La ZNIEFF retenue reprend l'ancien périmètre en l'étendant largement vers le Sud de Saint-Vigor sur le lit majeur de l’Eure.
Cette ZNIEFF regroupe deux ensembles aux habitats différents reliés par le cours de l’Eure et ses environs immédiats.
Le premier ensemble correspond à d'anciennes gravières et leurs abords immédiats.
L'intérêt floristique est lié principalement à la végétation des plans d'eau qui présentent des berges d'un intérêt très inégal d'un endroit à l'autre.
Les secteurs de berges abruptes et boisés (en particulier les deux petits plans d'eau au Nord) laissent peu de place à la végétation herbacée caractéristique des bords d'étangs. Quelques hélophytes ont été toutefois notées dans les trouées, dont deux espèces déterminantes ZNIEFF, le Pigamon jaune (Thalictrum flavum) et la Bérule à feuilles étroites ou Petite berle (Berula erecta). Cette dernière était déjà signalée en 1985. Citons également la présence régulière de la Scutellaire toque (Scutellaria galericulata), plante assez rare également citée dés 1985.
Les berges non boisées sont un peu moins abruptes, ce qui explique le développement plus important des ceintures d'hélophytes où l'on retrouve très ponctuellement la Petite berle, une autre déterminante ZNIEFF le Gaillet des fanges (Galium uliginosum), et deux plantes assez rares : la Laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus) et la Glycérie aquatique (Glyceria maxima).
La végétation aquatique des plans d'eau est très peu développée, probablement du fait de la présence de nombreux canards, mais surtout d'un troupeau d'oies et de cygnes. C'est probablement ces derniers qui ont permis de découvrir la très rare Grande Naïade (Najas marina). Une épave de cette plante déterminante ZNIEFF a été en effet observée sur la "plage" près du "château" probablement arrachée par un cygne d'un endroit trop profond pour qu'elle soit visible de la rive où elle a été recherchée vainement.
Une plante rare et déterminante ZNIEFF, le rubanier simple (Sparganium emersum), n'a pas été revue mais sa présence reste probable.
La végétation aquatique n'est bien développée que dans l'écoulement qui part de la zone bâtie vers l'Eure. Seules des plantes communes y ont été répertoriées.
Les berges se prolongent par des prairies régulièrement entretenues par gyrobroyage ce qui explique leur faible intérêt en général malgré le caractère parfois très humide coté plan d'eau. Toutefois, quelques pieds d'une espèce caractéristique des prairies peu humides subsistent au niveau de la bordure Sud du plan d'eau communal. Il s'agit du Silaüs des prés (Silaum silaus), plante déterminante ZNIEFF. A noter que deux plantes remarquables citées en 1985 et caractéristiques des prairies mésohygrophiles à humides n'ont pas été retrouvées dans cette ZNIEFF : l'Achillée sternutatoire ou Herbe à éternuer (Achillea ptarmica) et l'Oenanthe à feuilles de silaüs (Oenanthe silaifolia), toutes deux déterminantes ZNIEFF. Il est probable que ces deux espèces se soient maintenues ponctuellement. Une autre espèce déterminante ZNIEFF, la Prêle d'ivoire (Equisetum telmateia) a été notée en plusieurs points autour des plans d'eau.
Il ne faut pas négliger l'intérêt floristique des pelouses tondues car deux petites plantes remarquables déterminantes ZNIEFF, y ont été répertoriées ponctuellement : la rare Potentille argentée (Potentilla argentea) et le Trèfle scabre (Trifolium scabrum) dont la détermination mériterait ici confirmation.
Signalons l'absence d'intérêt particulier au plan botanique pour les autres milieux prospectés : une petite roselière terrestre, des friches à rudérales et nitrophiles et les boisements.
Enfin, on peut citer la présence près d'un des vieux bâtiments de quelques pieds de Belladone (Atropa belladonna), espèce assez rare. Celle-ci est venue naturellement aux dires des propriétaires.
En ce qui concerne la faune, l'intérêt du site est surtout lié à la présence de deux espèces remarquables d'odonates :
la Naïade au corps vert (Erythromma viridulum), avec plusieurs individus sur la végétation flottante du bras mort de l'Eure orienté Ouest-Nord-Ouest / Est-Sud-Est, dont l'extrémité atteint les bâtiments du club d'équitation. Ce bras est moins profond que les bassins situés à proximité, d'où une présence d'herbiers plus importante qu'ailleurs. Ces formations végétales aux feuilles flottantes sont typiquement favorables à la naïade mais, étant très rares dans la région, la naïade l'est aussi. Cette espèce est déterminante ZNIEFF dans la région.
le Gomphe à pinces (Onychogomphus forcipatus) avec au moins un individu stationnant. Cette libellule recherche les eaux courantes suffisamment propres et oxygénées. Elle peut se satisfaire des eaux stagnantes si leur qualité est suffisante. Elle est très rare et déterminante ZNIEFF en Haute-Normandie.
Notons aussi la présence du Fuligule morillon (Aythya fuligula), avec de nombreux individus sur l'ensemble des plans d'eau. La nidification n'a pas été prouvée mais elle reste possible. Cette espèce d'origine nordique a étendue son aire de répartition en Europe occidentale tout au long du XXème siècle, pour des raisons inconnues. Le morillon a besoin de plans d'eau riches en mollusques aquatiques et il est très sensible aux dérangements pendant la période de nidification. Ce canard est déterminant ZNIEFF et nicheur exceptionnel en Haute-Normandie.
Le second ensemble regroupe des habitats plus variés et souvent moins humides que dans le premier ensemble.
Les prairies sont essentiellement de vieilles prairies mésohygrophiles à mésophiles bien diversifiées et encore pâturées. Au sein de ces parcelles, des parties nettement humides existent mais demeurent limitées en superficie. Parmi les espèces observées, il faut citer le Silaüs des prés (Silaum silaus) avec un seul pied observé, la rare Gaudinie fragile (Gaudinia fragilis) très abondante en deux endroits et l'Orge faux-seigle (Hordeum secalinum) sur quelques mètres carrés. Ces deux espèces déterminantes ZNIEFF sont bien caractéristiques de ces prairies naturelles.
En mosaïque avec les boisements, on trouve des zones plus ou moins étendues de friches humides. Celles-ci résultent très probablement d'anciennes prairies humides qui ont été abandonnées, d'où le développement très important des hélophytes. Parmi elles, en plus de plantes banales comme la Laîche des rives (Carex riparia) qui s'étend fortement par endroits, l'Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum) ou la Scrofulaire aquatique (Scrofularia aquatica), trois espèces déterminantes ZNIEFF ont été trouvées : Le Pigamon jaune (Thalictrum flavum), l'Euphorbe des marais (Euphorbia palustris) et le Gaillet des fanges (Galium uliginosum) plus difficile à repérer. Le Roseau (Phragmites australis) ne forme pas ici des roselières très étendues.
Ces friches humides constituent pour partie un habitat d'intérêt communautaire, la mégaphorbiaie eutrophe (n°6430, code Corine 37.7 et 37.8) dont l'intérêt est ici principalement dû au groupement à Euphorbe des marais. L'important développement de l'Ortie (Urtica dioica) et la tendance au boisement par les saules ou les aulnes (dans les parties marécageuses) tendent à les banaliser. Toutefois, un secteur était pâturé en août, ce qui permet de rajeunir le milieu en ouvrant la strate herbacée et en limitant le développement des saules.
Les boisements en continuité avec les friches humides précédentes correspondent à une aulnaie-frênaie qui est un habitat déterminant ZNIEFF (44.3 Aulnaies-frênaies médio-européennes), ou sur un cailloutis de galets un peu surélevé correspondent à une variante à frênes de la chênaie charmaie. La flore sylvatique est caractéristique des humus doux avec par exemple la Parisette (Paris quadrifolia). Une plante déterminante ZNIEFF a été répertoriée au niveau des boisements humides : la Cardère poilue (Dipsacus pilosus).
Enfin, il faut mentionner l'intérêt de la végétation lié à l'affluent de l'Eure au Sud. La végétation aquatique présente abrite de beaux herbiers de Zannichellie des marais (Zannichellia palustris), plante déterminante ZNIEFF. Il faudrait y rechercher la très rare Oenanthe fluviatile (Oenanthe fluviatilis) car l'habitat est très favorable. Un peu en aval d'une résurgence dans le bois, à moins d'un mètre de l'écoulement, une petite station de Cardamine amère (Cardamine amara) a été notée. C'est une plante assez rare et déterminante ZNIEFF, caractéristique des groupements végétaux de telles sources.
Dans cette ZNIEFF, le cours de l’Eure se caractérise notamment par la présence de nombreuses stations de la Renoncule flottante (Ranunculus fluitans), une espèce peu commune et déterminante ZNIEFF dans la région.