ZNIEFF 220004994
MARAIS DE LA VALLÉE DE LA SOMME ENTRE CROUY-SAINT-PIERRE ET PONT-RÉMY

(n° regional: 80VDS103)

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DESCRIPTION

Ce tronçon appartient à la grande vallée tourbeuse alcaline de la Somme, unique en Europe. L'éventail des habitats aquatiques, amphibies et hygrophiles à mésohygrophiles y est particulièrement développé. L'ensemble de la vallée joue un rôle de corridor fluviatile. Sur le plan géomorphologique, la Somme présente, ici, un exemple typique de large vallée tourbeuse en "U" à faible pente.

Sur une grande partie du site, et plus particulièrement entre Hangest-sur-Somme et Fontaine-sur-Somme, le paysage comprend un ensemble d’étangs de grande superficie, résultant de l’exploitation de matériaux alluvionnaires. Ces étangs sont entourés de végétations arbustives ou arborescentes, de plantations de peupliers, de mégaphorbiaies, ainsi que de quelques fragments de prairies, de bas-marais et de roselières.

La partie ouest du site (entre Fontaine-sur-Somme et Pont-Rémy) est davantage vouée à une activité agricole : des prairies de fauche relictuelles, mais néanmoins remarquables, et des prairies mésophiles pâturées occupent le territoire. Des petits étangs, à usage de loisirs, ainsi que des boisements humides et des peupleraies sont également présents.

Les marais présentent une grande variété d'habitats aquatiques et amphibies :

- herbiers à Characées des Charetalia hispidae ;

- herbiers flottants du Lemnion gibbae ;

- herbiers flottants du Riccio fluitantis-Lemnion trisulcae ;

- herbiers flottants de l'Hydrocharition morsus-ranae ;

- divers herbiers submergés (à Potamogeton pectinatus, ...) ;

- herbiers à Nénuphars du Nymphaeion albae (Myriophyllo verticillati-Nupharetum luteae) ;

- herbiers submergés du Potamion pectinati (Potamo berchtoldii-Najadetum marinae, Potametum colorati, ...) ;

- herbiers du Ranunculion aquatilis (Hottonietum palustris...) ;

- herbiers du Ranunculion fluitantis (Groupement à Sagittaria sagittifolia) ;

- banquettes amphibies du Glycerio-Sparganion.

Les végétations terrestres comprennent :

- les mégaphorbiaies turficoles du Thalictro flavi-Filipendulion ulmariae ;

- les roselières atterries du Solano dulcamarae-Phragmitetum ;

- les mégaphorbiaies eutrophes du Calystegion sepium ;

- les cariçaies rivulaires du Caricetum elatae, du Caricetum ripario-acutiformis, du Caricetum paniculatae et du Caricetum pseudocyperi ;

- les bas-marais tourbeux alcalins relictuels de l'Hydrocotylo-Schoenion ;

- les végétations pionnières des rives tourbeuses du Cyperion flavescenti-fusci (Cyperetum flavescenti) ;

- les prés de fauche subhygrophiles du Colchico autumnalis-Arrhenatherion elatioris ;

- les prés de fauche mésophiles du Centaureo jaceae-Arrhenatherion elatioris ;

- les prairies hygrophiles du Mentho aquaticae-Juncion inflexi (Pulicario dysentericae-Juncetum inflexi) ;

- les prairies mésophiles du Lolio-Cynosurion ;

- les saulaies fangeuses du Salicion cinerae et les aulnaies de l'Alnion glutinosae.

INTERET DES MILIEUX

La plupart des habitats possèdent un intérêt exceptionnel pour la Picardie et accueillent de très nombreuses espèces remarquables, de la flore comme de la faune.

En particulier, certains habitats offrent un grand intérêt et relèvent ainsi de la directive "Habitats" de l'Union Européenne : le Myriophyllo verticillati-Nupharetum luteae, le Potamo berchtoldii-Najadetum marinae, l'Hydrocharitetum morsus-ranae, l'Hottonietum palustris, l'Hippuridetum vulgaris, le Potametum colorati et les herbiers à Characées.

Par ailleurs, les groupements végétaux des prairies de fauche mésophiles à mésohygrophiles oligotrophes sont de très grande valeur et exceptionnels pour le département de la Somme.

Les formations de grands hélophytes permettent la reproduction d’oiseaux d’eau remarquables.

INTERET DES ESPECES

Flore :

Un très grand nombre d'espèces remarquables s'observent sur le site, parmi lesquelles :

- la Renoncule langue (Ranunculus lingua*), rare en France ;

- le Potamot coloré (Potamogeton coloratus*), typique des gouilles tourbeuses aux eaux alcalines ;

- la Stellaire des marais (Stellaria palustris*), rare et vulnérable en Picardie ;

- le Dactylorhize incarnat (Dactylorhiza incarnata*), rare et vulnérable en Picardie ;

- la Thélyptéride des marais (Thelypteris palustris), assez rare en Picardie ;

- le Pigamon jaune (Thalictrum flavum), qui se développe dans les mégaphorbiaies ;

- la Pesse commune (Hippuris vulgaris), l’Hottonie des marais (Hottonia palustris), le Myriophylle verticillé (Myriophyllym verticillatum), la Naïade commune (Najas marina), la Groenlandie dense (Groenlandia densa), le Bident penché (Bidens cernua) et le Potamot luisant (Potamogeton lucens), espèces aquatiques ou amphibies, toutes rares en Picardie ;

- l’Orchis militaire (Orchis militaris) et le Rhinanthe à grandes fleurs (Rhinanthus angustifolius), observés dans les prés de fauche ;

- la Laîche jaune (Carex flava), espèce exceptionnelle en Picardie et la Laîche à fruits écailleux (Carex lepidocarpa), rare en Picardie, sont notées au niveau des bas-marais tourbeux.

Deux autres espèces protégées étaient connues sur le site mais ne semblent pas avoir été revues récemment : la Dryoptéride à crêtes (Dryopteris cristata*), très rare en Picardie, et le Faux-nénuphar pelté (Nymphoides peltata*).

Faune :

Faune également exceptionnelle avec, notamment :

- le Blongios nain (Ixobrychus minutus), en danger en Europe et inscrit à la directive "Oiseaux" ;

- la Rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus), inscrite sur la liste rouge des oiseaux nicheurs de Picardie ;

- le Canard souchet (Anas clypeata), nicheur rare en Picardie ;

- la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), la Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides) et la Gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), passereaux paludicoles remarquables ;

- le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), nicheur particulièrement rare à l’intérieur des terres ;

- le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), rapace inscrit à la directive "Oiseaux" ;

- l’Agrion scitulum (Coenagrion scitulum), odonate rare en Picardie ;

- l’Agrion délicat (Ceriagrion tenellum), typique des milieux tourbeux ;

- l’Orthétrum brun (Orthetrum brunneum), espèce très rare en Picardie ;

- la Truite de mer (Salmo trutta trutta).

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

- Les marais se caractérisent par un vieillissement généralisé, avec une accélération de la dynamique arbustive et préforestière (boisement des roselières, accroissement des mégaphorbiaies, ...). Les espèces remarquables, inféodées aux milieux ouverts, en subissent les conséquences.

- Ces phénomènes de fermeture peuvent être accélérés, soit par l'intervention humaine (plantations de peupliers), soit par la non-intervention (abandon des pratiques d'entretien des milieux ouverts, telles que l'exploitation de la tourbe et la fauche des roseaux).

- Globalement, les marais marquent une tendance à l'assèchement, qui s'explique par la réalisation de fossés drainants, par une gestion non optimale des niveaux d'eau de la Somme, ainsi que par les plantations de peupliers ...

- La qualité des eaux se détériore, processus conduisant à une régression des espèces aquatiques inféodées aux eaux oligotrophes.

- Les étangs ont tendance à s'envaser. Ce phénomène est, en partie, provoqué par les limons des plateaux entraînés dans le cours d'eau par les pluies.

- Une dégradation notable de la végétation des prairies de fauche résulte de l'utilisation d'engrais et de produits phytosanitaires

- Le développement des Habitations Légères de Loisirs (HLL) entraîne des altérations paysagères et écologiques des marais.

- Les opérations de curage des étangs sont souvent réalisées aux dépens des milieux palustres rivulaires (dépôts des boues de curage sur les berges...).

N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Comments on the delimitation

La zone englobe les marais de la vallée de la Somme entre Crouy-Saint-Pierre et Pont-Rémy. Ces marais abritent de nombreux groupements végétaux, espèces végétales et animales remarquables. La limite est du site est marquée par une plus grande artificialisation des milieux avec notamment la présence de cultures. La limite ouest, au niveau de Pont-Rémy, se caractérise par la présence de secteurs urbanisés, de jardins et de prairies de moindre intérêt écologique.