ZNIEFF 230000854
LE BOISEMENT DE LA VALLÉE DU COMMERCE

(n° régional : 8502)

Commentaires généraux

La vallée du Commerce entaille le plateau crayeux sur une quinzaine de kilomètres, des environs de Bolbec au Nord-Ouest, jusqu’à l’aval de Lillebonne au Sud-Est, pour s’ouvrir sur le dernier méandre de la Seine à hauteur de Port-Jérome.

Elle est parcourue par une petite rivière portant successivement deux noms : la Bolbec, puis la rivière du Commerce. Celle-ci reçoit quelques ruisseaux affluents en rive gauche dont la rivière des Aulnes. Comme toutes les vallées du plateau, ses versants sont bien festonnés par des vallons plus ou moins importants. Les plus longs s’étendent sur les rebords Nord et Est de la vallée (Vallée de la Fontaine Murée ou la Vallée, sur la commune de Lillebonne) lui conférant ainsi un profil dissymétrique. Du sommet des coteaux (110 à 120 m d’altitude) jusqu’à leur base (20 à 40 m), les pentes sont très largement boisées. Ces forêts constituent les derniers reliquats d’un vaste massif essarté dès le 12ème siècle.

Les différents biotopes (sols limono-argileux, sur argile à silex ou sur colluvions calcaires, avec des orientations et des expositions variées) et les différents traitements sylvicoles offrent un complexe intéressant d’habitats forestiers : chênaies-hêtraies à Houx, chênaies-châtaigneraies, chênaies-hêtraies à Buis, chênaies-charmaies à Jacinthe des bois, frênaies-érablaies de ravins à fougères, comportant des espèces remarquables telles la Langue de cerf (Asplenium scolopendrium), la Dryoptéride dilatée (Dryopteris dilatata), le Polystic à soies (Polystichum setiferum), le Polystic à aiguillons (Polystichum aculeatum), l'Ellébore occidental (Helleborus viridis subsp. occidentalis), ou encore la cardère velue (Dipsacus pilosus). Les chênaies acidophiles sont majoritaires ; l’enrésinement est peu important.

Localisés entre une vallée urbanisée et un plateau voué à l’agriculture intensive, ces bois de vastes dimensions constituent de réelles zones de refuge pour la faune. De nombreuses espèces animales parmi les oiseaux, les mammifères, les insectes, y vivent, s’y nourrissent et s’y reproduisent, utilisant les diverses niches présentes : litière forestière, strates racinaire, muscinale, herbacée, arbustive, arborée. Parmi les espèces sylvatiques, certaines sont même strictement inféodées aux bois. C’est particulièrement le cas d’espèces cavernicoles qui utilisent les troncs d’arbres pour se loger (les Pics ou les Noctules par exemple), d’espèces ne vivant que dans les peuplements de conifères (la Mésange noire par exemple) ou d’animaux se nourrissant d’insectes xylophages.

Outre ces fonctionnalités biologiques, ces bois ont un rôle majeur dans la préservation des sols, la protection contre l’érosion, la réduction du ruissellement et la purification de l’air.

Urbanisé depuis longtemps (villes de Bolbec, Gruchet-le-Valasse et Lillebonne, sous l’essor de l’industrie textile au 19ème siècle), le fond de la vallée a beaucoup perdu de son caractère humide. Ces zones humides (prairies hygrophiles, tourbière, étangs, sources, ruisseaux, rivière et berges), milieux potentiellement d’une extrême diversité et productivité biologiques, pouvant héberger de nombreuses espèces spécialisées parfois exceptionnelles, doivent être réhabilitées, notamment entre Gruchet-la-Valasse et Lillebonne. Outre leur fonctionnalité écologique, ces zones jouent un rôle fondamental pour le recueil et l’autoépuration des eaux, la réalimentation des cours d’eau et des nappes phréatiques, la prévention des inondations.

Trois Znieff de type I ont été définies sur cette zone ; elles couvrent des habitats forestiers de pente et de ravins comportant des espèces végétales remarquables (fougères, orchidées, Ellébore occidental). Elles n’ont pas pu faire l’objet d’inventaires faunistiques mais des espèces patrimoniales ou d’intérêt communautaire, notamment d’oiseaux et de chiroptères (cavités souterraines), sont fortement potentielles. En limite de ces bois, quelques pelouses calcicoles ou prairies mésophiles de faibles superficies mériteraient une prospection naturaliste complémentaire.

Commentaires sur la délimitation
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