ZNIEFF 250008146
MARES ET DUNES DE VAUVILLE

(n° regional: 00110016)

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L'anse de Vauville, comprise entre les deux massifs granitiques du Cap de Flamanville au Sud et du Nez de Jobourg au Nord, présente sur environ sept kilomètres de long une zone ininterrompue de dunes littorales.

Dans la partie nord de cet ensemble, près du village de Vauville, entre le pied du coteau portant des prairies pâturées et le large cordon dunaire plus au sud, le front dunaire a bloqué l'eau douce au pied du coteau, à un niveau inférieur à celui des hautes mers de vive-eau. Il s'étend ainsi une grande mare de mille deux cents mètres de long sur deux cents mètres de large environ, plus ou moins colonisée par une végétation palustre typique des eaux douces, et dont le niveau fluctue selon l'abondance des précipitations.

La frange littorale incluant la mare au nord et une part importante des dunes de Vauville côté sud, sur une largeur moyenne d'environ trois cent mètres, constitue, pour une emprise globale de soixante trois hectares, la réserve naturelle nationale de Vauville.

La présente Znieff de type I englobe ce périmètre et y ajoute la part de dunes de Vauville situées le plus au sud, pour une superficie totale de plus de quatre vingt hectares.

Notons enfin que ce secteur est intégré au dispositif Natura 2000, au titre de la Directive Oiseaux (ZPS) pour le site Landes et dunes de la Hague-FR2512002-, mais également au titre de la Directive Habitats en tant que SIC à transcription en ZSC en date du 18/03/2015 sous la dénomination "Massif dunaire de Héauville à Vauville - FR2500083".

FLORE

Le site renferme bon nombre d'espèces végétales rares dont plusieurs bénéficient d'une protection au niveau national (**) ou régional (*). La succession végétale caractéristique des dunes atlantiques y est presque complète.

A la limite supérieure de l'estran, le haut de la plage est dominé par des espèces annuelles subhalophiles et nitrophiles telles l'Arroche (Atriplex glabriuscula). Quelques pieds de Chou marin (Crambe maritima**) suggèrent l'existence de groupements des plages de galets et de graviers mal différenciés.

Les dunes embryonnaires constituent les prémices du cordon dunaire mobile à Oyat (Ammophila arenaria).

La dune fixée est physionomiquement caractérisée par une végétation beaucoup plus fermée, riche en espèces d'intérêt patrimonial. Citons notamment : la Pensée naine (Viola kitaibeliana), l'Armérie (Armeria plantaginea), la Véronique en épi (Veronica spicata*), le Bec de grue glutineux (Erodium glutinosum), l'Hutchinsie des pierres (Hornungia petraea), la Sagine noueuse (Sagina nodosa*), l'Asperge prostrée (Asparagus officinalis ssp. prostratus*), la Koelérie blanchâtre (Koeleria albescens), la Scille d'automne (Scilla autumnalis), le Spiranthe d'automne (Spiranthes spiralis), la Vulpie ambiguë (Vulpia ciliata ssp. ambigua), le Polycarpon à quatre feuilles (Polycarpon tetraphyllum*), l'Arabette hirsute (Arabis hirsuta), l'Herbe à l'esquinancie (Asperula cynanchica), la Ravenelle maritime (Raphanus raphanistrum ssp. maritimus), le Buplèvre aristé (Bupleurum baldense), le Rosier pimprenelle (Rosa pimpinellifolia), le Cynoglosse officinal (Cynoglossum officinale), l’Œillet de France (Dianthus gallicus**).

Une mention spéciale pour l'Hippocrépis à toupet (Hippocrepis comosa), espèce rare dans le département de la Manche avec une seule autre station connue, et précieuse en tant qu'unique plante-hôte de la chenille de l'Argus bleu céleste (Lysandra bellargus), papillon donc rare aussi.

Les dunes fixées sont parsemées de pannes humides abritant des espèces spécialisées : le Saule rampant (Salix repens ssp. arenaria), la Menthe pouliot (Mentha pulegium), la Germandrée des marais (Teucrium scordium ssp. scordioides*),...

Les mares dunaires permanentes, d'une remarquable richesse, renferment des espèces amphibies telles le Flûteau fausse-Renoncule (Baldellia ranunculoides) et la Littorelle uniflore (Littorella uniflora**). La flore aquatique est également bien représentée, avec notamment la Lentille gibbeuse (Lemna gibba), la grande Utriculaire (Utricularia vulgaris), les Potamots luisant (Potamogeton lucens) et de Ziz (P. zizii), l'Ache inondée (Apium inundatum), le Cératophylle submergé (Ceratophyllum submersum*), cinq espèces de Renoncules aquatiques dont la grenouillette à feuilles en éventail (Ranunculus circinatus)...

Ces mares sont bordées de phragmitaies, scirpaies et typhaies renfermant la Laîche ponctuée (Carex punctata*), le Jonc aigu (Juncus acutus), le Jonc des tonneliers (Scirpus lacustris), la Patience maritime (Rumex maritimus) ou encore la Renoncule grande Douve (Ranunculus lingua**) dont la population est aujourd'hui en extension.

De nouvelles espèces sont régulièrement découvertes, parmi lesquelles certaines peu répandues, notamment à la faveur de mesures de gestion du milieu mises en œuvre (broyage de roselière, introduction du pâturage,...) : citons le Brome à deux étamines (Bromus diandrus subsp. diandrus) et la Laîche naine (Carex serotina subsp. pulchella).

Sur le plan mycologique, quelques espèces rares sont reconnues présentes, notamment Tulostoma brumale, Inocybe fibrosoïdes, Inocybe psammophila, et depuis 2011 Russula pseudopuellaris.

FAUNE

La diversité et la complémentarité des milieux s'expriment par une grande richesse en espèces animales, dont certaines sont rares et d'intérêt patrimonial.

Cette zone est surtout connue pour son avifaune diversifiée et riche en espèces d'intérêt patrimonial. Plusieurs espèces à nidification peu commune dans la région trouvent ici une quiétude propice, avec toutefois plus ou moins de réussite selon les années. Il s'agit notamment du Fuligule morillon (Aythya fuligula), du Fuligule milouin (Aythya ferina), du Busard des roseaux (Circus aeruginosus), du Râle d'eau (Rallus aquaticus), du Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), du grand Gravelot (Charadrius hiaticula), de la Bouscarle de Cetti (Cettia cetti), de la Bergeronnette printanière (Motacilla flava flava), du Grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), du Vanneau huppé (Vanellus vanellus)...

En période inter-nuptiale, la grande mare centrale et ses rives constituent un lieu d'escale, de repos ou d'hivernage pour de nombreuses espèces. On peut alors observer beaucoup de canards, le Butor étoilé (Botaurus stellaris), la Foulque macroule (Fulica atra), la Bécassine des marais (Gallinago gallinago), la Mésange à moustaches (Panurus biarmicus), le Grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis), le Grèbe jougris (Podiceps grisegena)...

Enfin noter pour les oiseaux l'intérêt de la présence hivernale du Fuligule milouinan (Aythya marila) et migrante du Bécasseau minute (Calidris minuta), leur conférant le statut d'espèces déterminantes sur cette Znieff.

L'étude de l'entomofaune a révélé la présence d'espèces rares dans plusieurs ordres importants.

Parmi les Odonates, mentionnons l'Agrion vert (Erythromma viridulum).

Une espèce d'Orthoptère rare est également observée sur ce site : il s'agit de l'Oedipode turquoise (Oedipoda caerulescens).

Les Coléoptères sont très nombreux, tant sur les secteurs dunaires que dans les prairies humides et les mares. Parmi eux, trois espèces peu communes ont été observées : Onthophagus similis, Aphodius sabulicola, Acupalpus elegans.

Les papillons diurnes et nocturnes sont aussi très nombreux et bien inventoriés dans cette zone : citons la Sésie de l’œillet marin (Bembecia muscaeformis) - espèce auparavant jamais signalée dans la Manche, et découverte en 1992 -, le petit Nacré (Issoria lathonia), l'Hespérie des Sanguisorbes (Spialia sertorius), le Sphinx de l'Euphorbe (Hyles euphorbiae), l'Argus bleu céleste (Lysandra bellargus) -qui fait l'objet d'un suivi spécial en rapport avec sa plante-hôte citée plus haut-, le petit Minime (Pachygastria trifolii), l'Ecaille de l'Ortie (Spilosoma urticae), le noctuidé Mythimna straminea, la Noctuelle de la Massette (Nonagria typhae), la Noctuelle du Rubanier (Archanara sparganii), les noctuidés Arenostola phragmitidis, Mythimna impura et Chilodes maritimus, le Géomètre Xanthorhoe biriviata, la Hausse-Queue fourchue (Clostera anachoreta), la Lithosie camplanule (Eilema lurideola), le nolidé Meganola albula, ...

L'arachnofaune a également ses représentants, avec notamment l'Argyronète (Argyroneta aquatica), présente dans les mares.

La mare centrale et les quelques autres à la périphérie attirent et hébergent un grand nombre d'amphibiens dont certains sont rares, comme le Triton ponctué (Triturus vulgaris), les Triton à crête (Triturus cristatus) et marbré (Triturus marmoratus) ainsi que leur hybride le très rare Triton de Blasius (Triturus blasii), le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), le Crapaud calamite (Bufo calamita)...Cette richesse batracologique se traduit par la migration de nombreux individus alentour lors de la période de reproduction, ce qui a nécessité des mesures de protection spécifiques contre le risque routier.

Enfin, en matière de reptiles, mentionnons uniquement la vipère péliade (Vipera berus), eu égard à sa valeur patrimoniale à l'échelle régionale.

Comments on the delimitation

Ensemble écologique remarquable composé d'un massif dunaire et d'une mare arrière-dunaire bordée par des roselières et des prairies humides. Cet ensemble, en grande partie classé en réserve naturelle, renferme des espèces animales et végétales d'intérêt patrimonial.