La ZNIEFF "Fleuve Approuague" de type II est une longue délimitation qui couvre l'ensemble du cours moyen de ce fleuve guyanais en bon état de conservation. Ce zonage débute en aval au niveau des îlets Tourépé pour se terminer en amont à l'embouchure de la crique Sapokaï.
Elle inclut les trois ZNIEFF de type I identifiant les zones des grands sauts d'intérêt majeur et complète la mise en valeur de l'ensemble des habitats ripicoles de ce bassin versant, riche en espèces endémiques ou déterminantes.
Les principaux habitats visés par cette ZNIEFF sont les forêts ripicoles et les forêts inondables des berges, ainsi que les sauts et leurs îlots forestiers riches en plantes épiphytes.
Les sauts rocheux et les bancs de sable ou de graviers sont les habitats les plus originaux de cette ZNIEFF.
Ils se développent une flore particulière sur ces substrats présents ponctuellement sur le linéaire fluvial et visibles uniquement à l'étiage. En effet, en plus d'une dépendance aux substrats, la phénologie de ces espèces est étroitement liée à la saisonnalité des niveaux d'eau. La phase de croissance végétative intervient en saison des pluies lorsque les plantes sont immergées, tandis que leur floraison s'effectue lorsqu'elles sont hors d'eau en saison sèche.
Ces formations végétales, et en particulier les groupements à Mourera fluviatilis (Salade Koumarou), sont une composante essentielle du paysage fluvial. Elles sont des éléments indispensables au fonctionnement de l'écosystème aquatique (frayère, alimentation des poissons).
Les îlets forestiers ont généralement une base rocheuse sur laquelle a pu se fixer argile, sable et graviers permettant une diversification de la végétation. Au sein de ces îles, on découvre une grande richesse en épiphytes en relation avec l'humidité importante et la forte luminosité : Aracées, Cyclanthacées, Bromeliacées, Orchidées. Sur les berges abruptes en amont des îles, les arbres restent bas et tortueux. On peut citer notamment Licania macrophylla, Genipa spruceana, Eschweilera pedicellata et certains Clusia. Sur le contour aval des îles, généralement en pente douce, se développe une flore dominée par des herbacées (Montrichardia linifera, Costus sp.), lianes, et arbustes immergés lors des hautes eaux, desquels émergent ponctuellement des arbres inféodés à ces milieux ripicoles (Triplaris, Cecropia latiloba).
Les berges de l'Approuague sont constituées essentiellement de forêt ripicole sur des berges hautes, voire abruptes dans les rives convexes. Les berges concaves à végétation submergée sont moins courantes. La flore ripicole forme ainsi une forêt haute, dense et diversifiée, tant en nombres d'espèces qu'en type végétal (lianes, arbustes, arbres, épiphytes). Parmi les arbustes composant la strate basse on notera une prédominance des Inga spp. et de Conceveiba guianensis, Hirtella racemosa, Matayba arborescens, Posoqueria longiflora. Chez les lianes, formant par endroit un rideau végétal imposant, Combretum cacoucia et Combretum rotundifolium sont communs tandis que la présence de Dioclea sp. et Ipomoea phillomega est plus ponctuelle. Enfin, parmi les arbres surplombant le fleuve, Eperua rubiginosa, le "Wapa rivière" aux gousses jaunes est l'espèce la plus abondante. Les arbres Eperua falcata, Genipa spruceana, Toulicia guianensis, Goupia glabra et Erisma sp. sont également communs sur le linéaire.
Sur le lit majeur de l'Approuague et de ses affluents sont présents des secteurs de forêt de flat parfois sur plusieurs centaines de mètres. Ces milieux forestiers sont alimentés en eau lors des épisodes de hautes eaux et constituent des écoulements latéraux significatifs. La flore s'y développant est donc étroitement liée au régime hydrique du fleuve.
On y observe classiquement Lecytis persistens, Pterocarpus officinalis, Euterpe oleracea, mais aussi des espèces moins communes comme l'arbre Qualea mori-boomii (Vochysiaceae) ou le palmier Syagrus inajai. Les sous-bois de ces milieux sont généralement riches en herbacées comme Rapatea paludosa, Raddia guianensis, Piresia goeldii, Urospatha sagittifolia et en palmiers du genre Geonoma. Les épiphytes (Philodendron pedatum, Aechmea egleriana, Vriesea splendens) sont aussi fréquentes du fait de l'humidité ambiante. C'est également dans ces bas-fonds marécageux qu'a été observé un petit palmier cespiteux de sous-bois, endémique de Guyane et protégé, Bactris nancibaensis.
Peu d'inventaires botaniques ont été réalisés le long de ce vaste linéaire. Toutefois une vingtaine de plantes déterminantes remarquables sont connues de cette longue portion de l'Approuague : Anthurium moonenii (Araceae), Preslianthus pittieri (Capparaceae), Satyria cerander (Ericaceae), Swartzia aptera (Fabaceae), Lecythis pneumatophora (Lecythidaceae), Clidemia epiphytica (Melastomataceae), Coussapoa leprieurii (Urticaceae), Miconia sarmentosa (Melastomataceae), Myrcia tomentosa (Myrtaceae), Cyrtopodium andersonii (Orchidaceae), Coccoloba gymnorrhachis (Polygonaceae), Patima guianensis (Rubiaceae), Micropholis longipedicellata (Sapotaceae).
Au niveau de la faune, les principaux intérêts résident sur les vertébrés aquatiques. En effet ce secteur de l'Approuague (notamment les sauts et les bancs de sable) présente des habitats de prédilection pour deux espèces particulièrement rares et protégées en Guyane : la Loutre géante (Pteronura brasiliensis) et la Tortue podocnémide (Podocnemis cayennensis).
Le secteur est également riche au niveau ichtyologique avec la présence de poissons rares ou endémiques de cette région : Guianacara geayi, Geophagus camopiensis, Cyphocharax spilurus, Ageneiosus ucayalensis, Moenkhausia inrai, Moenkhausia aff. grandisquamis, Hemiodus aff. unimaculatus, Bryconops aff. caudomaculatus, Thayeria ifati.
Les oiseaux demeurent peu connus sur ce secteur mais deux espèces déterminantes rares en Guyane sont manifestement bien implantées sur cette ZNIEFF : Engoulevent trifide (Hydropsalis climacocerca) et Batara de Cayenne (Sakesphorus melanothorax). Ce linéaire est également favorable aux hérons inféodés aux larges rivières rocheuses comme le Héron coiffé (Pilherodius pileatus) ou l'Onoré fascié (Tigrisoma fasciatum) extrêmement rare en Guyane et connu des sauts de l'Arataïe.
Enfin, des groupes d'Hoazins huppés (Opisthocomus hoatzin) sont encore présents le long de ce vaste linéaire, principalement à la faveur de secteurs présentant de grandes clairières, hors des ZNIEFF rocheuses de type I. La sauvegarde de cette population et donc de leurs habitats est nécessaire au bon maintien de cette espèce rare et protégée, qui, hormis son bastion des secteurs ripicoles et marécageux du nord-est, tend à disparaître complètement de l'intérieur du territoire.
Les menaces pesant sur cette ZNIEFF concernent essentiellement la chasse, ainsi que la pollution des eaux liée aux activités d'orpaillage clandestin.
Plusieurs projets de turbines électriques au fil de l'eau sont également à l'étude.
La ZNIEFF englobe l'ensemble du lit majeur, ainsi qu'une zone tampon de 200m, du fleuve Approuague sur la portion allant des Ilets Tourépé (point A) à l'embouchure de la crique Sapokaï (point B).
Le zonage s'élargit sur la portion comprise entre le saut Petit Mathias et l'Ilet Victor: Au sud du lit majeur, le méandre compris entre ce saut et cet ilet est inclut dans le zonage (la limite emprunte un talweg passant par le point C).
Le zonage englobe également les fonds de vallées de la crique Mathias et celle de la crique sans nom (embouchure au point D) en suivant les contours de la courbe des 50m.
Coordonnées des points mentionnés (WGS 84 UTM 22 nord):
A (363474m; 468511m) - B (310562m; 391044m) - C(347821m; 462811m) - D (347699m; 464197m)