière-plan de cette mangrove, des lagunes sont observables sur la Pointe Isère depuis 1970. Elles sont le résultat d'une dégénérescence sur place des Avicennia à la suite d’une modification du régime hydrique et de la salinité. Inondées à marée haute et colonisées partiellement par Chrysobalanus icaco, Eleocharis mutata, Cordia curassavica et Ruppia maritima, ces lagunes (appelées aussi marais saumâtres ou savane à Palétuviers morts) sont particulièrement favorables aux limicoles, aux ardéidés et aux anatidés tels que le canard des Bahamas (Anas bahamensis), le Canard musqué (Cairina moschata) ou au Dendrocygne à ventre noir (Dendrocygna autumnalis). Dans ces espaces aquatiques vit une fougère rare et protégée : Ceratopteris pteridoides (Pteridaceae). Ces marais sont aussi d’une grande importance biologique pour la croissance des larves de crevettes et d'autres espèces marines. Enfin, ces zones ouvertes à l'intérieur de la Pointe Isère sont le domaine de la buse à queue barrée (Buteo albonotatus), presque inféodée à la région de Mana.
La pointe Isère possède également des plages et des formations dunaires qui jouent un rôle important dans l'accueil des limicoles nord-américains durant leur hivernage ou migration : Bécasseau à croupion blanc (Calidris fuscicollis), Bécasseau semipalmé (Calidris pusilla), Petit chevalier à pattes jaunes (Tringa flavipes). Ces habitats dunaires apparaissent également comme un couloir de migration pour les passereaux nord-américains (Parulines, Tyrannidés, ...). D'un point de vue botanique ces formations littorales s'illustrent par la présence de plantes déterminantes rares ou très localisées au nord-ouest du département : Stemmadenia grandiflora (Apocynaceae), Cynometra bauhiniifolia var. bauhiniifolia (Fabaceae), Ternstroemia delicatula (Pentaphylacaceae).
Ses plages isolées sont aussi reconnues au niveau international comme des lieux de ponte parmi les plus importants au monde pour la Tortue Luth (Dermochelys coriacea), la Tortue verte (Chelonia mydas) et dans une moindre mesure la Tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea). De façon plus exceptionnelle, on recense quelques pontes de la Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) et de manière accidentelle de la Tortue caouane (Caretta caretta).
Enfin, d'un point de vue juridique, la pointe Isère fait partie des sites du conservatoire du littoral. Elle est également incluse dans la réserve naturelle de l’Amana qui assure la préservation d’un exceptionnel site de ponte de tortues marines.
Cette ZNIEFF extrêmement mobile est délimitée comme suit:
N: Au nord, elle est délimitée par la ligne de niveau des plus basses eaux.
E: A l'est, elle est délimitée par la ligne de niveau des plus basses eaux sur le front d'érosion à l'embouchure de la Mana.
S: La limite sud correspond à la limite de la mangrove en 2008.
W: La ZNIEFF s'étend jusqu'à la plage de ponte de l'Amana.