ZNIEFF 210014775
PRAIRIES, BRAS MORTS ET COURS DE L'AISNE ENTRE GIVRY ET THUGNY-TRUGNY

(n° regional: 01660004)

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La ZNIEFF des prairies, bras morts et cours de l'Aisne, depuis Givry jusqu'au sud de Resson (en passant par les finages d'Amagne, Ambly-Fleury, Seuil, Coucy et Thugny-Trugny) recense un des milieux remarquables de la vallée. La ZNIEFF initiale, créée 1984, a été profondément remaniée et très fortement agrandie en 2000. Elle est éclatée en quatre parties proches et possède une végétation variée et bien caractéristique des grandes plaines alluviales : un peu moins de la moitié de la zone porte des prairies de fauche et/ou pacagées plus ou moins hygrophiles, le reste du territoire comprend des bois et taillis alluviaux (le quart de la superficie de la ZNIEFF) et les groupements marécageux ou aquatiques de la rivière et de ses noues. Des cultures (blé, maïs) et quelques plantations de peupliers s'y remarquent également. Elle fait partie de la grande ZNIEFF de type II de la vallée de l'Aisne entre Autry et Avaux, ainsi que de la ZICO CA 08 de la directive Oiseaux.

La gamme des groupements prairiaux est très étendue en fonction de la nature du sol, de l'inondation ou du traitement (fauche, pâture ou traitement mixte) : les prairies de fauche relèvent de l'Arrhenatherion elatioris (dans les zones peu ou pas inondées) ou du Bromion racemosi (dans les secteurs plus humides). Elles sont riches en graminées (houlque laineuse, pâturin trivial, fléole des prés, avoine élevée, orge faux-seigle, agrostis blanc étant les plus communes) et en légumineuses (lotier corniculé, trèfle rampant, trèfle des prés, gesse des prés, vesce à épis, etc.). On y rencontre également la potentille rampante, le plantain lancéolé, la cardamine des prés, le salsifis des prés, l'oseille sauvage, la renoncule rampante... Dans les zones plus humides, elles sont souvent alternativement fauchées et pâturées : la flore est riche en espèces hygrophiles telles que le brome en grappes, le silaüs des prés, le jonc diffus, le séneçon aquatique, l'achillée sternutatoire, la menthe pouliot (rare dans les Ardennes), la laîche hérissée, l'oenanthe fistuleuse, le léontodon d'automne, le colchique, etc. On peut y observer la stellaire des marais, inscrite sur la liste rouge des végétaux de Champagne-Ardenne. Sur le finage d'Amagne (Fond Grujin) se rencontre une variante oligotrophe de la prairie humide : cette prairie pacagée montre de petites dépressions humides avec l'ophioglosse (fougère inscrite sur la liste rouge régionale), la primevère officinale, la laîche glauque, la bugrane épineuse, l'oenanthe fistuleuse, la listère ovale, le gaillet vrai, la laîche des renards, le brome en grappes, la fétuque roseau...

Localement, sur la commune de Seuil (entre les Sarts et les Sartis), la prairie calcicole fauchée présente une variante relevant du Mesobromion (à brome dressé, petite sanguisorbe, sauge des prés, chardon roulant, bugrane rampante, brunelle vulgaire, gaillet boréal, renoncule bulbeuse, luzerne lupuline, léontodon changeant, ail des vignes, etc.).

Certaines prairies sont aujourd'hui fertilisées et/ou pâturées par les bovins : les graminées sont alors dominées par la crételle, la houlque laineuse, la trisète dorée et l'ivraie vivace. Elles sont accompagnées par le trèfle rampant, le trèfle fraise, la renoncule rampante, la potentille des oies, le plantain à larges feuilles, la patience crépue, le cirse des champs, la menthe aquatique, la pâquerette, etc.

Les milieux marécageux sont plus localisés et constitués surtout par des roselières (phalaridaies, phragmitaies, typhaies et glycéraies à rubanier rameux, gaillet des marais, scirpe maritime, épiaire des marais, prêle des eaux, oenanthe aquatique...), ainsi que par des mégaphorbiaies (à reine des prés, lysimaque vulgaire, salicaire, pigamon jaune, épiaire des marais, guimauve officinale, lycope d'Europe, liseron des haies, etc.), des cariçaies à grandes laîches (laîche distique, laîche aigüe, laîche des rives, laîche vésiculeuse, laîche des renards, laîche faux-souchet...) et des cariçaies à petites laîches (laîche en ampoules). On peut aussi y observer la stellaire des marais et la germandrée des marais, protégée en Champagne-Ardenne.

Le réseau hydrographique est constitué par la rivière de l'Aisne et par de petits ruisseaux aux eaux eutrophes ; une mare (à Resson) et des noues (bras morts) s'y rencontrent également. La végétation aquatique est représentée par des communautés à lentilles d'eau (petite lentille d'eau, lentille à trois lobes, lentille minuscule, lentille à plusieurs racines), des radeaux à utriculaire vulgaire (inscrit sur la liste rouge régionale) et utriculaire citrine, des groupements du Nymphaeion albae (à nénuphar jaune, petit nénuphar, cératophylle épineux, sagittaire flèche d'eau) et du Potamogetonion pusilli (avec le potamot à feuilles flottantes, inscrit sur la liste rouge régionale, le potamot à feuilles pectinées, le potamot à feuilles luisantes, le potamot à feuilles crépues, le potamot à feuilles perfoliées, l'élodée du Canada, l'élodée à feuilles étroites, etc). On peut y observer une espèce protégée au niveau régional, l'aloès d'eau (dix pieds y ont été trouvés en 1994, non revus en 2000, espèce en compétition ici avec les lentilles d'eau qui recouvrent aujourd'hui plus de 95% de la surface de l'eau, développement dû à une eutrophisation liée aux cultures de maïs environnantes). Le long des fossés et des noues (anciens méandres de l'Aisne), au bord de la mare de Resson et au niveau des vases et graviers exondés de la rivière se rencontrent des groupements amphibies à bident tripartit, menthe pouliot, cresson des champs, jonc fleuri, oenanthe aquatique, plantain d'eau lancéolé, sagittaire flèche d'eau, renouée amphibie, patience des eaux, menthe aquatique, myosotis des marais...

La rivière est bordée par une ripisylve qui peut s'étoffer localement pour former une aulnaie-frênaie à grandes herbes : on trouve dans la strate arborescente le frêne, l'aulne glutineux, l'orme lisse (inscrit sur la liste rouge régionale), l'orme champêtre et le saule blanc. Dans la strate herbacée se remarquent l'angélique sylvestre, la reine des prés, l'iris faux-acore, le gaillet des marais, la lysimaque nummulaire, la grande consoude, le liseron, l'épilobe hirsute, l'ortie dioïque, etc.

Les libellules sont bien représentées, avec six espèces rares inscrites sur la liste rouge des Odonates de Champagne-Ardenne : le gomphe vulgaire, l'agrion gracieux, le leste sauvage, l'aeshne printanière, la cordulie métallique et la grande aeshne. Ils sont accompagnés par des espèces plus communes, notamment la libellule déprimée, la cordulie bronzée, l'orthétrum reticulé, le sympétrum rouge sang, l'anax empereur, l'aeshne bleue pour les libellules, l'agrion élégant, l'agrion à larges pattes, l'agrion jouvencelle, l'agrion aux longs cercoïdes, l'agrion au corps de feu, la naïade aux yeux rouges, la naïade au corps vert, le caloptéryx éclatant et le leste verdoyant pour les demoiselles. Certains papillons s'y rencontrent également, comme par exemple le machaon, l'azuré commun, la piéride du navet, la petite tortue, le Robert-le-diable, le fadet commun et le cuivré de la verge d'or, ce dernier étant inscrit sur la liste rouge régionale des Lépidoptères.

Les prairies de fauche accueillent de nombreux oiseaux : douze sont inscrits sur la liste rouge des oiseaux nicheurs menacés de Champagne-Ardenne, dont une espèce exceptionnelle, le râle des genêts, protégé en France, inscrit à l'annexe II de la convention de Ramsar (en tant qu'espèce menacée à l'échelle mondiale), à l'annexe I de la directive Oiseaux, à l'annexe II de la convention de Berne, sur la liste rouge des espèces d'oiseaux menacés au niveau international, dans le livre rouge de la faune menacée en France (dans la catégorie "vulnérable") et sur la liste rouge régionale. Les autres espèces nicheuses de la liste rouge régionale sont la marouette ponctuée, le courlis cendré, la rousserolle verderolle, le traquet tarier, le vanneau huppé et le pipit farlouse (dans les milieux marécageux ou prairiaux), le petit gravelot et l'hirondelle des rivages (rives du cours d'eau et des noues), le faucon hobereau qui fréquente les grandes vallées herbagères, la pie-grièche à tête rousse (nicheur très occasionnel) et la pie-grièche écorcheur (milieux broussailleux). Le râle des genêts et la marouette ponctuée paient un lourd tribut lors des fauches précoces, mais certaines prairies ont bénéficié en 1995 de la mise en place des OGAF Environnement.

Ils sont accompagnés par les bergeronnettes grise et printanière, le tarier pâtre, la locustelle tachetée, l'accenteur mouchet, la grive litorne, ainsi que par des espèces plus forestières (pipit des arbres, troglodyte mignon, sitelle torchepot, grive musicienne, geai des chênes, loriot d'Europe, fauvettes diverses), ainsi que par la rousserole effarvatte et le bruant des roseaux (nichent dans les roselières). La zone est régulièrement survolée par les rapaces qui y chassent et qui y ont installé leur nid (buse, milan noir, épervier d'Europe, hibou moyen-duc...). Le balbuzard pêcheur vient pêcher dans la rivière aux périodes de migration. En effet, de nombreux oiseaux migrateurs ou de passage fréquentent le site (tadorne de Belon, grand gravelot, pluvier doré, bécasseau combattant, chevalier aboyeur, chevalier culblanc, chevalier sylvain, chevalier guignette, grive mauvis...). Le cours d'eau et les milieux quatiques accueillent le canard colvert, la poule d'eau, le grèbe castagneux, le martin pêcheur (nicheurs certains), la sarcelle d'été et la sarcelle d'hiver (halte migratoire).

Le pélodyte ponctué est également bien représenté : totalement protégé en France depuis 1993, ce petit crapaud est également inscrit à l'annexe III de la convention de Berne, dans le livre rouge de la faune menacée en France (catégorie "vulnérable") et sur la liste rouge régionale. On peut aussi y rencontrer le triton alpestre, la grenouille rousse, la grenouille verte, la couleuvre à collier...

La ZNIEFF est en bon état, mais les prairies sont menacées par le drainage, la mise en culture, la conversion en pâturage (pour les prairies de fauche) ou une intensification du pâturage (pour les prairies déjà pacagées), les boisements par les plantations (notamment peupliers).

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Les limites de la ZNIEFF suivent les contours naturels des milieux alluviaux les plus intéressants, aussi bien du point de vue faunistique que floristique, de la vallée de l'Aisne.