A la limite des pays de Caux et de Bray, cette Znieff couvre la forêt domaniale d’Eawy (à l’exception du massif du Pimont intégré dans une autre znieff), la forêt d’Arques, la vallée de la Varenne, la partie aval de la vallée de l’Eaulne (de Bellengreville à Martin-Eglise), ainsi que la zone de confluence des rivières Varenne, Béthune et Eaulne formant l’Arques, fleuve côtier. Elle regroupe ainsi une très grande variété de milieux naturels plus ou moins anthropisés : forêts, prairies mésophiles et humides, marais, rivières avec végétations aquatiques et rivulaires, étangs, mares, haies, pelouses et fourrés calcicoles, abritant une flore et une faune riches et remarquables.
LA FORET D’EAWY :
Elle occupe une grande partie du plateau (6900 ha) localisé entre la Varenne et la Béthune, et culmine à 236 m. Les flancs de la vallée de la Varenne sont couverts jusqu’à mi-pente par les bois et sont découpés par divers vallons secs, orientés perpendiculairement à l’axe de la vallée. La pluviométrie moyenne annuelle est abondante (960 mm) avec un fort taux d'humidité de l’air, favorable au Hêtre ; privilégiée par la sylviculture, cette essence représente 80 % de la surface du couvert.
L'allée des Limousins, qui traverse le massif du Nord-Ouest au Sud-Est, fut ouverte au milieu du 16ème siècle par Gabriel de Limoges, grand Maître des Eaux et Forêts, qui détenait le droit de chasse en forêt d'Eawy. Sa longueur est de 14 km sur plus de 20 m de large. Cette grande ouverture centrale est l’une des caractéristiques du massif. Par endroit, ses talus présentent un fort intérêt écologique (qu'une znieff de type I recense).
La forêt d’Eawy est caractérisée par de grandes et vieilles futaies de hêtraies, acidiphiles à neutrophiles, développées sur les limons argileux de plateau et des formations à silex sur les pentes. Des faciès calcicoles peuvent occuper les versants là où affleure la craie. Les fonds de vallons aux colluvions argilo-limoneuses donnent des stations fraîches voire humides et neutrophiles.
Huit znieff de type I relèvent les intérêts écologiques ponctuels du massif : hêtraies acidiphiles à Houx, hêtraies neutrophiles à Jacinthe des bois, hêtraies calcicoles, coteau à Buis, accotements et lisières de l’allée des Limousins avec des espèces de fougères remarquables à affinité montagnarde : Oréoptéride des montagnes, Gymnocarpion du chêne et Phégoptéride polypode, protégées au niveau régional.
Plus de 180 mares ont été recensées ; certaines présentent un grand intérêt écologique notamment des mares oligotrophes à Sphaignes (Bois du Croc, Ventes-Saint-Rémy).
Parallèlement, l’intérêt communautaire des habitats forestiers (Endymio-Fagetum, Ilici-Fagetum, Daphno-Fagetum) a permis le classement de 688 ha du massif en site Natura 2000 (FR2302002 « Forêt d’Eawy »).
La forêt accueille une population de Cerf élaphe, ainsi que des espèces faunistiques rares et remarquables telles que : le Grand Murin, le Grand Rhinolophe, le Vespertilion de Bechstein, le Putois, la Bondrée apivore, le Pic noir, le Busard Saint-Martin, le Grand Capricorne (la forêt d'Eawy serait la seule station régionale connue pour cette espèce de coléoptère à répartition méridionale qui figure à l'annexe IV de la directive habitats). La présence de nombreuses mares induit un fort potentiel pour les amphibiens mais aucun inventaire n’a encore été réalisé. La Coronelle lisse a été observée en lisière Nord-Ouest.
Les vallées concentrent la biodiversité. De l’amont à l’aval, du fond humide où serpente la rivière au sommet des versants prairiaux ou boisés, elles forment de vastes corridors caractérisés par une grande diversité de milieux naturels. Elles abritent notamment les zones humides, milieux à fortes diversité et productivité biologiques, hébergeant de nombreuses espèces spécialisées, parfois exceptionnelles. Outre cette fonctionnalité écologique, les zones humides jouent un rôle fondamental pour le recueil et l’autoépuration des eaux, la réalimentation des cours d’eau et des nappes phréatiques, la prévention des inondations. Les flancs des coteaux et les vallons secondaires comportent des milieux prairiaux originaux, ainsi que des boisements secs à frais différents de ceux du plateau. Des haies, plus ou moins continues, prolongent les strates arborées et arbustives jusqu’au fond humide de la vallée. De nombreuses espèces végétales et animales vivent, s’abritent, se nourrissent et se reproduisent dans ces habitats de fort intérêt écologique.
LA FORET D'ARQUES ET LA CONFLUENCE :
Cette partie regroupe le massif d’Arques couvrant 1000 ha et caractérisé par des chênaies-hêtraies, les milieux prairiaux humides des basses vallées de l’Eaulne, de la Béthune et de la confluence des trois rivières, des coteaux calcaires, ainsi que des ballastières d’intérêt ornithologique.
Sept znieff de type I y ont été définies : elles recensent des hêtraies acidiphiles à Houx, des hêtraies neutrophiles à Jacinthe des bois, des hêtraies calcicoles sur les versants, des fruticées à Genévrier, des lisières mésophiles, des pelouses et fourrés calcicoles à Campanule, Chlore, Brize, diverses orchidées dont l'Epipactide brun rouge (protégée dans la région), Phalangère rameuse, Epipactide des marais, Parnassie des marais ; le Damier de la Succise (papillon protégé nationalement) et l’Ephippigère des vignes (sauterelle à répartition méridionale) ont été observés.
Les zones humides remarquables comportent des prairies hygrophiles eutrophes, ripisylve, rivière à renoncules, fossés à phragmitaie, cariçaies, jonchaies où un grand nombre d’espèces rares d’oiseaux vivent ou séjournent, qu’ils soient sédentaires, migrateurs ou hivernants : Martin pêcheur, fauvettes paludicoles (Cisticole des joncs, Locustelle tachetée, Rousserolle verderolle, Rousserolle effarvatte, Bouscarle de Cetti, Phragmite des joncs), Chevalier aboyeur, Chevalier guignette, Oie cendrée, Avocette élégante, Faucon hobereau, Busard Saint-Martin, Faucon émerillon, Chouette chevêche, et la très rare Pie-grièche grise.
Sont aussi présents des criquets des zones humides tels que le Conocéphale des roseaux, le Tétrix des vasières et le Criquet ensanglanté, ainsi que le Rat des moissons.
Les souterrains du château d’Arques-la-Bataille accueillent neuf espèces de chauves-souris dont quatre déterminantes de znieff et d’intérêt communautaire : Grand Rhinolophe, Grand Murin, Murin de Bechstein et Oreillard gris.
LA VALLEE DE LA VARENNE :
Elle entaille le plateau crayeux sur une quarantaine de kilomètres, la haute vallée suivant un axe Sud-Est / Nord-Ouest de Montérolier à Saint-Hellier, puis du Sud au Nord de Muchedent à Martigny. Les coteaux, festonnés par de nombreux vallons secs, sont bien boisés jusqu’à mi-pente ou jusqu’à leur base en secteur amont (forêt d’Eawy à l’Est, petits bois privés sur le flanc Ouest). Puis des prairies sèches ou mésophiles et des cultures occupent la base des versants. En divers sites, le fond humide a été exploité pour l’extraction des alluvions aquifères, mais en divers endroits, des prairies humides, des haies et boisements alluviaux en bordure du cours d’eau ont été préservés. La Varenne prend sa source au lieu-dit Le Fontenil, à 130 m d’altitude, sur la commune de Saint-Martin-Osmonville. Elle rejoint la Béthune à Arques-la-Bataille puis ces rivières confluent avec l’Eaulne pour former l’Arques. C’est une rivière calcaire typique alimentée par la nappe de la craie avec un débit moyen de 3,3 m3/s à l’aval ; elle est classée en première catégorie piscicole. Elle abrite des espèces d’intérêt communautaire : Saumon atlantique, Lamproie de Planer, Lamproie de rivière, Chabot ; l’Ecrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) est fortement potentielle.
La présence de ces espèces remarquables ainsi que celle des habitats d’herbiers aquatiques à renoncules et de bois alluviaux, ont permis le classement de la vallée dans le site Natura 2000 n° FR2300132 « Bassin de l’Arques ».
Quinze znieff de type I ont été définies dans cette vallée ; elles couvrent des prairies mésophiles, des pelouses et fourrés calcicoles avec notamment la Phalangère rameuse, la Gymnadénie moucheron, l'Euphorbe douce, la Parnassie des marais, l’Orchis militaire, le Séséli libanotide, l’Orchis pyramidal, le Coeloglosse vert (protégé), des cortèges de papillons typiques et rares des pelouses calcicoles (notamment la pyrale Pyrausta nigrata, la petite noctuelle Panemeria tenebrata, le Damier de la Succise, la Lucine, la Grande Tortue…), des fruticées à Genévrier, des chênaies-charmaies fraîches à Conopode dénudé et fougères, des prairies hygrophiles et mégaphorbiaies avec des cortèges de papillons remarquables, de libellules et d’orthoptères (criquets, sauterelles) variés. La cavité de Montérolier, d’intérêt écologique régionale pour les chauves-souris, de par le nombre d’espèces qu’elle abrite (au moins sept dont le Grand Murin, le Murin de Natterer, le Murin à oreilles échancrées (trois espèces rares) et le Grand Rhinolophe, (très rare), et de par ses effectifs en hivernage (170 individus), est aussi recensée en znieff de type I.