ZNIEFF 220005064
MASSIF FORESTIER D'HALATTE

(n° regional: 60VAL102)

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DESCRIPTION

Le massif forestier d’Halatte s’étend en rive gauche de l’Oise, sur la bordure septentrionale du plateau du Valois.

Ce dernier est sous-tendu par la plate-forme du calcaire lutétien, que surplombent plusieurs buttes résiduelles (Monts pagnotte, Alta, de Saint Christophe...). Ces buttes constituent autant d'îlots de diversité à la fois géomorphologique et biologique.

La structure géologique de la forêt reprend, en effet, l’essentiel des affleurements tertiaires du sud de l’Oise. On note, du haut des buttes au bas des versants de la vallée de l’Oise :

- les meulières de Montmorency, au sommet ;

- les sables de Fontainebleau ;

- les argiles vertes sannoisiennes et les marnes ludiennes ;

- le calcaire marinésien de Saint-Ouen ;

- les sables et les grès de fleurines ;

- l’argile de Villeneuve-sur-Verberie ;

- les sables d’Auvers, qui recouvrent la majorité des affleurements lutétiens sur le plateau ;

- les calcaires lutétiens ;

- les sables cuisiens ;

- les argiles sparnaciennes, qui n’affleurent que sur le pourtour nord du massif, sur les versants de la vallée de l’Oise.

Les chênaies-charmaies-hêtraies acidoclines atlantiques (du Lonicero-Carpinenion, pour une bonne part) dominent les peuplements, traités en majorité en futaies.

Les assises de marnes et d’argiles constituent autant de planchers de nappes, dont les sources sont disposées en auréoles le long des buttes résiduelles. Elles alimentent des petits cours d’eau (ru de Verneuil-en-Halatte) ou, tout au moins, des mares et des micro-zones humides (suintements à Grande Prêle de l’Equiseto telmateiae-Fraxinetum excelsioris, Carici remotae-Fraxinetum excelsioris). Certaines de ces sources sur substrat sableux permettent la présence d’aulnaies acides à sphaigne et à Osmonde royale.

Les affleurements de calcaire permettent la présence de végétations calcicoles, dont la hêtraie à Hordelymus europaeus, et la hêtraie thermocalcicole du Cephalanthero-Fagion (type subatlantique méridional), mêlée d’éléments de la chênaie pubescente du Quercion pubescentis.

Quelques lisières comprennent de petites pelouses (proches du Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae) et des ourlets thermophiles (Geranion sanguinei) sur calcaires et sables calcaires, entre autres au-dessus de Verneuil-en-Halatte et de Pont-Sainte-Maxence (butte du Calipet).

Sur les sables subsistent ponctuellement, en forêt de la Haute-Pommeraie notamment, des fragments de landes à Callune, avec, parfois, des systèmes de sables mobiles.

Les tempêtes de vent des années 1980-1990 ont mis à mal certains secteurs, notamment de hêtraies du nord de la forêt. Les clairières résultant des chablis sont recolonisées par des buissons pionniers (Genêts à balais, bouleaux...), des graminées sociales (Calamagrostis epigejos), et des ronces...

Quelques carrières souterraines de calcaire sont utilisées par les chauves-souris pour passer l’hiver, par exemple vers Verneuil-en-Halatte.

INTERET DES MILIEUX

Plusieurs habitats remarquables, rares et menacés en Europe, sont inscrits à la directive "Habitats" de l’Union Européenne :

- la chênaie-charmaie acidocline du Lonicero periclymeni-Fagetum petraeae (type subatlantique méridional) ;

- la chênaie-charmaie à Jacinthe du Hyacinthoido non-scriptae-Fagetum sylvaticae (type subatlantique méridional à Tilia cordata) ;

- la chênaie-hêtraie du Fago sylvaticae-Quercetum petraeae (type subatlantique méridional) ;

- la hêtraie calcicole de l’Hordelymo europaei-Fagetum sylvaticae (type subatlantique méridional) ;

- la frênaie à Laîche espacée du Carici remotae-Fraxinetum excelsioris ;

- les groupements herbacés humides nitrophiles de l’Aegopodion podagrariae et de l’Alliarion petiolatae ;

- les groupements sur sables (notamment le Crassulo tilleae-Aphanetum inexpectatae) ;

- les pelouses calcicoles du Festuco lemanii-Anthyllidetum vulnerariae ;

- les lisières calcicoles du Geranion sanguinei...

Tous ces habitats, d’intérêt européen, ainsi que les autres milieux importants à l’échelle nationale ou au niveau régional, abritent bon nombre d’espèces végétales et animales de très grande valeur patrimoniale.

Concernant l’avifaune, cet intérêt élevé a permis la reconnaissance du massif en tant que Zone d’Importance Communautaire pour les Oiseaux (ZICO), au titre de la directive "Oiseaux" de l’Union Européenne, au sein de l’ensemble écologique dit des Trois Forêts.

INTERET DES ESPECES

La flore comprend, entre autres, les taxons rares et/ou menacés suivants :

- l’exceptionnelle Osmonde royale (Osmunda regalis*) ;

- l’Ophioglosse vulgaire (Ophioglossum vulgatum*) ;

- le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum*) ;

- l’Orge des bois (Hordelymus europaeus), particulièrement rare ;

- le très rare Doronic à feuilles de plantain (Doronicum plantagineum) ;

- le Sceau de Salomon odorant (Polygonatum odoratum) et l’Iris fétide (Iris foetidissima), sur les bois clairs thermophiles ;

- la Belladone (Atropa bella-donna), dans les coupes sur calcaire ;

- la Véronique en épis (Veronica spicata) et la Filipendule à six pétales (Filipendula vulgaris), sur les sables calcaires ;

- l’Epiaire d’Allemagne (Stachys germanica) ;

- la très rare Mélique penchée (Melica nutans) ;

- la Scille à deux feuilles (Scilla bifolia) ;

- le Maïanthème à deux feuilles (Maïanthemum bifolium) ;

- la Laîche des sables (Carex arenaria) et la minuscule Mousse fleurie (Crassula tillea), sur les sables nus ;

- la Laîche maigre (Carex strigosa) et la Laîche des lièvres (Carex ovalis) ;

- le très rare Corydale solide (Corydalis solida) ;

- l’Anémone fausse renoncule (Anemone ranunculoides), dans les milieux frais ...

Les éléments faunistiques parmi les plus remarquables sont :

Pour l’avifaune nicheuse :

- le Pic mar (Dendrocopos medius),

- le Pic noir (Dryocopus martius),

- la Bondrée apivore (Pernis apivorus). Ces trois espèces sont inscrites en annexe I de la directive "Oiseaux" de l’Union Européenne.

Plusieurs espèces rares et/ou menacées à l’échelle de la Picardie ou du nord de la France sont également présentes : la Bécasse des bois (Scolopax rusticola), le Tarier pâtre (Saxicola torquata), le Gobemouche noir (Ficedula hypoleuca), le Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), le Pouillot de Bonelli (Phylloscopus bonelli)...

Le rare Grimpereau des bois (Certhia familiaris) fréquente certaines vieilles futaies.

Pour la mammalofaune :

- le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), chiroptère particulièrement menacé en Europe du nord ;

- le Grand Murin (Myotis myotis) ;

- le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus).

Ces trois espèces de chauves-souris, notées en hiver dans les carrières souterraines, sont inscrites en annexe II de la directive "Habitats" de l’Union Européenne.

La rare Martre des pins (Martes martes) est également présente.

Les populations de grands mammifères, notamment de Cerf élaphe (Cervus elaphus), sont conséquentes.

Pour la batrachofaune :

- la Grenouille agile (Rana dalmatina), assez rare en Picardie ;

- le Triton alpestre (Triturus alpestris), peu fréquent et menacé en France.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Les pelouses et lisières calcicoles ainsi que les groupements pionniers sur sables tendent à disparaître sous l’avancée des milieux sylvatiques. Des coupes circonstanciées des broussailles envahissantes seraient nécessaires, afin de conserver une héliophilie indispensable à ces groupements de grand intérêt patrimonial.

De même, il serait souhaitable d’éviter le boisement systématique des lisières et des trouées.

Egalement, les layons forestiers, souvent très riches sur les plans floristique, entomologique et batrachologique, gagneraient à être gérés en conservant les micro-topographies (ornières, dépressions...) et par le biais d’une fauche exportatrice.

Le maintien de la biodiversité à la fois ornithologique, mammalogique et entomologique passe par la présence de nombreux feuillus d’âge avancé (au moins 150 à 200 ans) ou sénescents : de nombreuses espèces cavernicoles ne subsistent aujourd'hui que dans les grandes forêts domaniales du nord de la France, à la faveur de vastes peuplements âgés de chênes et de hêtres.

La préservation de la quiétude hivernale des populations de chauves-souris dans certains sites souterrains serait souhaitable, avec la pose de fortes grilles à l’entrée, empêchant les intrusions humaines (nombreuses actuellement) mais permettant les allées et venues des chiroptères.

Enfin, la libre circulation des grands animaux entre les massifs d’Halatte et de Chantilly-Ermenonville, pose des problèmes au niveau des franchissements de la vallée de la Nonette, entre Vineuil-Saint-Firmin et Avilly-Saint-Léonard, du fait notamment de l’évolution de l’urbanisation et des poses de grillages en lisière du massif.

N.B. Les espèces dont le nom est suivi d’un astérisque sont légalement protégées.

Comments on the delimitation

Le périmètre du site intègre les milieux les plus remarquables pour les habitats, la flore et la faune.

Autant que possible, les cultures et les zones urbanisées ont été évitées, hormis un liseré étroit faisant office de zone-tampon.