ZNIEFF 310007008
Forêt domaniale de Clairmarais

(n° regional: 00230002)

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La forêt domaniale de Clairmarais s’étend à l’est de Saint-Omer. Elle appartient au vaste complexe écologique du marais Audomarois et de ses versants. Accolé à ce marais, la forêt de Rihoult-Clairmarais forme une sorte de « môle forestier » de prés de 1200 ha, né de la réunion de deux forêts distinctes - la forêt de Clairmarais qui appartenait à l’abbaye de Clairmarais fondée vers 1140 et qui fut rattachée au domaine de l’état pendant la révolution, - la forêt de Rihoult, domaine royal également confisqué à la révolution. Elle repose en grande partie sur des buttes d’argile yprésienne. Au cœur de la forêt, dans un vallon aux pentes boisées de vieux chênes et de vieux hêtres, subsiste le dernier des sept étangs jadis creusés par les moines, l’étang d’Harchelles. Les systèmes forestiers des versants du marais audomarois (Forêt d’Éperlecques, Bois du Ham, Bois Royal de Watten d’une part, Forêt domaniale de Clairmarais d’autre part), se situent par ailleurs à la charnière entre les forêts atlantiques et les forêts subatlantiques, révélant des végétations très significatives de ce glissement chorologique et de l’atténuation progressive des éléments forestiers occidentaux les plus typiques, du nord-ouest du marais vers le Sud-Est, où apparaissent par contre certaines plantes à répartition générale plus continentale. Ainsi en est-il de la Hêtraie acidiphile atlantique de l’Ilici aquifolii – Fagetum sylvaticae, plus ou moins en limite d’aire vers l’Est qui laisse la place, en forêt de Clairmarais, à des forêts acidiphiles à mésoacidiphiles subatlantiques (voir ci-dessous). Zone occupée majoritairement par un massif forestier qui est un des plus importants des collines de Flandre intérieure de par sa superficie. Le relief est vallonné et la forêt se développe globalement sur des pentes descendant vers la cuvette audomaroise. La couverture géologique est dominée par les argiles yprésiennes, entaillée par une langue de sables et grés du Pliocène. La forêt est parcourue de quelques rus qui donnent naissance à deux zones humides principales (l’étang d’Archelles et son émissaire, dans l’axe médian de la forêt, le grand Pollart au nord-ouest). Les boisements sont dominés par des chênaies – frênaies mésohygrophiles du Fraxino excelsioris – Quercion roboris sur sols hydromorphes et par des chênaies – charmaies mésophiles à hygroclines du Carpinion betuli). Cependant, de nombreuses communautés végétales forestières et préforestières composent ce massif boisé, soulignant la diversité des conditions écologiques locales, notamment édaphiques (ph, hygrophilie, trophie). Parmi celles déterminantes de ZNIEFF, nous pouvons notamment citer les végétations suivantes: ??forêts acidiphiles à mésoacidiphiles subatlantiques du Cf. Vaccinio myrtilli - Fagetum sylvaticae et du Lonicero periclymeni - Fagetum sylvaticae sur les sols plus ou moins podzolisés des buttes sableuses (sous sylvofaciès de chênaies-charmaies ou enrésinées, ce qui obère une partie des potentialités phytocénotiques de la forêt) ??chênaies-charmaies mésohygrophiles à Primevère acaule (plante protégée en région Nord Pas de Calais) relevant du Primulo vulgaris-Carpinetum betuli qui serait considéré comme spécifique des argiles de Flandre et par extension des argiles de Louvil présentant des forêts similaires ???laies forestières plus ou moins humides avec diverses végétations herbacées très originales : végétations mésotrophiles acidiphiles à acidiclines du Junco acutiflori - Molinietum caeruleae et du Carici demissae – Agrostietum caninae, dont le développement est optimal dans les layons forestiers inondables, végétations fragmentaires plus neutrophiles à Molinie bleue et Laîche glauque du Molinion caeruleae - mégaphorbiaie acidicline du Junco acutiflori-Filipenduletum ulmariae… Au total, ce sont donc onze végétations et vingt trois taxons déterminants de ZNIEFF qui sont actuellement connus en forêt domaniale de Clairmarais. La faune présente sur la ZNIEFF de la forêt domaniale de Clairmarais et ses lisières est particulièrement importante (34 espèces déterminantes). Cette richesse est due à la superficie du site, à la diversité de ses milieux et à sa proximité avec le marais audomarois (ZNIEFF 023-01 Etangs et marais du Romelaere, ZNIEFF 023-03 Les praries humides de Clairmarais et du Bagard, etc.). Concernant la batrachofaune déterminante présente sur le site, l’Alyte accoucheur est assez commun en région (GODIN, 2003). Le Triton crêté, inscrit en Annexe II de la Directive européenne Habitat, est assez commun en région, d’où l’importance particulière des populations régionales pour sa conservation (GODIN, 2003). Parmi les neuf espèces déterminantes de Rhopalocères observées sur le site, la Thécla du prunier (Satyrium pruni) est rare en région (HAUBREUX [coord.], 2005) et son habitat est menacé dans l’ensemble de son aire de répartition française (DUPONT, 2001). L’espèce est localisée dans les lisières, broussailles et bois clairs (LAFRANCHIS, 2000). Le Grand mars changeant (Apatura iris) est également sur la liste des espèces dont l’habitat est menacé sur l’ensemble de son aire de répartition en France (DUPONT, 2001). Cette espèce assez rare en région (HAUBREUX [coord.], 2005) est observée dans les lisières et clairières de forêt, principalement dans les vieilles hêtraies, les berges des étangs et les forêts alluviales (LAFRANCHIS, 2000). Le site abrite également sept espèces déterminantes d’Odonates. Parmi elles, le Sympétrum jaune (Sympetrum flaveolum) et le Sympétrum commun (Sympetrum vulgatum), tous deux inscrits à la Liste rouge nationale (DOMMANGET, 1987) et peu communs dans la région (GODIN et al., 2003) ; la pérennité des populations de ces deux espèces n’est cependant pas certaine. Le Sympétrum jaune se rencontre principalement dans les prairies humides à inondations printanières prolongées mais aussi dans les zones marécageuses et les marges des étangs (GODIN et al., 2003). La Libellule fauve (Libellula fulva) est classée assez rare dans le Nord – Pas-de-Calais (GODIN et al., 2003). Elle se développe principalement dans les eaux mésotrophes stagnantes à légèrement courante. Le site abrite une des rares stations d’Aeschne isocèle (Aeschna isoceles), menacée en France. Cette espèce se dévellope dans les eaux stagnantes mésotrophes pourvues de végétation hélophytique bien développée dans lesquelles les larves se développent. Parmi les Orthoptères présents sur la ZNIEFF, le Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) est fortement menacé d'extinction dans la Liste rouge française pour le domaine némoral (SARDET & DEFAUT, 2004). L’espèce occupe en général les prairies humides à joncs et autres végétaux hygrophiles (COUVREUR & GODEAU, 2000). Le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), le Phanéroptère commun (Phaneroptera falcata) et le Criquet noir ébène (Omocestus rufipes) sont tous trois considérés comme étant assez rares en région (FERNANDEZ et al., 2004). Le Phragmite des joncs et la Bondrée apivore sont tous deux nicheurs certains sur le site. Cette dernière est inscrite à l’Annexe I de la Directive Oiseaux, elle est cependant commune en région (TOMBAL [coord.], 1996). En période de reproduction, la Bondrée apivore vit dans des boisements de plusieurs dizaines d’hectares au minimum, entourés de quelques centaines d’hectares de prairies (TOMBAL [coord.], 1996). L’Engoulevent d’Europe, inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseaux et assez rare en région (TOMBAL [coord.], 1996), et la Sarcelle d’hiver sont des nicheurs possibles sur le site. Quatre espèces déterminantes de Chiroptères ont été identifiées au niveau de la forêt de Clairmarais et ses lisières. Parmi elles, le Murin de Brandt est inscrit à l’Annexe IV de la Directive Habitats, il est exceptionnel en région (FOURNIER [coord.], 2000) ; l’espèce est principalement liée aux forêts ouvertes (ARTHUR & LEMAIRE, 2009). La Pipistrelle de Nathusius est également une espèce forestière (ARTHUR & LEMAIRE, 2009). Elle est identifiée comme étant quasi-menacée dans la Liste rouge nationale (UICN France et al., 2009). Elle est peu commune dans le Nord – Pas-de-Calais (FOURNIER [coord.], 2000).

Comments on the delimitation

Une extension est proposée au nord-ouest (secteur de Booneghem), pour intégrer un réseau de prairies entrecoupées de fossés et ponctuées de petits étangs, au sein desquels le Myriophylle verticillé (Myriophyllum verticillatum), la Berle à larges feuilles (Sium latifolium) et le Jonc à fleurs obtuses (Juncus subnodulosus) se développent. Une seconde petite extension, correspondant au casier hydraulique du Marais du Grand Saint-Bernard, est proposée au sud-ouest de la ZNIEFF et de manière disjointe. Ce casier abrite plusieurs petites roselières au sein desquelles trouve refuge la dernière population connue de Cicutaire vireuse (Cicuta virosa) de la région Nord Pas-de-Calais. Cette plante amphibie, protégée dans la région est également en très forte régression dans les plaines française et figure d'ailleurs au tome 2 du Livre rouge de la flore menacée de France. Ce casier a également abrité jusque dans les années 1980-1990 d'importantes populations de Stratiote faux-aloès (Stratiotes aloides), mais cette plante semble y avoir disparu depuis plusieurs années.