Ces deux forêts domaniales contiguës forment un ensemble boisé de plus de quarante km2. Il s'agit principalement d'une chênaie en conditions oligotrophes, avec des secteurs de hêtraie-chênaie acidophile et de peuplements résineux épars. L'ensemble est parsemé d'étangs oligotrophes avec des bordures et des queues tourbeuses à paratourbeuses et quelques prairies tourbeuses.
FLORE
Si les plateaux forestiers ne revêtent pas d'intérêt exceptionnel, les vallées et dépressions humides de cette forêt sont riches en plantes de grand intérêt, dont certaines sont protégées au niveau national (**) ou régional (*) : le Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia**), la petite Utriculaire (Utricularia minor*), l'Utriculaire citrine (Utricularia australis*), la Laîche des tourbières (Carex limosa**), le Maianthème à deux feuilles (Maianthemum bifolium*), la Benoîte des ruisseaux (Geum rivale*), le Genêt poilu (Genista pilosa*), le Nard raide (Nardus stricta), et une grande variété d'orchidées -non recontactées récemment- dont l'Orchis incarnat (Dactylorhiza incarnata), l'Orchis négligé (Dactylorhiza praetermissa), et l'Epipactis des marais (Epipactis palustris). Notons également la présence de la Pyrole à feuilles rondes (Pyrola rotundifolia ssp. rotundifolia*) -avec une station de plusieurs milliers de pieds-, de la petite Pyrole (Pyrola minor*), de l'Airelle (Vaccinium vitis-idaea*), et de la Littorelle uniflore (Littorella uniflora**). De belles populations de Prêle d'hiver (Equisetum hyemale*) sont observables sur les bords du déversoir très encaissé de l'étang du Rancé dans l'enceinte de l'Abbaye de la Trappe ainsi qu'en bordure sud de la Foucaudière.
On observe aussi la Filipendule (Filipendula vulgaris*) et la Canche des marais (Deschampsia setacea*).
Pour les champignons, citons Lactarius representaneus, plutôt montagnard.
FAUNE
L'étude globale des invertébrés réalisée en 1997 sur ce massif forestier a révélé la présence d'un grand nombre et d'une grande diversité d'espèces. En effet, ont été recensées quelques 365 espèces d'insectes, 41 espèces d'arachnides, 8 espèces de crustacés et 15 espèces de myriapodes. Certaines d'entre elles sont rares ou très rares et indicatrices de la qualité du milieu.
Les arachnides sont abondants sur ce site. Deux espèces sont peu communes dans la région : Gonatium rubellum et Oxyptila brevipes.
En insectes, plusieurs Ordres offrent des espèces intéressantes.
Parmi les Orthoptères, mentionnons la présence du rare Criquet des clairières (Chrysochraon dispar).
Deux espèces de Coléoptères méritent également d'être citées. Il s'agit de Carabus arvensis, considéré comme très rare dans tout l'ouest de la France et en limite de répartition ici, et de Carabus auronitens, espèce forestière à forte valeur patrimoniale.
Parmi les espèces d'Hyménoptères recensées, deux sont considérées comme rares au niveau national : Aneugmenus fuerstenbergensis et Harpiphorus lepidus.
Un papillon très rare dans notre région a également été observé dans ce massif forestier, la Sésie vespiforme (Synanthedon vespiformis).
L'ordre des Mécoptères compte quant à lui une espèce qui n'est présente que dans trois stations bas-normandes, la Panorpe alpine (Panorpa alpina).
Parmi les six espèces de Diptères saproxylophages recensées, l'une se trouve dans la liste des espèces utiles à l'identification des forêts d'importance internationale, Spilomyia manicata.
Des juvéniles d'Ecrevisse à pieds blanches (Austropotamobius pallipes) ont été récoltés dans l'Avre, ce qui atteste d'une population reproductrice dans ce cours d'eau.
Les mares et nombreuses ornières et fossés parsemant ces forêts renferment plusieurs espèces de Batraciens. La Salamandre tachetée (Salamandra salamandra), le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris) et le Triton palmé (Lissotriton helveticus) sont particulièrement abondants. À la faveur des grands étangs, le crapaud commun (Bufo bufo) dispose d'importants sites de reproduction (milliers d'individus reproducteurs), et hors de la saison de reproduction, on peut donc trouver ce batracien dans toute la forêt. L'espèce la plus rare reste l'Ayte accoucheur (Alytes obstetricans), qui ne semble présent que sur quelques mares.
Seules quatre espèces de Reptiles, caractéristiques des climats frais du nord du Perche, sont connues de cette forêt : Lézard vivipare (Zootoca vivipara) -omniprésent- et Vipère péliade (Vipera berus) -dans les bois landeux-, tandis que la Couleuvre à collier (Natrix natrix) et l'Orvet (Anguis fragilis), plus discrets, ont été signalés ici et là. Le Lézard des souches (Lacerta agilis) n'a pas été revu dans ce massif depuis les années 20 et a fort probablement disparu, suite aux reboisements des landes sur sable.
La richesse et la diversité de l'avifaune nicheuse sont le reflet de la qualité et de la complémentarité des milieux naturels qui composent cette zone, ainsi que de la quiétude dont ils bénéficient.
En milieu forestier, boisé ou landeux, on mentionnera la nidification d'espèces rares telles l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), l'Engoulevent (Caprimulgus europaeus), le Grimpereau des bois (Certhia familiaris), le Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), le Gros-bec (Coccothraustes coccothraustes), le Pic noir (Dryocopus martius), le Loriot d'Europe (Oriolus oriolus), le Pouillot fitis (Phylloscopus trochilus), le Pic cendré (Picus canus), le Roitelet triple-bandeau (Regulus ignicapillus), la Bécasse des bois (Scolopax rusticola), le Pigeon colombin (Columba oenas)...
Sur les étangs et leurs pourtours, on a noté la nidification du Fuligule milouin (Aythya ferina), de la Mouette rieuse (Larus ridibundus), du Grèbe huppé (Podiceps cristatus), du Vanneau huppé (Vanellus vanellus)...
Notons également l'hivernage régulier du Bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra).
Les suivis mammalogiques ont permis de révéler la présence de plusieurs espèces peu communes en Normandie. Il s'agit de la Musaraigne aquatique (Neomys fodiens) - protégée au niveau national-, du Muscardin (Muscardinus avellanarius), et de la Martre (Martes martes). Le massif accueille aussi treize espèces de chiroptères dont trois inscrites à l'annexe II de la directive "Habitats-Faune-Flore" : le Grand Murin (Myotis myotis), le Murin de Bechstein (Myotis bechsteini), et la Barbastelle (Barbastella barbastellus). Une autre espèce, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), présente un intérêt patrimonial régional en raison de sa rareté dans tout le Nord-ouest de la France.
Habitats forestiers étendus en relation étroite et abritant des espèces d'intérêt patrimonial dont certaines sont protégées.