ZNIEFF 220220008
RAVINS, CÔTES ET RU DE BILLY-SUR-AISNE

(n° regional: 02SOI133)

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DESCRIPTION

La zone est constituée de deux indentations du plateau du Soissonnais, sur la rive gauche de l'Aisne, au sud du village de Billy-sur-Aisne. L'ambiance de ces deux reculées, exposées au nord, est froide et humide, induisant des influences submontagnardes sur les groupements végétaux.

La toposéquence est classique du Soissonnais. Elle s'organise comme suit :

- au sommet, le plateau limoneux est occupé par des cultures, non incluses dans la zone ;

- en haut de versant, des calcaires à Cérithes (Lutétien) sont occupés par des jachères et des fourrés de recolonisation (Prunetalia) ou, enfin par des cultures intensives ;

- la structure tabulaire, constituée de calcaires grossiers du Lutétien, est bien visible sur tout le pourtour de la côte. Des carrières, dont certaines ont été converties en champignonnières, sont présentes ponctuellement à ce niveau. Quelques pelouses calcicoles (Mesobromion) couvrent ces anciennes carrières à l'est, tandis que ,à l'ouest, la corniche accueille des ourlets thermophiles se rattachant au Coronillo-Brachypodietum. Les ourlets sont les vestiges d'anciennes pelouses calcicoles désormais embroussaillées. Le groupement forestier, succédant aux ourlets et fourrés de recolonisation, est une hêtraie calcicole à Laîche digitée (Carex digitata), plus ou moins clairsemée et de caractère submontagnard.

- le bas de versant est installé sur des coulées de solifluxion de sables cuisiens, plus ou moins enrichies de calcaires du Lutétien. En fonction de l'exposition et de la déclivité, plusieurs groupements forestiers du Carpinion betuli peuvent être différenciés :

. en exposition ouest et est, sur des pentes peu accusées, se trouve une chênaie-charmaie à sous-bois constitué d'orchidées sciaphiles ou d'espèces plus nitrophiles ;

. en exposition nord, au fond des reculées, se trouve une chênaie-charmaie fraîche.

Le fond des reculées est coupé par des ravins, où sont installées des frênaies-hêtraies à fougères, plus particulièrement au niveau des lieux-dits "les Hauts bois" et la "Montagne fendue".

Une ancienne carrière de Lutétien, reconvertie pendant un temps en mur d'escalade et, apparemment, actuellement à l'abandon, possède, à sa base, des éboulis colonisés par des fougères.

Les fonds de vallées sont installés sur des alluvions du Quaternaire, localement tourbeuses au niveau du lieu-dit "les Erables". Ces fonds très humides présentent des groupements forestiers bien structurés avec, notamment, une frênaie à Grande Prêle (Equisetum telmateia), se rattachant à l'Equiseto-Fraxinetum, dans les endroits suintants, et une aulnaie-frênaie à Laîche des marais (Carex acutiformis), se rattachant à l'Alno-Padion, sur substrat paratourbeux. Les thalwegs sont parcourus de rus, prenant leur source à la base des ravins précités. Parmi ces rus, ceux parcourant la partie est de la zone présentent des caractères propres au développement d'un peuplement salmonicole, avec, notamment, une pente élevée et une température fraîche.

INTERET DES MILIEUX

Les milieux calcicoles ouverts présentent un intérêt remarquable. Ce sont notamment :

- les pelouses calcicoles (Mesobromion), riches en orchidées et en orobanches, milieux inscrits à la directive "Habitats" de l'Union Européenne, en régression en Picardie ;

- les ourlets thermophiles du Coronillo-Brachypodietum, derniers refuges des espèces héliophiles, telles que l'Orobanche pourpre (Orobanche purpurea).

Les groupements forestiers sont très diversifiés sur la zone. Les plus intéressants sont :

- la hêtraie calcicole à Laîche digitée (Carex digitata), présente essentiellement sur le Tertiaire parisien en Picardie ;

- la chênaie-charmaie fraîche à Ornithogale des Pyrénées (Ornithogalum pyrenaicum), se rattachant au Carpinion betuli, possède un cortège typique des bois du sud de l'Aisne, ;

- la frênaie-hêtraie à fougères, située dans les ravins, est inscrite à la directive "Habitats" ;

- la frênaie à Grande Prêle (Equisetum telmateia), est également inscrite à la directive "Habitats".

Les éboulis, colonisés par la Lastrée du calcaire (Gymnocarpium robertianum), sont exceptionnels en Picardie.

Enfin, les rus de la partie est de la zone, propices au développement d'un peuplement salmonicole, sont également remarquables en Picardie.

INTERET DES ESPECES

De nombreuses plantes sont d'un grand intérêt. Parmi elles :

- la Lastrée du calcaire (Gymnocarpium robertianum), fougère exceptionnelle en Picardie ;

- l'Orobanche pourpre (Orobanche purpurea), espèce exceptionnelle en Picardie ;

- l'Orobanche sanglante (Orobanche gracilis), espèce fortement menacée en Picardie ;

- de nombreuses orchidées, dont l'Orchis singe (Orchis simia), l'Orchis mâle (Orchis mascula) et la Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia)...

La faune présente aussi une diversité intéressante :

- la Martre (Martes martes), qui est rare en Picardie ;

- le Lézard agile (Lacerta agilis), localisé en Picardie sur le Tertiaire parisien ;

- la Bécasse des bois (Scopolax rusticola), nicheur rare en Picardie.

FACTEURS INFLUENCANT L'EVOLUTION DE LA ZONE

Le dépôt de résidus de compost de champignons, sur le haut de certains ravins, est très préjudiciable à la conservation des groupements forestiers, typiques de ces ravins. De plus, ces dépôts contribuent à l'eutrophisation des cours d'eau.

La plantation de peupliers, dans les fonds de vallée, contribue à la banalisation des milieux les plus intéressants, notamment les aulnaies et les frênaies de l'Alno-Padion.

La dynamique naturelle entraîne une fermeture des milieux ouverts tels que les pelouses calcicoles.

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Le contour de la zone englobe les bois de pentes, les pelouses, les ravins, les bois de fond de vallon et les sources et rus de Billy-sur-Aisne, à l'exclusion des zones cultivées.