ZNIEFF 220005016
MARAIS DU CROTOY

(n° regional: 80LIT107)

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DESCRIPTION

D’une superficie d’environ 200 hectares, le marais du Crotoy comprend deux grands types de milieux : des milieux dunaires, dans la partie ouest, et des prairies humides à paratourbeuses, dans la partie est. De nombreuses mares, à vocation cynégétique, ont été creusées dans le marais. La proximité de la mer permet le développement de végétations subhalophiles, s’exprimant au sein de groupements végétaux aquatiques, amphibies et prairiaux. Une peupleraie a été plantée dans la partie nord-est du marais.

Parmi les milieux dunaires, différents groupements végétaux représentatifs de la xérosère (dunes sèches) et de l’hygrosère (pannes humides) sont présents :

- ammophilaie des avant-dunes et des dunes meubles à semi-fixées, de l’Ammophilion arenariae ;

- végétation vivace des dunes embryonnaires et vives, de l’Honckenyo latifoliae-Leymion arenariae ;

- fragments de pelouses dunaires rases riches en cryptogames et thérophytes vernales, du Phleo arenarii-Tortuletum ruraliformis ;

- friche dunaire mésophile à Onagre et à Cynoglosse officinale ;

- fourré dunaire nitrophile à Sureau noir et à Argousier, du Sambuco nigrae-Hippophaetum rhamnoidis ;

- fourré dunaire à Troène et à Argousier, du Ligustro vulgare-Hippophaetum rhamnoidis ;

- végétation amphibie rase et ouverte de bas-niveau, du Samolo valerandii-Littorelletum uniflorae ;

- bas-marais dunaire inondable à Laîche à trois nervures, du Drepanoclado adunci-Caricetum trinervis ;

- prairie dunaire hygrophile à Jonc à tépales obtus et à Calamagrostis commun ,du Calamagrostio-Juncetum subnodulosi.

Pour ce qui est des prairies humides à paratourbeuses et des mares, on observe :

- divers herbiers du Potamion pectinati ;

- herbiers à Myriophyllum alterniflorum* ;

- groupement amphibie de l’Hydrocotylo-Baldellion ;

- pré subhygrophile du Pulicario dysentericae-Juncetum subnodulosi (variante et type paratourbeux) ;

- pré inondé de l’Eleocharo-Oenanthetum fistulosae (variante et type paratourbeux) ;

- pré tourbeux de l’Hydrocotylo-Juncetum subnodulosi ;

- tourbière basse du Cirsio dissecti-Schoenetum nigricantis ;

- groupement subhalophile du Junco-Blysmetum compressi.

INTERET DES MILIEUX

La très grande diversité de situations (substrats sablonneux à tourbeux, topographie variée) permet l’expression de nombreux groupements végétaux, qui sont, pour la grande majorité, remarquables pour la Picardie et même menacés au niveau européen. Parmi les milieux de plus grand intérêt, citons les groupements végétaux des pannes dunaires et de la xérosère, les végétations tourbeuses (Cirsio-Schoenetum, Hydrocotylo-Juncetum) et les végétations amphibies (Hydrocotylo-Baldellion, Samolo-Littorelletum).

Le marais permet, par ailleurs, la nidification de plusieurs oiseaux remarquables, et, de manière plus globale, joue un rôle complémentaire à ceux de la baie de Somme et du parc ornithologique du Marquenterre.

INTERET DES ESPECES

Flore :

De nombreuses espèces remarquables se répartissent dans les différents milieux représentés sur le site.

Ainsi, les dunes accueillent :

- la Laîche trinervée (Carex trinervis*), typique des pannes ;

- la Parnassie des marais (Parnassia palustris*), vulnérable en Picardie ;

- la Germandrée des marais (Teucrium scordium*), rare en Picardie ;

- l’Epipactis des marais (Epipactis palustris), espèce en régression en Picardie ;

- l’Anthrisque des dunes (Anthriscus caucalis), dans les dunes sèches ;

- le Corynéphore blanchâtre (Corynephorus canescens), typique des dunes décalcifiées ;

- la Silène conique (Silene conica), rare en Picardie.

Dans les bas-marais tourbeux s’observent :

- le Mouron délicat (Anagallis tenella*), rare en Picardie ;

- la Linaigrette à larges feuilles (Eriophorum latifolium*), espèce gravement menacée d’extinction en Picardie ;

- la Scorsonère humble (Scorzonera humilis), espèce en régression ;

- le Choin noirâtre (Schoenus nigricans), très rare en Picardie ;

- la Laîche blonde (Carex hostiana), également très rare.

La flore aquatique et amphibie comprend :

- le Myriophylle à fleurs alternes (Myriophyllum alterniflorum*), qui ne subsiste pour toute la Picardie qu’en plaine maritime picarde ;

- le Potamot graminée (Potamogeton gramineus*), exceptionnel en Picardie ;

- la Littorelle des étangs (Littorella uniflora*), protégée au niveau national ;

- l’Ache rampante (Apium repens*), inscrite à l’annexe II de la directive "Habitats" de l’Union Européenne ;

- l’Ache inondée (Apium inundatum), espèce très rare en Picardie ;

- la Baldellie fausse-renoncule (Baldellia ranunculoides).

Les prairies humides permettent le développement de :

- l’Ophioglosse commune (Ophioglossum vulgatum*), vulnérable en Picardie ;

- le Dactylorhize incarnat (Dactylorhiza incarnata*), rare en Picardie ;

- le Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa*), typique des prairies non amendées ;

- la Véronique à écussons (Veronica scutellata*), rare en Picardie

La certaine halophilie du site explique la présence des espèces suivantes :

- le Troscart maritime (Triglochin maritimum), exceptionnel en Picardie ;

- le Jonc de Gérard (Juncus gerardii), observé classiquement dans les prés salés ;

- le Lotier à feuilles ténues (Lotus corniculatus subsp. tenuis), sous-espèce subhalophile du Lotier corniculé ;

- le Blysmus comprimé (Blysmus compressus), en danger en Picardie.

Faune :

Concernant l’avifaune, de nombreux oiseaux remarquables se reproduisent sur le site, parmi lesquels :

- le Vanneau huppé (Vanellus vanellus), nicheur en régression en Picardie, régulier sur le site ;

- l’Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus), très rare en Picardie ;

- l’Echasse blanche (Himantopus himantopus), occasionnelle sur le site ;

- la Mouette mélanocéphale (Larus melanocephalus), nicheuse récente sur le site (en compagnie de la colonie de Mouettes rieuses) ;

- le Canard souchet (Anas clypeata) et la Sarcelle d’été (Anas querquedula), respectivement rare et très rare en Picardie, profitent des années humides pour nicher ;

- le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), qui exploite les dunes pour installer son nid ;

- le Râle d’eau (Rallus aquaticus), assez rare en Picardie ;

- le Cygne tuberculé (Cygnus olor), omniprésent sur le site.

Par ailleurs, ce site est utilisé comme halte migratoire, lors de la migration prénuptiale, par de nombreux canards (Canards pilets et souchets, Sarcelles d’hiver et d’été), limicoles (Combattants variés, Barges à queue noire, Bécassines des marais...) et guifettes. Il est également exploité comme site de nourrissage par des ardéidés qui nichent à proximité, dans le parc ornithologique du Marquenterre : Aigrette garzette, Héron garde-boeuf, Cigogne blanche.

Enfin, la faune des milieux aquatiques est bien représentée avec, notamment, parmi les batraciens, la Rainette verte (Hyla arborea), vulnérable au niveau national et parmi les odonates ; l’Agrion scitulum (Coenagrion scitulum), rare en Picardie et le Sympétrum de Fonscolombe (Sympetrum fonscolombii), exceptionnel en Picardie.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

- La présence d’un camping, au sud du marais, diminue l’intérêt paysager du site.

- La peupleraie, située au nord-est du marais, contribue à l’assèchement du marais et à la banalisation de la flore.

- Les pratiques agricoles ont évolué dans ce marais : pâturage bovin, puis abandon, puis pâturage équin, puis de nouveau abandon, puis encore pâturage équin, jusqu’à aujourd’hui. Pendant la première période d’abandon, le Butor étoilé, espèce inscrite à la directive "Oiseaux", nichait sur le site, du fait de la présence d’une grande roselière. Avec la remise en place d’un pâturage, la roselière a quasiment disparu, ainsi que le Butor étoilé, et on observe désormais une avifaune nicheuse, typique des prairies humides. Ainsi, les choix de gestion conditionnent le type d’avifaune nicheuse.

- Au nord du marais, une décharge sauvage ainsi qu’un ancien entrepôt d’explosifs dénaturent la végétation originelle.

- Certains élevages de canards, trop importants, génèrent une eutrophisation des mares, qui entraîne une régression des espèces végétales oligotrophes.

- Depuis quelques années, des aménagements sont réalisés afin de remettre en eau le marais de manière plus pérenne, ce qui est favorable aux oiseaux d'eau et aux végétations aquatiques et amphibies.

- La pression de chasse importante limite le stationnement des oiseaux durant la période de pratique de cette activité.

N.B. : les espèces végétales dont le nom latin est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Comments on the delimitation

Le site correspond au marais communal du Crotoy qui comprend des milieux dunaires et des prairies humides ponctuées de mares à vocation cynégétique. Il est limité au nord par les prairies et cultures du "Champ Neuf", au sud par la ville du Crotoy, à l'est par les gravières de Saint-Firmin et à l'ouest par l'estuaire de la Somme. Le site présente un intérêt communautaire pour les groupements végétaux, la flore et la faune qu'il héberge.