ZNIEFF 230009249
LA FORÊT DE JUMIÈGES

(n° régional : 8514)

Commentaires généraux

La Forêt de Jumièges s’intègre au cœur de la vallée de la Seine aval, dans le méandre qui s’étire entre Le Trait et Le Mesnil-sous-Jumièges. La présente ZNIEFF ne prend en compte que la partie orientale et septentrionale du massif, là où subsistent les boisements de feuillus les plus intéressants. En effet, plus de 70 % de la forêt ont été plantés de résineux, sur des sols lessivés pauvres. Ces secteurs ne présentent donc aujourd’hui qu’un intérêt écologique très limité, qui ne justifie pas de les incorporer dans la ZNIEFF.

Tout le versant abrupt oriental a été autrefois façonné par la Seine, qui a raboté les couches tendres de craie à silex lors de phases quaternaires humides d’érosion active. Les pentes y atteignent parfois 40%, et des corniches crayeuses y subsistent.

Sur le plateau, d’anciennes terrasses alluviales portent d’épaisses assises de sables et de silex, qui ont généré des sols filtrants acides. Ces sols ont été utilisés autrefois pour le pâturage et pour l’exploitation forestière parfois abusive, ce qui avait conduit à la formation de landes à Ericacées sur sols lessivés pauvres. Des fragments de callunaies subsistent ainsi, de ci, de là, notamment au bord des chemins, ou dans des trouées dans des chênaies claires ou des bétulaies.

Les formations boisées du plateau sont ainsi constituées dans la majorité des cas de hêtraies acidiclines à acidiphiles, sur sables, silex, argiles, ... Les groupements du Mespilo-Quercetum sont bien développés, notamment la sous-association à Myrtille (Mespilo-Quercetum-Vaccinietosum). Quelques hêtraies acidiphiles à Houx (Ilex aquifolium) de l’Illici-Fagetum sont également présentes de même que, sur les sols les moins pauvres en bases, quelques chênaies-charmaies-hêtraies mésophiles à acidiclines (alliance du Carpinion betuli).

Sur le versant, des formations de hêtraies calcicoles sur craie à Daphné lauréole (Daphne laureola) de l’association du Daphno-Fagetum, et des boisements à If (Taxus baccata) du Taxo-Coryletum s’étendent sur les pentes raides. Les formations à If sont des végétations reliques particulièrement intéressantes pour la région.

L’essentiel de ces groupements végétaux relèvent de la directive européenne sur la conservation des habitats, de la flore et de la faune sauvages (dite directive « Habitats »). Une partie du site a ainsi été sélectionné pour faire partie du futur réseau Natura 2000.

L’espèce végétale la plus remarquable observée dans cette ZNIEFF est l’exceptionnelle Arabette des sables (Cardaminopsis arenosa), sur les éboulis des corniches surplombant la Seine.

La faune associée à ce vaste massif comprend quelques éléments remarquables. Les oiseaux sont parmi les mieux connus. Les Pics noir (Dryocopus martius) et mar (Dendrocopos medius) qui fréquentent les vieilles futaies essentiellement de hêtres pour le premier et de chênes pour le second, sont inscrits à l’annexe I de la directive « Oiseaux ».

Parmi les mammifères, plusieurs espèces de chiroptères (chauves-souris) remarquables utilisent le massif comme terrain de chasse et/ou comme site de reproduction, dont la Noctule commune (Nyctalus noctula), très rare en Haute-Normandie, le Vespertilion (ou Murin) de Natterer (Myotis nattereri) et surtout la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), ainsi que le Grand Murin (Myotis myotis), espèce inscrite à l’annexe II de la directive « Habitats ». La colonie de reproduction de Noctule de Leisler, dans un bois au nord de la zone, est la seule actuellement connue de la région, de même que la colonie de Vespertilion de Natterer.

Les insectes sont encore méconnus.

La diversité des formations forestières et surtout la présence des quelques reliques de formations à If sur les corniches, ainsi que les populations de chiroptères, confèrent à cette marge de la Forêt de Jumièges un indéniable intérêt écologique.

Cette ZNIEFF de type II n’inclut pas de ZNIEFF de type I.

Commentaires sur la délimitation
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