ZNIEFF 210000741
MARAIS TOURBEUX ET BOIS DE GUE-D'HOSSUS

(n° regional: 01650001)

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Cette ZNIEFF englobe le marais tourbeux de Gué d'Hossus auquel est venue s'ajouter toute l'aulnaie à sphaignes qui se développe à partir des ruisselets naissant dans les bois du Grand Marais et alimentant le ruisseau du Grand Pré. Cette zone, qui présente de magnifiques populations d'osmonde royale (protégée en Champagne-Ardenne) et de prêle des bois, ne faisait pas partie auparavant du périmètre originel de la ZNIEFF. Ici et là, la végétation forestière tend vers la boulaie à polytric avec des touradons couverts de canneberge ; les sommières, très larges, présentent régulièrement des faciès à landes tourbeuses (proches de l'Ericion tetralicis, inscrit sur la liste rouge des Habitats de Champagne-Ardenne, très rare et très menacé dans toute la région) où prospèrent la bruyère à quatre angles, le carvi verticillé, la linaigrette à feuilles étroites, l'orchis tacheté ; plus localement, dans la moliniaie de ces larges layons, on peut rencontrer la laîche lisse et la gentiane pneumonanthe. La limite nord de la zone correspond à la frontière franco-belge marquée par le ruisseau des Censes, c'est à ce niveau que se situe le marais de Gué d'Hossus (au voisinage immédiat du confluent des ruisseaux des Censes et du Grand Pré drainant le massif boisé du Grand Marais) qui est constitué par une tourbière à sphaignes (association relevant du Sphagnion magellanici, inscrit sur la liste rouge régionale des Habitats) avec la drosère à feuilles rondes (protection régionale), violette des marais, canneberge, des mares à trèfle d'eau, des stades initiaux à rhynchospore blanc et laîche à bec, une végétation amphibie à potamot à feuilles de renouée (dans les bauges et les fossés).

Ainsi, les conditions écologiques particulières de ce type milieu (sol acide, climat froid et humide) ont permis à certaines espèces végétales rares et/ou inscrites sur la liste rouge régionale de subsister (onze espèces avec le lycopode en massue qui n'a malheureusement plus été revu depuis une quinzaine d'années) : certaines ont une répartition boréale (drosère à feuilles rondes, prêle des bois, linaigrette engainante, le rarissime orchis des sphaignes qui trouve vers Rocroi (et vers les Hauts Buttés) ses seules stations de toute la France et qui fait partie des espèces prioritaires de la liste rouge française, la rhynchosporie blanche qui possède ici sa seule localité de Champagne-Ardenne) ou atlantique (carvi verticillé, wahlenbergie à feuilles de lierre, bruyère à quatre angles), plusieurs étant en limite d'aire de répartition ou en aire disjointe.

L'entomofaune est bien diversifiée et possède neuf espèces rares inscrites sur la liste rouge des Lépidoptères (nacré de la sanguisorbe, petit collier argenté et mélitée des digitales), des Odonates (grande aeschne, aeschne des joncs, cordulégastre annelé, cordulie arctique, orthétrum bleuissant, sympétrum noir) et des Orthoptères (decticelle). Les reptiles sont bien représentés par le lézard vivipare et la vipère péliade, partiellement protégée en France depuis 1993, en régression, inscrite à l'annexe III de la convention de Berne, dans le livre rouge de la faune menacée en France et sur la liste rouge des reptiles de Champagne-Ardenne. Les batraciens fréquentent les mares (crapaud, salamandre, tritons et grenouilles divers). Parmi les 133 espèces d'oiseaux recensées sur le site certaines présentent un intérêt particulier et font partie de la liste rouge des oiseaux de Champagne-Ardenne, notamment la gélinotte des bois (rare en France aujourd'hui et en limite d'aire), la bécasse des bois, l'engoulevent d'Europe, la chouette de Tengmalm et le tétras lyre qui sont des espèces en voie de disparition aujourd'hui, etc. L'abondance des arbres morts explique la fréquence des pics : pic mar, pic noir, pic épeiche et pic épeichette. Le caractère sauvage du site attirent également de nombreux mammifères, comme par exemple le chat sauvage, le putois, la martre, la musaraigne aquatique, l'hermine, le renard et les sangliers.

Longtemps menacé par la recolonisation forestière, le bas-marais est aujourd'hui sauvegardé et entretenu grâce à l'ONF. Initialement celui-ci était constitué par trois petits bas-marais intraforestiers à sphaignes, reliés entre eux par les landes envahies par les bouleaux et les pins sylvestres issus des plantations voisines. L'ONF a procédé depuis trois ans a la réouverture de ces landes. Parallèlement des fascines ont été installées sur le ruisseau du Grand Pré afin de remonter la nappe phréatique et limiter la recolonisation forestière. Les mares ont été réouvertes favorisant l'extension des groupements pionniers à Rhynchospora alba et le développement de l'entomofaune associée. Dans la moliniaies certains secteurs ont été étrépés, avec une recolonistation massive des zones les plus humides par Juncus bufonius, Carex demissa et plus localement Juncus squarrosus, et des parties les plus sèches par Calluna vulgaris. La ZNIEFF a été proposée dans le cadre de la directive Habitats (rièzes du plateau de Rocroi), elle fait aussi partie du site ZICO CA 01 (plateau ardennais) de la directive Oiseaux et de la grande ZNIEFF de type II des rièzes de Rocroi-Régniowez.

Comments on the delimitation

Les limites correspondent en partie aux sommières forestières délimitant les secteurs majeurs, et pour la partie nord à la frontière franco-belge.