ZNIEFF 220013841
VALLÉE TOURBEUSE DE L'OURCQ DE TROESNES À VARINFROY

(n° regional: 60VAL203)

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DESCRIPTION

La vallée de l'Ourcq, dans sa portion située à cheval sur les départements de l'Oise et de l'Aisne, est encaissée dans le plateau tertiaire du Valois. Sur ce tronçon, elle suit une orientation globalement nord-est / sud-ouest.

Elle est essentiellement développée sur un substrat de tourbe alcaline. Celle-ci résulte de la non décomposition des débris végétaux accumulés dans des conditions anoxiques de sols engorgés.

Cette tourbe a été exploitée en plusieurs endroits, générant la présence d'étangs plus ou moins nombreux, issus des entailles d’extraction, notamment vers Bourneville et la Queue d'Ham.

Des roselières, scirpaies, mégaphorbiaies et cladiaies frangent ces plans d’eau.

On note la présence des milieux paludicoles suivants :

- végétation aquatique comprenant avec divers groupements du Nymphaeion albae, du Lemnion gibbae et du Potamion pectinati, et des herbiers à Characées (Charetalia hispidae),

- roselières (Thelypterido-Phragmitetum notamment, et Solano-Phragmitetum sur les terrains plus atterris), cariçaies et cladiaies (Cladietum marisci),

- faciès pionniers sur tourbe de l’Anagallido tenellae-Eleocharitetum quinqueflorae, et jonchaies du Junco subnodulosi-Caricion lasiocarpae,

- mégaphorbiaies (Thalictro-Althaeaetum officinalis à Sonchus palustris),

- bas-marais du Selino carvifoliae-Juncetum subnodulosi.

Sur les derniers espaces ouverts, les fourrés de saules ont tendance à se développer et à devenir envahissants en l’absence d’entretien.

Les plantations de peupliers ont remplacé la majorité des milieux paludicoles. Les prairies humides ont ainsi disparu de la vallée de l'Ourcq. Seules subsistent quelques mégaphorbiaies ou portions de roselières éparses.

Le canal de l'Ourcq longe la rivière. Autrefois très usité pour le transport fluvial à destination de Paris, il a aujourd'hui une vocation touristique.

Le cours de l'Ourcq présente localement des tronçons relativement rapides avec des substrats sableux encore non envasés.

Vers Fulaines et La Ferté-Milon ("Les Hureaux") se trouvent d'anciennes carrières de calcaire lutétien. Abandonnées, elles ont été recolonisées par une végétation pionnière calcicole sur dalles et éboulis (Alysso-Sedion), de pelouses calcicoles (Festuco-Anthyllidetum vulnerariae), puis par des fourrés d'épineux.

Des pelouses calcaro-sableuses (Koelerio-Phleion) sur sables cuisiens et calcaires lutétiens sont présentes sur les versants raides exposés au sud de la basse vallée du Clignon, près de la confluence avec celle de l'Ourcq, au niveau de la Commanderie. Ces pelouses sont pâturées par des chevaux.

L'évolution naturelle, en l'absence de pâturage et d'entretien, tend vers le boisement spontané (hêtraies thermocalcicoles du Cephalanthero-Fagion, succèdant aux fourrés du Berberidion sur les versants chauds).

Des frênaies-acéraies à fougères du Lunario redivivae-Acerion pseudoplatani se développent en pente nord.

D'anciennes carrières souterraines existent également sur les coteaux.

INTERET DES MILIEUX

Les groupements végétaux pelousaires du Koelerio-Phleion, de l'Alysso-Sedion, du Festuco lemani-Anthyllidetum vulnerariae ainsi que les groupements paludicoles cités ci-dessus sont des milieux rares et menacés en Europe, inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

Ces habitats abritent de très nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées.

Les milieux tourbeux basiclines, et pelousaires sur sables-calcaires connaissent en effet une régression considérable dans l'ensemble de la France et de l’Europe.

Cet ensemble de milieux tourbeux terrestres et aquatiques présentant divers degrés d’ouverture, de micro-pelouses calcicoles et calcaro-sableuses, et de forêts humides est favorable à l'expression d'une biodiversité élevée, tant sur le plan phytosociologique que floristique et faunistique.

Les anciennes carrières souterraines abritent des espèces de chiroptères (chauves-souris) rares et menacées à l'échelle européenne.

INTERET DES ESPECES

Flore

De nombreuses espèces assez rares à très rares et menacées en Picardie sont présentes dans cette zone humide, notamment les suivantes :

Sur les milieux tourbeux :

- le Ményanthe trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata*),

- l'Aconit napel (Aconitum napellus subsp. lusitanicum*),

- le Potamot coloré (Potamogeton coloratus*),

- le Potamot à feuilles obtuses (Potamogeton obtusifolius),

- le Mouron délicat (Anagallis tenella*),

- l’Utriculaire vulgaire (Utricularia vulgaris*),

- la Morrène aquatique (Hydrocharis morsus-ranae),

- la Samole de Valerandus (Samolus valerandi),

- le Laiteron des marais (Sonchus palustris),

- le Pigamon jaune (Thalictrum flavum),

- la Fougère des marais (Thelypteris palustris),

- la Laîche ampoulée (Carex rostrata),

- la Laîche à fruits écailleux (Carex lepidocarpa),

- l’Hottonie des marais (Hottonia palustris)...

Le Marais des Hureaux est une relique d'une ancienne tourbière exceptionnelle, dont une bonne part de la flore a disparu depuis le milieu du siècle (Carex limosa*, Swertia perennis...).

Sur les pelouses et lisières calcicoles ou calcaro-sabulicoles :

- le Barbon pied-de-poule (Botriochloa ischaemum*),

- la Germandrée des montagnes (Teucrium montanum*),

- la Véronique de Scherrer (Veronica prostrata susbp. scherreri),

- la Koelérie grêle (Koeleria macrantha),

- l'Epipactis brun rouge (Epipactis atrorubens),

- l'Orchis militaire (Orchis militaris),

- la Néottie nid d'oiseau (Neottia nidus avis),

- l'Orobanche serpolet (Orobanche alba),

- l'Alysson calicinal (Alyssum alyssoides)...

Faune :

Avifaune remarquable :

- le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), inscrit en annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne.

Plusieurs autres espèces nicheuses rares et menacées sont présentes sur les étangs, les roselières, les marais :

- le Râle d’eau (Rallus aquaticus),

- le Faucon hobereau (Falco subbuteo),

- la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti)...

L’intérêt ornithologique des Marais de Bourneville provient également de leur attractivité en période de migration et d’hivernage : de nombreux oiseaux d’eau sont notés occasionnellement ou régulièrement selon les espèces.

L’entomofaune des marais comprend notamment :

- le Calopteryx vierge (Calopteryx virgo) et le Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii), odonates des cours d'eau bien oxygénés,

- l'Agrion mignon (Coenagrion puella),

- l'Aeschne printanière (Brachytron pratense).

Les pelouses thermophiles accueillent notamment la présence de la Petite Violette (Clossiana dia), de l'Argus bleu-azuré (Lysandra coridon) et de l'Argus bleu-céleste (Lysandra bellargus).

Herpétofaune :

- la Grenouille agile (Rana dalmatina) assez rare,

- le Lézard agile (Lacerta agilis), rare et menacé en Picardie, sur les pelouses-ourlets relictuelles qui bordent le marais de Bourneville.

Mammalofaune

Présence du Cerf élaphe (Cervus elaphus) dans les zones boisées et marécageuses, et de la Musaraigne aquatique (Neomys fodiens).

Le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) et le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) fréquentent en hiver les anciennes carrières souterraines. Ces deux espèces sont particulièrement menacées en Europe du Nord-Ouest, et de ce fait inscrites en annexe II de la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

La baisse des niveaux d’eau en été et la dégradation de leur qualité limitent l’expression des potentialités phytocoénotiques des milieux aquatiques, notamment en favorisant l’eutrophisation.

Suite à la disparition de la mise en valeur par l’élevage, les plantations et le drainage des secteurs tourbeux ont fait régresser des milieux de très grand intérêt.

La réhabilitation d’un pâturage extensif par des bovins ou équins rustiques sur des portions de marais ferait partie des mesures appropriées à la réhabilitation de certains espaces marécageux après réouverture (coupe des ligneux), là où cela peut s'avérer opportun.

L'Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope du Marais communal de Bourneville à Marolles permet de protéger un des ensembles les plus remarquables de la vallée tourbeuse de l'Ourcq. Une gestion, mise en oeuvre par le Conservatoire des Sites Naturels de Picardie, vise à limiter l'embroussaillement du marais afin de conserver sa richesse et son originalité biologique et paysagère, tout en favorisant sa découverte par le public.

La préservation et la gestion des dernières pelouses calcaro-sableuses sur les coteaux, de grande valeur, est souhaitable (limitation des boisements, entretien léger afin de contenir l’envahissement par les broussailles, voire rétablissement d'un pâturage extensif).

La pratique du pâturage équin extensif sur les pelouses de la Commanderie est favorable au maintien de la biodiversité et de la qualité paysagère.

N.B. Les espèces végétales dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

Comments on the delimitation

La ZNIEFF de type II intègre les milieux paludicoles, boisés et pelousaires les plus remarquables pour les habitats, la flore et la faune. Elle comprend notamment les ZNIEFF de type I "Marais des Hureaux", "Marais tourbeux de Bourneville et de la Queue de Ham" et "Pelouses de la Commanderie à Montigny-l'-Allier".