ZNIEFF 230030841
L'ILE DU NOYER

(n° regional: 85380000)

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Ce secteur de bras mort séparait l'Ile au noyer du reste de la partie Sud-Ouest de la commune de Saint Aubin les Elbeuf. Ses deux extrémités ont été remblayées et les écoulements d’eau sont favorisés par une buse installée dans sa partie Ouest.

Ce site est constitué principalement de prairies pâturées, une majorité de jardins ouvriers l'entourent et sa limite nord est définie par un autre bras mort en phase de comblement. La nappe alluviale de la Seine influence cette et lors de fortes crues de cette dernière, toutes les pâtures sont inondées. En général, le site se montre complètement asséché entre juin et septembre. Les prairies hygrophiles s'avèrent localisées au centre du site, le point le plus bas étant situé à proximité de vieux saules têtards. En été, elles sont pâturées par des chevaux. Les prairies mésophiles entourent les zones les plus humides, elles sont pâturées par des bovins ou ovins ou sont fauchées. Une friche prairiale se développe à proximité d'une serre suite à l'abandon de celle-ci. Différents types de haies s'observent sur le site : des haies de vieux saules têtards, des arbres de haut jet de frêne ou de saule blanc en bordure du bras mort en eau et les prairies ou les jardins sont délimités par des haies arbustives de sureaux.

L'intérêt du site est multiple. Il accueille, entre autre, l'une des espèces de batraciens les plus rares de Normandie et constitue ainsi la troisième station à pélodyte ponctué (Pelodytes ponctatus) en Haute-Normandie. Un maximum de 20 chanteurs a pu être répertorié en 2001, par contre la reproduction n'a pas pu être prouvée d'une manière certaine. Cette population est donc très fragile, d'autant plus que nous ne connaissons pas d'autre population proche. On rencontre également le triton vulgaire (Triturus vulgaris) et la grenouille rieuse (Rana ridibunda) qui est peu commune. Les jardins ouvriers et la serre ont probablement un rôle non négligeable lors de l’hivernage de ces espèces. Parmi la quarantaine d’espèces d’oiseaux recensée, il faut souligner la présence du martin-pêcheur (Alcedo atthis) qui est inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseux et du cygne tuberculé (Cygnus olor) qui est un nicheur peu commun dans la région.

Cette zone est également la seule frayère à brochet (Esox lucius) de la Seine dans la région. Au niveau des insectes, plusieurs lépidoptères inféodés aux zones humides se rencontrent : le halias du saule (Earias chlorana) et Calophasia lunula sont deux espèces rares, Megalnola albula, Holplodrina blanda et la confuse (Macdunnoughia confusa) sont, quant à eux, assez rares. L'hydrocampe de la stratiote (Parapoynx stratiotata) est une espèce au statut indéterminé et dont la chenille vit complètement immerger entre les feuilles de diverses plantes aquatiques.

L’intérêt botanique n’est pas du tout négligeable non plus. Dans les parties les plus humides se développe un cortège de végétaux hygrophiles dont certains sont rares en Haute-Normandie. Le passerage à large feuille (Lepidium latifolium) envahit le site à partir d’avril, ensuite vient la rorripe amphibie (Rorripa amphibia), le plantain d’eau à feuilles lancéolées (Alisma lanceolatum), la galinsoge à petites feuilles (Galinsoga parviflora) et l’œnanthe aquatique (Œnantha aquatica) accompagné pas un cortège classique de ce type de milieu (plantain d’eau – Alisma plantago-aquatica, iris jaune – Iris pseudacorus, etc.). On peut également observer une quarantaine de pieds de butomes en ombelle (Butomus umbellatus) qui est typique des étangs des prairies alluvionnaires. Moins de diversité végétale est observée au niveau des prairies mésophiles qui sont caractérisées par une strate herbacée dense (fromental – Arrhenaterum elatius, vulpin des prés – Alopecurus pratensis, houlque velue – Holcus lanatus, etc.). On rencontre une plante très rare dans ce cortège : le rhinanthe velu (Rhinantus alectorolophus ssp. buccalis var. arvensis), cette espèce calcicole est plutôt typique de mésobromion.

Les dangers qui pèsent sur ce site sont de deux ordres. La pollution de la Seine et les produits phytosanitaires utilisés dans les jardins ouvriers peuvent avoir des conséquences graves sur la faune (absence de libellules, pas de preuve de reproduction du pélodyte, etc.). La fermeture du bras mort accélère l’atterrissement naturel de la zone et une partie des poissons sont piégés lors de la décrue. L’absence de preuve de reproduction du pélodyte ponctué ces trois dernières années est inquiétante, d’autant plus que la population est petite.

Un projet de mise en arrêté de biotope est en cours de réalisation en partenariat avec la Fédération des pêcheurs. L’objectif principal étant d’améliorer la frayère à brochet. Des travaux devraient être entrepris en faveur du pélodyte par la création de mares.

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