ZNIEFF 230014809
LE MARAIS DU HODE

(n° regional: 87020002)

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La description de la présente Znieff ne concerne que les terrains situés sur les communes du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine Normande, étudiées en 2002. Les parties aval de cette Znieff ne sont donc pas décrites ici.

Cette Znieff correspond à la zone de marais et de prairies humides de la rive droite de l’embouchure de l’estuaire de Seine. La vasière Nord et les lits des filandres majeures sont inclus dans la Znieff Marine de type 1 "Vasière nord et filandres aval de l’estuaire de Seine". Il existe une véritable connexion écologique entre ces deux Znieff pour l’alimentation des oiseaux, des poissons et des mammifères marins en fonction de l’accessibilité des filandres (marées).

Ce marais constitue la partie amont de la zone alluviale principale de l’estuaire de la Seine. Il s’étend entre le canal de Tancarville au Nord et la Seine au Sud, en excluant le Centre d’Enfouissement Technique du Hode et l’unité de neutralisation de titanogypse de Millenium. Le marais est principalement occupé par des prairies fauchées, pâturées ou en régime mixte (fauche puis pâturage du regain). Il est alimenté par la nappe alluviale des sables fins et des graves. Les inondations directes par les eaux de la Seine sont rares.

Cette Znieff est incluse dans la ZPS FR2310044 "Estuaire et marais de la Basse Seine" et dans la ZSC FR2300121 "Estuaire de la Seine" au titre des directives Oiseaux et Habitats du dispositif Natura 2000.

De plus, elle se superpose en totalité à la Réserve Naturelle de l'Estuaire de Seine et représente environ quarante pourcent de cette dernière en superficie.

FLORE

La prairie dominante se rapporte à l’association méso-hygrophile de l’Hordeo secalini-Lolietum perennis. Elle abrite plusieurs espèces déterminantes et notamment la Laîche à épis distants (Carex distans), le Dactylorhize négligé (Dactylorhiza praetermissa), le Jonc de Gérard (Juncus gerardii), le Jonc comprimé (Juncus compressus),....

Sur les sols plus argileux et humides et plus riches en matière organique, l’Hordeo-Lolietum est remplacé par l’association du Pulicario dysentericae-Juncetum inflexi, prairie peu représentée dans cette zone comparativement au marais de Cressenval. Le cortège floristique de cette prairie comprend plusieurs espèces déterminantes comme le Dactylorhize négligé de nouveau, et l’Ophioglosse commune (Ophioglossum vulgatum) -espèce protégée au niveau haut-normand-.

La partie Sud-Ouest qui est encore alimentée par des eaux saumâtres présente une forte originalité floristique. C’est à son niveau, en bordure de la digue, que se développent les principales roselières (phragmitaies et scirpaies) avec en arrière des formes saumâtres de prairies de l’Hordeo-Lolietum et surtout du Rumici crispi-Alopecuretum geniculati, prairie hygrophile des sols tassés. Ces différentes formations saumâtres sont caractérisées par des espèces halophiles ou sub-halophiles dont la plupart sont exceptionnelles à très rares : Vulpin bulbeux (Alopecurus bulbosus), Aster maritime (Aster tripolium), Glaux maritime (Glaux maritima), Oenanthe de Lachenal (Oenanthe lachenalii), Atropis distant (Puccinellia distans), Scirpe maritime (Scirpus maritimus), Scirpe de Tabernaemontanus (Scirpus tabernaemontani), Spergulaire marine (Spergularia marina), Troscart maritime (Triglochin maritimum).

Les mares à gabion sont assez nombreuses au sein des prairies ou des roselières. Leur valeur floristique est assez hétérogène mais la plupart abritent des espèces déterminantes comme la Renoncule de Baudot (Ranunculus baudotii), la Baldellie fausse-renoncule (Baldellia ranunculoides) protégée en Haute-Normandie, la Léersie à fleurs de riz (Leersia oryzoides), la Lenticule gibbeuse (Lemna gibba), la Zannichellie des marais (Zannichellia palustris),...

A l’extrémité Ouest de la zone, sur des remblais sableux issus du creusement du canal du Havre, se développe une formation dunaire très particulière à Argousier (Hippophae rhamnoides) abritant l’Elyme piquant (Elymus athericus), deux espèces jugées rares.

La partie située au Sud de la route de l’estuaire est largement soumise aux influences des marées et présente une végétation nettement plus halophile. On y trouve essentiellement des phragmitaies entrecoupées de vasières et de plans d’eau. On retrouve certaines espèces déjà citées telles que le Scirpe maritime (Scirpus maritimus), la Spergulaire marine (Spergularia marina), la Renoncule de Baudot (Ranunculus baudotii) et le Jonc de Gérard (Juncus gerardii), auxquelles s'ajoute l’Oenanthe safranée (Oenanthe crocata).

FAUNE

La faune est particulièrement riche en espèces rares et menacées en France et/ou en Europe. L’avifaune spécialement, groupe le mieux connu, possède une valeur internationale, d’où la reconnaissance du site en ZICO (Zone d’Importance Internationale pour la Conservation des Oiseaux) et ZPS.

Dans les roselières de la zone décrite ici comme à l’aval du Marais du Hode, on trouve en effet des effectifs élevés d’oiseaux reproducteurs paludicoles tels le Butor étoilé (Botaurus stellaris), la Gorge-bleue à miroir blanc (Luscinia svecica cyanecula), le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Hibou des marais (Asio flammeus), la Marouette ponctuée (Porzana porzana) -toutes ces espèces étant inscrites à l’annexe I de la directive Oiseaux de l’Union Européenne-, la Mésange à moustaches (Panurus biarmicus), la Cisticole des joncs (Cisticola juncidis), la Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides), le Phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), le Râle d’eau (Rallus aquaticus), etc.

Les prairies humides abritent une population nicheuse variable de Râle des genêts (Crex crex), une des espèces reconnue parmi les plus menacées au monde, ainsi que l’exceptionnelle Barge à queue noire (Limosa limosa), nicheur vulnérable en France. On note également des populations importantes de Traquet tarier (Saxicola rubetra), de Vanneau huppé (Vanellus vanellus), de Bergeronnette flavéole (Motacilla flava flavissima), et enfin de Cigogne blanche (Ciconia ciconia) qui profite des plate-formes installées à son intention.

Le Faucon hobereau (Falco subbuteo) fréquente toute la zone et la Chevêche d’Athéna (Athene noctua) a été notée dans quelques arbres creux.

En période de migration et secondairement d’hivernage, les prairies, mares et roselières sont utilisées par des effectifs très importants d’oiseaux d’eau, spécialement d’Anatidés, de Limicoles (ces deux groupes étant concernés par la présence de très nombreuses mares à gabions), de Laridés, d’Ardéidés et de Spatule blanche (Platalea leucorodia). L’estuaire de la Seine se situe en effet sur un des axes migratoires majeurs pour les oiseaux longeant les côtes atlantiques.

La batracho-faune comprend notamment le Triton crêté (Triturus cristatus), espèce de l’annexe II de la Directive «Habitats» de l’Union Européenne, et le Crapaud calamite (Bufo calamita) ainsi que le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèces très rares et menacées qui sont surtout présentes dans la partie aval, non loin du canal de Tancarville.

Les insectes sont encore assez peu connus, mais comprennent tout de même plusieurs espèces remarquables d’Odonates telles que l’Agrion mignon (Coenagrion scitulum), le Leste sauvage (Lestes barbarus) et le Sympétrum méridional (Sympetrum meridionale).

Parmi les Orthoptères, le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus) est bien représenté dans les prairies humides.

Les mammifères comprennent notamment la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii), chiroptère migrateur dont les effectifs automnaux sont importants au-dessus des roselières.

L’ensemble de ce marais de très haut niveau patrimonial a été préservé depuis fin 1997 grâce à son classement en Réserve Naturelle, avec toute la partie aval des roselières et vasières.

Comments on the delimitation

Le périmètre de cette Znieff a été adapté suite aux créations de Znieff marines en juin 2015.

Pour respecter la méthodologie du MNHN, la partie subtidale de la Znieff a été découpée et accolée aux nouvelles Znieff marines :

-de type 2 "Baie de Seine orientale" (N° NAT: 23M000004)

-de type 1 "Filandres amont de l’estuaire de Seine" (N° NAT : 23M000007) et "Vasière nord et filandres aval de l’estuaire de Seine" (N° NAT : 23M000003).