ZNIEFF 220014098
BOIS DES CÔTES, MONTAGNES DE VERDERONNE, DU MOULIN ET DE BERTHAUT

(n° regional: 60CLE110)

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DESCRIPTION

Le Bois des Côtes et les Montagnes de Verderonne, du Moulin et de Berthaut, sont des buttes résiduelles, séparées du plateau tertiaire par l’érosion, notamment par l'enfoncement de la Brêche.

Elles sont situées sur l’extrémité nord-est du Clermontois, au contact avec le plateau picard et en bordure des Marais de Sacy.

Leur découpage géomorphologique génère une diversité élevée de conditions microclimatiques, en fonction des expositions des versants.

L’étagement des couches géologiques présente une séquence typique du sud de l’Oise, avec, de bas en haut :

- les alluvions en fond de vallée ;

- les argiles sparnaciennes ;

- les sables cuisiens ;

- les épais calcaires lutétiens, qui structurent le plateau.

De cette variété géologique résulte la présence de sols diversifiés, augmentant encore la palette de conditions stationnelles.

- ourlets calcicoles thermophiles (Geranion sanguinei) ;

- lisières thermophiles du Berberidion et bois thermocalcicoles du Cephalanthero-Fagion (accompagnés d'éléments du Quercion pubescentis) ;

- boisements de Chênes sessiles du Quercion robori-petraeae et Lonicero-Carpinenion, sur sables des versants ou sur le plateau ;

- boisements de pente nord à Hêtre, à Frêne, à Erable, à Tilleul ;

- petits boisements frais ou humides en bas de pente (Alno-Padion pro parte) ;

- micro-prairies maigres sur sols siliceux, notamment en bordure des villages.

Quelques petits vergers, pâturés ou fauchés, parfois abandonnés à la friche, subsistent, notamment sur les versants méridionaux. Ils constituent des vestiges de l’époque, relativement récente, où l’élevage était répandu, et où les buttes du Clermontois étaient un haut lieu de l’arboriculture traditionnelle avec des vergers haute-tige, de cerisiers notamment.

INTERET DES MILIEUX

Parmi les plus remarquables, les forêts et les lisières thermocalcicoles, milieux menacés en Europe, sont inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne.

De plus en plus dégradés dans les plaines du nord-ouest de l'Europe, ces milieux abritent de nombreuses espèces végétales et animales rares et menacées.

Les coteaux les plus ensoleillés bénéficient de conditions de xéricité permettant la présence de nombreuses espèces végétales thermophiles rares et/ou menacées.

Cet ensemble de milieux forestiers, connaissant toutes les expositions (contraste entre les pentes nord et sud par exemple) sur des substrats divers et comportant des ourlets calcicoles relictuels, permet l'expression d'une biodiversité élevée pour la Picardie.

INTERET DES ESPECES

De nombreuses espèces assez rares à exceptionnelles (et menacées pour la plupart) en Picardie sont présentes.

Faune

Parmi les oiseaux remarquables figurent la Bondrée apivore (Pernis apivorus) et le Pic noir (Dryocopus martius) dans les grandes hêtraies, espèces qui sont inscrites en annexe I de la directive "Oiseaux" de l'Union Européenne.

On note également la présence du Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) et, dans de vieux vergers périphériques, de la Chouette chevêche (Athene noctua), tous deux menacés en Picardie.

Entomofaune

Les bois et les lisières abritent des lépidoptères menacés :

- le Petit Mars changeant (Apatura ilia),

- plusieurs lépidoptères nocturnes remarquables (Aedia funeste, Tyta luctuosa, Arctia villica, Xesta rhomboides, Nonagria typhae, cette dernière venue probablement du marais de Sacy adjacent).

La batrachofaune comprend la Grenouille agile (Rana dalmatina), proche ici de sa limite d’aire septentrionale.

Le Cerf élaphe (Cervus elaphus) fréquente occasionnellement ces massifs.

La flore comprend notamment :

- le Géranium sanguin (Geranium sanguineum*), le Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum)*et le Grémil bleu-rouge (Lithospermum purpuro-caeruleum*), trois espèces protégées, observées sur les lisières et les versants thermocalcicoles ;

- le Sceau de Salomon odorant (Polygonatum odoratum) ;

- l’Ail des Ours (Allium ursinum), abondant dans certains bois frais ;

- le Saxifrage granulé (Saxifraga granulata), sur les prairies sableuses ;

- l’Iris fétide (Iris foetidissima) ;

- le Chêne pubescent (Quercus pubescens), sur les lisières thermocalcicoles ;

- la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium) ;

- l’Orchis singe (Orchis simia) ;

- la Néottie nid-d'oiseau (Neottia nidus-avis) ;

- le Dompte-venin officinal (Vincetoxicum hirundinaria) ;

- l'Hellébore fétide (Helleborus foetidus) ;

- la Brunelle laciniée (Prunella laciniata) ;

- la Laîche digitée (Carex digitata), sur le calcaire des pentes nord.

FACTEURS INFLUENCANT L’EVOLUTION DE LA ZONE

Les reliques de pelouses et d’ourlets souffrent d'un manque d'entretien et évoluent vers une fermeture progressive du milieu par boisement spontané, très peu contenue par l’action des trop rares lapins et des chevreuils.

Une banalisation biologique en découle : quelques coupes circonstanciées des buissons envahissants seraient souhaitables, en dehors de la saison de reproduction.

Dans le même ordre d’idée, une fauche hivernale des bermes et des chemins herbacés est favorable au maintien de la faune et de la flore des milieux ensoleillés et chauds.

Enfin, le maintien d’un réseau de vieux arbres, sénescents ou morts (quelques-uns à l’hectare au minimum), est très favorable à la présence de populations d’insectes, de mammifères (chiroptères) et d’oiseaux cavernicoles rares et menacés.

N.B. Les espèces dont le nom est suivi d'un astérisque sont légalement protégées.

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Le périmètre de la zone comprend les milieux forestiers ainsi que les lisières et prairies adjacentes les plus intéressants pour les habitats, la flore et la faune. Les cultures et les zones urbanisées sont évitées autant que possible.