La ZNIEFF des Savanes de Mamaribo, Roches Blanches et Flèche (type I), s'étend le long et au nord de la RN1 entre le village Bellevue d'Iracoubo et le fleuve Organabo. Elle constitue ainsi un ensemble de savanes les plus occidentales de Guyane (Roches Blanches, Flèche, Petit et Grand Macoua, Balalou, Organabo), séparées entre elles par une formation forestière dense et basse, typique de la plaine littorale. Ces savanes se trouvent sur d'anciens sols marins consolidés et en grande partie recouverts de sédiments sableux fins datant du Pléistocène. Ces sols sont le plus souvent exondés. L'origine des savanes n'est probablement pas entièrement naturelle. Elle est due à un ensemble de facteurs liés entre eux, d'ordre climatique (saison sèche plus marquée sur la bande côtière), paléoclimatique (témoin des époques plus froides et plus sèches du Pléistocène et de l'Holocène durant lesquelles la Guyane était en partie recouverte de savanes), édaphique (sols peu favorables à une couverture forestière) et anthropique (localisation des communautés amérindiennes d'autrefois et de la population actuelle sur la bande côtière ; maintien de la physionomie des savanes par les feux saisonniers).
Ces savanes sur sol sablo-argileux présentent ainsi divers faciès allant des savanes hautes arbustives (savane Macoua) aux savanes basses herbacées et marécageuses. Elles présentent globalement de grandes étendues d’herbes en touradons de 10 à 30 cm de haut laissant entre eux des plages de sol nu, à l'exception des tapis épars d'une petite plante carnivore, Drosera capillaris. Dans ces savanes herbacées, la flore est dominée par des Cypéracées et des Poacées, auxquelles se mêlent principalement des Burmanniacées, Astéracées, Gentianacées, Mélastomatacées, Polygalacées et Lentibulariacées. Ponctuellement, la physionomie est marquée par quelques arbustes nains qui se sont particulièrement bien adaptés aux feux, et émergent du tapis herbacé notamment à proximité des lisières avec les fourrés sclérophylles et la forêt de la plaine côtière. Il s'agit particulièrement de deux espèces de Malpighiacée : Byrsonima verbascifolia (" z'oreil d'âne "), sous-arbrisseau nain (nanophanérophyte) de 30 à 60 cm, aux grandes feuilles duveteuses caractéristiques, et de Byrsonima crassifolia. Certaines dépressions humides (mares temporaires) de la savane Macoua abritent des populations d’Isoetes sp. (ptéridophytes protégés). Sur la savane Roches Blanches, ce cortège floristique compte plusieurs espèces protégées dont les Orchidées Galeandra stylomisantha, Habenaria schwackei, Habenaria spathulifera et Habenaria leprieurii en pieds isolés, les fougères Actinostachys pennula et Schizaea incurvata, et des pieds de l'arbuste Cissus duarteana. Sur la savane Grand Macoua, certaines espèces protégées citées précédemment sont également présentes ponctuellement sur la partie de savane basse. De plus, une belle population de la Verbénacée protégée Stachytarpheta angustifolia se développe sur les zones plus inondées (espèce aussi inventoriée de manière pus ponctuelle sur les savanes Flèche et Organabo). De par la variation topographique, le faciès de savane basse peut, généralement au pied de l'ancien cordon dunaire (chenier), laisser la place à un faciès de savane inondée voire marécageuse. Sur ces zones, le cortège est constitué d'herbes plus hautes telles que Heliconia psitaccorum, Thalia geniculata, Canna glauca, Hydrolea spinosa, Byttneria scabra...
Des affleurements rocheux sont inclus dans cette ZNIEFF, notamment dans la savane Flèche.
Le chenier, délimitant ces savanes au nord, est constitué d'espèces plus classiques. On y retrouve abondamment le palmier Awara, (Astrocaryum vulgare) en compagnie d'Inga spp, de Hymenaea courbaril et de Licania amapaensis. Couroupita guianensis, l'arbre à boulets de canon, est présent de manière isolée. En arrière plan du chenier et jusqu'à la mangrove littorale, des marais saumâtres, appelés pripri de Mamaribo et pripri Roche, s'étendent sur de grandes superficies. Constitués essentiellement de moucou-moucou (Montrichardia arborescens), ils comportent néanmoins des trous d'eau ouverts pouvant offrir des conditions favorables à certaines espèces remarquables aquatiques, comme les utriculaires.
Autour de ces étendues d'herbacées d'eau saumâtre, mais aussi des criques et mares temporaires sous couvert forestier, se développent des formations quasi monospécifiques de palmier-bâche (Mauritia flexuosa). Ces milieux d'arrière mangrove sont peu connus, mais ils abritent de belles populations nicheuses d'ara macavouanne (Ara manilata) et d'anabate des palmiers (Berlepschia rickeri) que l'on retrouve également dans les bosquets au sein des savanes. Ces dernières sont aussi le refuge d'une avifaune typique et bien diversifiée dont notamment les deux espèces les plus rares de Guyane : le tyranneau barbu (Polystictus pectoralis) et le pipit jaunâtre (Anthus flavescens). Dans les secteurs les plus humides, on note la présence du butor mirasol (Botaurus pinnatus).
Enfin, la savane Grand Macoua est reconnue pour son intérêt herpétologique en constituant une des rares localités de la rainette Phyllomedusa hypochondrialis sur le littoral. Elle abrite un cortège de reptiles de savanes tout à fait préservé et parmi les plus diversifiés des savanes de Guyane avec notamment les lézards Kentropyx striata et Anolis auratus qui atteignent ici des densités remarquables, le serpent Phimophis guianensis ainsi que la tortue charbonnière (Chelonoidis carbonaria).
À ces intérêts botaniques et faunistiques s'ajoute un intérêt paysager certain avec la proximité de l'océan et les bosquets de palmiers-bâches épars qui rompent la monotonie de ces étendues de savanes.
La ZNIEFF est limitée de la manière suivante :
N: La limite nord correspond à la limite avec les milieux côtiers de mangroves et vasières, i.e. la limite sud de la ZNIEFF « Mangroves et vasières du Maroni à l'Iracoubo ».
W: La rive droite de l'Organabo délimite l'ouest de la ZNIEFF.
S: Au sud, d'ouest en est, la limite suit l'ancien tracé de la Nationale 1 entre le pont de l'Organabo et l'intersection avec l'actuel tracé, puis il suit la RN1 jusqu'au lieu-dit Anton. Au niveau de ce lieu-dit, la limite va englober la savane Macoua entre les points A et B. Jusqu'à l'intersection avec le chemin de Mamaribo, la limite va longer la RN1, où la ZNIEFF va englober la portion de savane au sud de la route entre les points C et D. Au lieu-dit Mamaribo, la limite emprunte l'ancien tracé de la RN1 jusqu'à sa dernière intersection avec le nouveau tracé, environ 350m avant la crique Morpio. 150m après la crique Morpio (point E), la limite contourne une zone dégradée pour longer à nouveau la RN1 jusqu'au lieu-dit Mopio où la limite englobe les savanes inondables Eloge et Mathieu jusqu'à la piste de Rococoua. Au 2e virage (point F), la limite rejoint la savane Bellevue, l'englobe et rejoint la RN1 au Pont Léon. En excluant le lieu-dit Bellevue, la limite longe la RN1 en incluant la savane située au sud (entre les points G et H) jusqu'à la crique Sedan.
E: La zone est limitée par la rive gauche de la crique Sedan.
Coordonnées de points mentionnés (WG84, UTM 22 nord):
A (230935m; 613079m) - B (232188m; 612690m) - C (2379660m; 610455m) - D (238500m; 610181m) - E (245562m; 607390m) - F (247675m; 605134m) - G (249529m; 606291m) - H (250008m; 606621m)