ZNIEFF 250006495
LES ILES SAINT-MARCOUF

(n° regional: 00000015)

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L'archipel de Saint-Marcouf regroupe les deux seules vraies îles de la Manche orientale (baie de Seine), séparées l'une de l'autre par un chenal de quatre cents mètres. Elles sont situées à environ cinq kilomètres de la côte est du Cotentin, à mi-chemin entre la baie des Veys et la Pointe de Saire.

Constituées de grès armoricain de l'Ordovicien, ces îles apparaissent comme deux pointements paléozoïques, encadrés de failles et crevant la couverture jurassique.

Leur position géographique, alliée à la tranquillité dont elles bénéficient, confèrent à ces îles un intérêt écologique majeur.

Propriété de l'Etat, autrefois utilisé notamment à des fins militaires (présence d'un fort d’intérêt architectural sur l'"Île du large"), cet archipel a connu divers statuts de classement et/ou protection depuis l'après guerre. Intégré au dispositif NATURA 2000, il appartient depuis 2008 à la vaste ZPS FR2502020 "Baie de Seine occidentale", et au SIC transcrit en 2014 en ZSC FR2510047 "Baie de Seine occidentale". L'"Île de terre" est depuis 1982 une réserve gérée par le Groupe Ornithologique Normand et son accès est interdit.

Noter également l'existence de l'Arrêté préfectoral du 5 mars 2019 de protection du biotope des îles Saint-Marcouf visant notamment à protéger les colonies d'oiseaux durant leur période de nidification. Cet APB pâtit toutefois en 2022 d'une suspension ; ce dossier n'est donc pas clos.

La présente Znieff comprend les îles ainsi que l’estran rocheux alentour. La partie marine d’environ mille cinq cents hectares qui l'entoure fait l’objet d’un second périmètre marin, la Znieff marine 25M000015 "Les îles Saint-Marcouf - au large".

FLORE

La flore des îles Saint-Marcouf est relativement pauvre.

La plupart des quelque vingt espèces trouvées sont des plantes nitrophiles et/ou anthropophiles, parmi lesquelles les plus apparentes sont la Mauve en arbre (Lavatera arborea), la betterave maritime (Beta vulgaris subsp. maritima) et diverses graminées. Selon les années, l'importance relative de végétation de ces espèces est extrêmement variable, en fonction notamment de la pluviométrie, avec des incidences sur les conditions de nidification des oiseaux.

Par ailleurs, quelques espèces plus discrètes se démarquent, par leur rareté à l'échelon régional, telles le Bec-de-grue musqué (Erodium moschatum), le Cranson officinal (Cochlearia officinalis), l'Erucastre (Erucastrum gallicum) et la Soude vraie (Suaeda vera), cette dernière espèce étant protégée au niveau régional.

Parmi les algues initialement inventoriées (1995-98), on citera Fucus spiralis et F. serratus, Chondrus crispus, Laminaria digitata et L. hyperborea, ainsi que certaines espèces rares, non recontactées -hormis Halopteris filicina- lors des relevés du CNAM en 2022 : la Délesserie sanguine (Delesseria sanguinea) -une algue rouge de profondeur-, Asperococcus fistulosus, Aglaothamnion scopulorum, Gymnogongrus griffithsiae, et Rhodymenia pseudopalmata.

FAUNE

L'importance faunistique des îles Saint-Marcouf repose essentiellement sur leur fréquentation par les oiseaux. Selon les espèces et l'époque de leur présence, l'importance ornithologique de ces îles est d'ordre régional, national ou européen.

Au niveau de la nidification, elles sont d'importance européenne dans la mesure où elles abritent la principale colonie française nicheuse de grand Cormoran (Phalacrocorax carbo), celle-ci représentant en même temps la principale colonie de la population maritime européenne. Excepté sur la période 2005-2010, avec un pic d'au moins cinq cent couples nicheurs chaque année, les effectifs se situent depuis les années 90 autour de quatre cent nids chaque année, soit environ un cinquième des effectifs nationaux.

Elles ont aussi une importance régionale, pour la petite colonie nicheuse de Goélands bruns (Larus fuscus) -espèce à reproduction en très fort déclin depuis les années 80 en Normandie-, de Goélands marins (Larus marinus) -en augmentation depuis trente ans-, de Cormorans huppés (Phalacrocorax aristotelis) -avec augmentation des effectifs depuis 2008-. Les goélands argentés (L. argentatus), avec souvent trois mille couples nicheurs dans les années 80, sont depuis les années 2000 stabilisés autour de cinq cent couples chaque année.

A noter enfin, pour mémoire : la nidification de quelques couples d'Huitrier-pie (Haematopus ostralegus) ; l'Aigrette garzette (Egretta garzetta) avec, autour des années 2000, plusieurs dizaines de couples nicheurs, mais actuellement des effectifs très faibles, au profit semble t-il d'une nouvelle colonie sur l'Île de Tatihou ; la faible présence du Fou de Bassan (Morus bassana), sans nidification pérenne toutefois (avérée en 2010 uniquement) ; la présence épisodique du Tadorne de Belon (Tadorna tadorna) notamment en 2011.

En passereaux, on retiendra la présence de quelques nicheurs en Pipit farlouse (Anthus pratensis) et récemment en Pipit maritime (Anthus petrosus).

En période inter-nuptiale, les îles Saint-Marcouf jouent également un rôle essentiel pour l'avifaune. Chaque soir, on peut compter plusieurs centaines de grands Cormorans, Cormorans huppés et Goélands marins qui viennent s'y rassembler pour passer la nuit.

D'autres espèces sont visibles à Saint-Marcouf durant cette période ou en hiver, dont certaines occasionnellement : le Tournepierre à collier (Arenaria interpres), le Bécasseau violet (Calidris maritima) et le Bécasseau maubèche (Calidris canutus), l'Eider à duvet (Somateria mollissima), le Guillemot de Troïl (Uria aalge), le petit Pingouin (Alca torda), la Spatule (Platalea leucorodia), le Courlis corlieu (Numenius phaeopus), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus). A noter pour le Goéland argenté une fréquentation en déclin constant depuis vingt ans.

L’étude réalisée dans le cadre du programme CARTHAM par IN VIVO (2012), ainsi que les suivis des Plongeurs Naturalistes de Normandie (anciennement Plongeurs Naturalistes de Tatihou) en 2011, et du GEMEL en 2022, ont permis de décrire la faune intertidale.

Citons le gastéropode "Grain de café à trois points" (Trivia monacha), et un échinoderme, le Comatule (Antedon bifida), observés en plongée en 1995 et 1996 -ce dernier non retrouvé en 2022-.

A noter enfin la fréquentation régulière du site par quelques phoques veau marin issus de la colonie de la baie des Veys.

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Ensemble de deux îles qui, par leur position géographique et par la quiétude dont il bénéficie, revêt un intérêt ornithologique majeur.