ZNIEFF 220005034
LANDES DE VERSIGNY

(n° régional : 02LAN101)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

La zone se compose principalement de la réserve naturelle des landes de Versigny. Au sud, les landes, les fourrés et le « Bois de Saint-Lambert », en étroites connexions écologique et fonctionnelle, y sont intégrés, de même que les pâtures et fourrés, au nord.

Le site est localisé sur une butte résiduelle de sables thanétiens, au pied de la cuesta nord d’Ile de France, séparée du reste du Laonnois par la vallée du ru de Saint-Lambert. Modelé au sein de sables remaniés et d’alluvions modernes, le site, formant une cuvette, se comporte à la manière d’un impluvium recueillant les eaux d’origine météorique.

La nature-même du substrat, composé de sables filtrants sur les buttes et de sables tourbeux, plus ou moins enrichis en argiles, au centre de la cuvette, est à l’origine d’une grande diversité de milieux acides. Les habitats les plus intéressants, du point de vue patrimonial, sont issus d’une exploitation anthropique de cet espace jusque dans les années 1960. L’étrépage et la vaine pâture étaient pratiqués sur le site communal.

Les groupements végétaux héliophiles acidophiles principaux, du plus sec au plus humide, sont les suivants :

- pelouses sèches oligotrophes à thérophytes de l’Airion caryophylleo-praecocis ;

- landes sèches du Genisto pilosae-Callunetum vulgaris, couvrant encore de belles superficies ;

- pelouse mésotrophe du Violion caninae à Laîche des sables (Carex arenaria) et Oeillet couché (Dianthus deltoides) ;

- groupement régressif monospécifique à Fougère grand-aigle (Pteridium aquilinum), résultant d’incendies anciens ;

- pelouse oligotrophe mésohygrophile, du Juncion squarrosi à Nard raide (Nardus stricta*) ;

- lande humide oligotrophe, du Calluno vulgaris-Ericetum tetralicis, au centre de la cuvette ;

- groupement régressif des landes humides à Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia*) et Lycopode des sols inondés (Lycopodiella inundata*) ;

- la prairie à Molinie bleue (Molinia caerulea) et Jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus), du Junco acutiflori-Molinietum caeruleae, sur substrat tourbeux ;

- la prairie à Molinie bleue et Cirse anglais (Cirsium dissectum), du Cirsio dissecti-Molinietum caeruleae, sur substrat tourbeux inondé ;

- la pelouse inondée à Scirpe à plusieurs tiges (Eleocharis multicaulis) et Agrostide des chiens (Agrostis canina) de l’Eleocharo-Agrostietum (Juncion acutiflori).

D’autres groupements, de layons et d’ornières, peuvent être cités : il s’agit principalement du groupement du Radiolion linoidis, du Scirpo setacei-Stellarietum uliginosae, de l'ourlet à Aigremoine odorante (Agrimonia procera) et Succise des près (Succisa pratensis) (Melampyro-Holcetea mollis) ou, encore, du Carici demissae-Agrostietum caninae (Juncion acutiflori).

Les groupements forestiers principaux sont constitués par :

- la bétulaie tourbeuse à sphaignes (Sphagno palustris-Betuletum pubescentis) ;

- la bétulaie fraîche à Molinie (Betulo pubescentis-Molinetum) ;

- la chênaie-bétulaie du Querco-Fagetum, très fragmentaire sur le site ;

- la chênaie-bétulaie, les bois de Tremble, la chênaie-charmaie, tous du Lonicero-Carpinenion, relativement jeunes et aux cortèges perturbés.

Les drains et la mare centrale de la réserve, appelée localement "Mare à Zouzou", abritent des groupements originaux acides oligotrophes du Scirpetum fluitantis (Hydrocotylo-Baldellion) et des groupements de marges vaseuses à Véronique en écus (Veronica scutellata*).

Dans le sud de la réserve, l’influence de la nappe alcaline est nette et c’est une prairie à Sélin à feuilles de Carvi (Selinum carvifolia), du Colchico-Arrhenatherenion, qui apparaît. Celle-ci devient eutrophe et laisse la place à une mosaïque de mégaphorbiaies des Urtico-Calystegietea et des phramitaies eutrophes.

Au sud, le « Bois de Saint-Lambert » présente des groupements fragmentaires de lande à Bruyère à quatre angles (Erica tetralix*), des boisements du Lonicero-Carpinenion et des fourrés du Sarothamnion. Ce bois est en étroite connexion hydrologique, fonctionnelle et complémentaire avec la réserve naturelle.

Au nord, les pâtures oligotrophes de la « Ferme Neuve » présentent des groupements de l’Airion caryophylleo-praecocis et des fourrés remarquables pour l'avifaune. Ces pâtures constituent également une part non négligeable de l’impluvium acide des landes de Versigny.

INTERET DES MILIEUX

Complexe d’habitats oligotrophes acides exceptionnel pour le nord de la France, qui a justifié la mise en place d’une réserve naturelle. Parmi ceux-ci, sont inscrits à la directive « Habitats » de l'Union Européenne :

- la lande sèche du Genisto pilosae-Callunetum vulgaris ;

- la lande humide oligotrophe du Calluno vulgaris-Ericetum tetralicis, de caractère subatlantique-précontinental, exceptionnelle pour le nord de la France ;

- le groupement régressif des landes humides à Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia*) et Lycopode des sols inondés (Lycopodiella inundata*) ;

- l’herbier flottant à Scirpe flottant (Scirpus fluitans*), du Scirpetum fluitantis (Hydrocotylo-Baldellion), exceptionnel en Picardie ;

- les groupements de layons du Scirpo setacei-Stellarietum uliginosae (Nanocyperion flavescentis) et ceux du Radiolion linoidis ;

- le groupement prairial du Colchico-Arrhenatherenion).

Autres habitats d’un grand intérêt patrimonial pour la Picardie :

- la pelouse à Oeillet couché (Dianthus deltoides), en voie de disparition dans la région ;

- la pelouse du Juncion squarrosi à Nard raide (Nardus stricta*), exceptionnelle ;

- la prairie du Junco acutiflori-Molinietum caeruleae, en voie de disparition dans la région ;

- la pelouse de l’Eleocharo-Agrostietum (Juncion acutiflori), exceptionnelle ;

- la bétulaie tourbeuse à sphaignes (Sphagno palustris-Betuletum pubescentis).

INTERET DES ESPECES

Intérêt botanique indéniable avec la présence de dix espèces protégées :

- la Laîche blanchâtre (Carex canescens*) ;

- la Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia*) ;

- la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix*) ;

- le Genêt poilu (Genista pilosa*), dont il ne reste qu’un pied sur le site ;

- le Jonc squarreux (Juncus squarrosus*), très abondant dans la réserve ;

- le Nard raide (Nardus stricta*) ;

- le Potamot à feuilles de Renouée (Potamogeton polygonifolius*) ;

- le Scirpe flottant (Scirpus fluittans*) ;

- la Véronique à écus (Veronica scutellata*) ;

- la Violette des chiens (Viola canina*) ;

- l'Armérie des sables (Armeria arenaria*).

Deux espèces protégées, citées en 1991, n’ont pas été revues récemment. Il s’agit du Lycopode des sols inondés et de la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum polystachion*).

Cortège de plantes menacées en Picardie dont :

- l’Oeillet couché (Dianthus deltoides),

- le Cirse anglais (Cirsium dissectum),

- la Pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica),

- le Polygale à feuilles de Serpolet (Polygala serpyllifolia).

Cortège de plantes non revues depuis 1975, parmi lesquelles le Genêt anglais (Genista anglica*), la Laîche puce (Carex pulicaris*)...

Cortège bryophytique remarquable :

- Nardia geoscyphus, dont c'est la seule station connue en Picardie ;

- Dicranum spurium, exceptionnel en Picardie ;

- Polytrichum strictum, pour lequel il s'agit de l'une des trois stations connues en Picardie ;

- Sphagnum compactum, espèce océanique exceptionnelle dans la région...

Cortège faunistique de grand intérêt avec :

- le Sympétrum noir (Sympetrum danae), libellule très rare en Picardie ;

- l’Hespérie du Brome (Carterocephalus palaemon), papillon diurne vivant sur la Molinie, en régression dans la région ;

- la Bécasse des bois (Scolopax rusticola), en régression dans la région ;

- l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), rare en Picardie ;

- la Rainette verte (Hyla arborea), vulnérable en France ;

- la Vipère péliade (Vipera berus), rare en Picardie ;

- la Dolomède (Dolomedes fimbriatus), araignée inféodée aux landes humides, très rare en Picardie...

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Zone classée, en partie, en réserve naturelle et gérée par le Conservatoire des Sites Naturels de Picardie, sous contrôle du Comité consultatif et de l’état, assurant la pérennité des milieux et des espèces présentes.

Problème d’assèchement et de minéralisation des horizons tourbeux, du fait du boisement spontané, du drainage et des récents épisodes de sécheresse.

Restauration en cours des conditions hydrauliques adéquates, avec le maintien et la restauration des habitats tourbeux.

Dynamique végétale active, entraînant le boisement spontané et menaçant les landes et les prairies.

Présence d’une clôture haute entre le domaine de Saint-Lambert et la réserve naturelle, limitant les échanges faunistiques, et donc floristiques, entre les deux espaces.

N. B. : les espèces végétales dont le nom est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Commentaires sur la délimitation

Les contours de la zone englobent la réserve naturelle des Landes de Versigny, le bois de Saint-Lambert et les pâtures et fourrés alentour. Les zones de cultures ne sont pas dans le périmètre.