ZNIEFF 240031908
Territoire des Places

(n° régional : )

Commentaires généraux

Situé au cœur du Pays-Fort, dans un secteur au relief prononcé, le Territoire des Places est un vaste domaine forestier géré par la Fédération Départementale des Chasseurs du Cher. Labellisé en 2012 comme « Espace Naturel Sensible », le site présente une grande variété d’habitats remarquables, principalement humides, abritant une faune et une flore exceptionnelle pour la région.

Le fond du vallon est occupé par un étang central aménagé pour l’observation de l’avifaune. Ses abords comprennent des zones de lande humide à Erica tetralix, de mégaphorbiaie et un réseau de mares à Pilularia globulifera. Ces milieux humides peu profonds et fortement végétalisés (« platières à bécassines ») sont très favorables aux insectes hygrophiles et aquatiques (Conocephalus dorsalis, Donacia bicolora, Epitheca bimaculata, Somatochlora flavomaculata).

Les prairies humides oligotrophes situées au nord et au sud-est du site présentent un grand intérêt botanique, avec de belles populations d’orchidées (Dactylorhiza majalis, Dactylorhiza fuchsii, Anacamptis laxiflora) et une grande liste d’espèces déterminantes et/ou protégées, parfois en effectifs importants (Cirsium dissectum, Cicendia filiformis, Oenanthe peucedanifolia, Trocdaris verticillatum, Carex nigra, Salix repens, Gentiana pneumonanthe à retrouver sur le site). La gestion par fauche tardive et export du foin permet de maintenir l'intérêt de ces prairies, qui accueillent également quelques papillons peu communs, comme le Cuivré des marais (Lycaena dispar) et le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia), tous deux protégés, ainsi que des Coléoptères très localisés dans la région (Carabus cancellatus, Staphylinus erythropterus, Cassida murraea).

À l’ouest, les ruisseaux du Faucillard et du Dillon serpentent à travers des boisements marécageux où poussent de vastes surfaces d’Ail des ours (Allium ursinum) et d’autres plantes peu communes plus ombrophiles (Paris quadrifolia, Phyteuma spicatum, Primula elatior). Dans ce secteur, plusieurs layons forestiers inondables permettent d’observer des zones de mégaphorbiaie à Reine des prés et des ornières où se reproduit le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata). Ce secteur héberge une grande richesse en mousses avec la présence notamment de Brachythecium rivulare et Exsertotheca crispa.

Les boisements du versant sud, plus secs, sont couverts de chênaie-charmaie ancienne. La quantité importante de bois mort et la présence de chênes sénescents de gros diamètre confèrent au site un fort potentiel pour la faune saproxylique. Un grand nombre de Coléoptères remarquables ont pu y être inventoriés, parmi lesquels Hypulus quercinus, Mycetophagus populi, Orchesia luteipalpis, Melandrya barbata, Corticeus fasciatus ou encore Triplax scutellaris.

Commentaires sur la délimitation

Le périmètre est délimité en grande partie à l’est par la route D112, qui relie le bourg de Morogues à Henrichemont. Les locaux de la fédération de chasse ne sont pas inclus dans la zone, de même que les infrastructures attenantes (parc entretenu destiné au passage des permis). Toutefois, une prairie humide abritant plusieurs espèces végétales patrimoniales a été ajoutée à l'est de cette route départementale.

Au nord-est, une vaste surface est également exclue du périmètre, principalement constituée de jachères et de cultures destinées à la faune sauvage. Bien qu'hors de la ZNIEFF, ces cultures se sont révélées en 2022 très favorables aux mousses annuelles des sols perturbés sablo-argileux avec l'observation d'un cortège d'espèces particulièrement rares en région : Anthoceros agrestis, Archidium alternifolium, Ephemerum serratum, Phaeoceros carolinianus, Pleuridium subulatum, Pseudephemerum nitidum et Riccia warnstorfii. Il faut tout de même souligner sur ces parcelles l'observation en 2022 d'espèces de mousses messicoles des sols sableux acides rares et menacées (Pseudephemerum nitidum, Archidium alternifolium).
En revanche, la prairie mésophile la plus au nord est intégrée. On peut en effet y observer la plupart des plantes protégées présentes sur les deux autres prairies, notamment dans les secteurs humides situés au sud.
De même, la prairie mésophile de fauche située à l’ouest du site est incluse dans le zonage. La patrimonialité de cet habitat fleuri apparaît peu élevée, mais ce milieu riche en insectes joue un rôle écologique important, notamment pour de nombreux butineurs.
Les trois étangs privés alimentés par le Dillon et le Faucillard ne présentent pas un intérêt naturaliste justifiant leur intégration à la zone. 

Enfin, le périmètre proposé est délimité au sud par un ancien chemin forestier communal, bordé localement par des alignements d’anciennes trognes. Cette limite présente l’avantage de correspondre à celle de l’Espace Naturel Sensible, sur lequel la fédération tente de mettre en œuvre une gestion des habitats favorable à la biodiversité. Il s’agit aussi d’un compromis permettant d’éviter de proposer une surface boisée trop importante (le boisement étant continu vers l’ouest et le sud sur plusieurs kilomètres, sur l’autre versant de la colline).