Site d’intérêt patrimonial de niveau européen dont une partie est classée en Réserve naturelle nationale.
Remarquable système de dunes médiévales et contemporaines récentes et de dunes plus anciennes plaquées sur les falaises de craies fossiles de la branche méridionale de l’anticlinal de l’Artois. Les premières, d’altitude faible à moyenne (5 à 30 m), sont creusées de plus ou moins vastes dépressions inondables où affleure la nappe d’eau douce (ou saumâtre à proximité du Pli de Camiers notamment) et sont, pour certaines, alimentées par des sources et résurgences de la nappe de la craie, l’une d’elles donnant naissance au ruisseau de Camiers.
L’hygrosère dunaire nord-atlantique et la xérosère des côtes de la Manche orientale trouvent ici une bonne expression, même si les enrésinements, diverses plantations de feuillus et certaines activités ou occupations passées obèrent quelque peu la maturation, la diversification floristique et l’extension spatiale des végétation potentielles (forêts dunaires mésophiles à xérophiles en particulier). A cet égard, les végétations les plus rares de ce système dunaire sont celles qui trouvent ici les conditions idéales de leur développement, au niveau de pannes et petites plaines dunaires longuement inondables, sur sol oligotrophe minéral à plus ou moins organique (Carici pulchellae - Agrostietum "maritimae", habitat optimal du Liparis de Loesel (Liparis loeselii), dont plusieurs stations sont connues et suivies depuis de nombreuses années par les gardes de la réserve ; Ophioglosso vulgati - Calamagrostietum epigeji …).
Le système subhalophile du Pli de Camiers est également d’une très grande originalité phytocoenotique, avec diverses végétations de grande valeur et très fragiles liées au contact dune/pré-salé, et dépendantes de gradients complexes de salinité (eau douce, eau saumâtre, eau salée) [Junco maritimi - Caricetum extensae, Oenantho lachenalii - Juncetum maritimi, Agrostio stoloniferae - Caricetum vikingensis, variante à Hydrocotyle vulgaris et Juncus subnodulosus…].
Par ailleurs, l’estuaire de la Canche est le seul estuaire de type picard ayant conservé une rive nord, « le musoir », indemne de tout endiguement conséquent et altérations notables (par urbanisation notamment), constituant ainsi, d’un point de vue géomorphologique, un site unique que l’on peut qualifier d’exceptionnel avec son système complexe de contre poulier du Pli de Camiers, associé par ailleurs au vaste ensemble de dunes plaquées sur l’ancienne falaise crétacique et au poulier de la rive sud, avec un système d’avant dune fonctionnelle aujourd’hui en partie préservé.
Enfin, on peut également insister sur certaines pelouses dunaires originales mais encore mal connues, dans les arrière dunes les plus internes mais non ou peu décalcifiées du fait de la proximité du sous-sol crayeux qui localement peut affleurer, en raison de l’érosion éolienne qui a fait disparaître les placages sableux.
Il s’agit de l’une des ZNIEFF littorales les plus riches de la région sur le plan floristique. Pas moins de 131 espèces végétales déterminantes de ZNIEFF y ont été observés depuis 2001 dont 49 sont protégés dans le Nord-Pas de Calais et sept en France (Liparis loeselii var. ovata, Littorella uniflora, Crambe maritima, Leymus arenarius, Pyrola rotundifolia var. arenaria, Ranunculus lingua et Viola tricolor subsp. curtisii). Une espèce, le Liparis de Lœsel est d’intérêt communautaire.
Parmi cette richesse floristique, les espèces d’intérêt patrimonial majeur sont très nombreuses et illustrent la diversité des habitats du site, citons plus particulièrement les taxons suivants : Littorelle des marais (Littorella uniflora), en voie de grande raréfaction suite à la disparition de ses biotopes d’élection ; Laîche étirée (Carex extensa), typique des estuaires où elle n’est connue que de quelques rares sites ; Epine-vinette (Berberis vulgaris), dont il s’agit de la seule population indigène relictuelle encore connue pour le Nord – Pas de Calais ; Botryche lunaire (Botrychium lunaria), une petite fougère également rarissime à l’échelle du territoire d’agrément et principalement présente en système dunaire ; Bois joli (Daphne mezereum), petit arbuste des forêts mésophiles neutrophiles à calcicoles présent uniquement à proximité de Sainte-Cécile dans le domaine du Rohart, une des trois dernières populations régionales et la plus importante (mais l’indigénat est à confirmer).
Les Dunes de Camiers et de la Baie de Canche figurent parmi les premiers sites d'importance régionale pour la faune tant pour le nombre d'espèces déterminantes présentes que pour le caractère patrimonial régional et national de certaines d'entre elles. En effet, 87 espèces déterminantes ont été recensées sur cette ZNIEFF : quinze espèces de Rhopalocères, huit d’Odonates, sept d’Orthoptères, une de coccinelle, quatre d’Araignées, trois de mollusques, une de poisson, cinq d’Amphibiens, six de Mammifères et 37 d’Oiseaux nicheurs. A cette liste s’ajoutent deux espèces complémentaires d’Odonates.
Pour la faune, cette ZNIEFF est la plus riche de la partie sud du littoral car elle accueille une grande diversité faunistique dans chacun des groupes inventoriés. Ce résultat est le reflet de la diversité des milieux des dunes de la plaine maritime picarde (pannes, pelouses, dunes blanches, estran, prés salés, roselières, marais arrière-dunaire, ruisseaux côtiers).
Les espèces de Rhopalocères et d’Odonates listées ne sont pas nécessairement régulières sur le site mais sont néanmoins présentes dans la liste puisqu’observées au moins une fois pendant la période indiquée.
Près d'un tiers des espèces déterminantes du Nord – Pas de calais de papillons de jour ont été contactées sur le site pendant la période.
Le cortège de Rhopalocères déterminants observés sur les Dunes de Camiers et la Baie de Canche comprend des espèces typiques du milieu dunaire. Parmi ceux-ci, le Petit nacré et l'Agreste sont assez rares au niveau du Nord – Pas de Calais du fait de leur confinement au cordon littoral (HUBERT & HAUBREUX, 2014). Plusieurs espèces sont des habitants des prairies maigres et des pelouses. Parmi celles-ci, on peut citer plusieurs hespéries : l’Hespérie de la mauve rare dans le Nord – Pas de Calais, l'Hespérie du chiendent, en danger critique d’extinction dans le Nord – Pas de Calais, Le Point-de-Hongrie, assez rare dans le Nord – Pas de Calais (LAFRANCHIS, 2000 ; HUBERT & HAUBREUX, 2014). La Mélitée du plantain est également une habitante des pelouses, friches et prairies maigres, très rare dans le Nord – Pas de Calais, inféodée aux plantains et dont la répartition est restreinte à une partie du littoral du Pas-de-Calais (HUBERT & HAUBREUX, 2014). La dynamique de la population de cette espèce est particulière et la conservation de l'espèce passe par le maintien de noyaux potentiels pour la reproduction de l'espèce mais qui ne sont pas occupés tous les ans. On peut également citer le Demi-Deuil et la Mégère dans ce type d’habitat (LAFRANCHIS, 2000), tous deux assez communs dans le Nord – Pas de Calais (HUBERT & HAUBREUX, 2014). L’Argus frêle est un azuré assez rare et le plus petit du Nord – Pas de Calais. Il est étroitement lié aux anthyllides vulnéraires et s’observe principalement sur des pelouses et prairies maigres (LAFRANCHIS, 2000 ; HUBERT & HAUBREUX, 2014).
Quatre autres espèces, bien que non strictement liées aux milieux littoraux trouvent des habitats favorables ici. La Thécla du bouleau qui est plutôt inféodée aux milieux où poussent sa plante-hôte principale, le Prunellier (haies, lisières, broussailles). La Thècle de la ronce est une espèce qui apprécie les lisières, les prairies bocagères, les landes et les milieux broussailleux. Le Petit sylvain est une espèce forestière inféodée aux chèvrefeuilles (LAFRANCHIS, 2000). L'Hespérie de la houque est quasi menacée dans le Nord – Pas de Calais (HUBERT & HAUBREUX, 2014) ; elle est observée en milieux ouverts herbeux et en prairies forestières (LAFRANCHIS, 2000). Enfin, la Grande tortue, espèce forestière, n'a pas été revue depuis 2006.
Parmi les espèces d'odonates, on notera particulièrement l'Agrion de Mercure qui se développe dans le ruisseau de Dannes-Camiers. L'habitat occupé ici est original, comme sur tout le bassin versant du ruisseau de Dannes-Camiers, ruisseau sur sable. L'alimentation des ruisseaux se fait par résurgence de la nappe de la craie et non pas par la nappe des dunes, et correspond mieux avec son écologie dans le reste du domaine biogéographique.
L'agrion bénéficie de la gestion extensive du cours d'eau laissant place à la succession de différents faciès d'écoulement et permettant le développement de cressonnières du bord des eaux (Apion nodiflori) où l'espèce pond. L’œuf va éclore après quelques semaines, au moins quatre mais sans doute plus. La larve passe, a priori, deux années dans l'eau et occupe les sédiments et les racines des herbiers. Les curages et faucardages fréquents sont très dommageables pour l'espèce impactant directement les larves mais perturbant également l'habitat.
Ces ruisseaux côtiers sont également le lieu de développement du Cordulegastre annelé dont la larve se développe dans les zones calmes des cours d'eau en plusieurs années. La larve reste enfouie et chasse à l'affût, elle profite également d'une gestion extensive du cours d'eau avec succession de différents faciès d'écoulement.
Parmi les espèces des zones humides, près de la moitié des espèces déterminantes d'Amphibiens du Nord – Pas de calais se reproduit sur le site : parmi celles-ci, il faut noter la présence du Crapaud calamite et du Pélodyte ponctué qui occupent ici un de leur habitat primaire dans le Nord – Pas de Calais, constitué par les pannes dunaires de première importance pour le maintien des populations régionales. Le Pélodyte ponctué est en outre, dans le Nord – Pas de Calais, en limite de son aire de répartition, ce qui confère une importance particulière à tous les sites où il se reproduit.
Inscrit en annexe II de la Directive Habitat-Faune-Flore, le Triton crêté est néanmoins assez commun dans la région ce qui confère aux populations du Nord-Pas de Calais une importance particulière en terme de conservation. La Rainette arboricole fréquente les points d'eau bordés de végétation arbustive. Peu commune au niveau du Nord – Pas de Calais, sa répartition est essentiellement littorale (GODIN & QUEVILLART, 2015).
Les sept espèces d’Orthoptères déterminantes présentes sur la ZNIEFF peuvent se répartir en deux grands groupes : les espèces colonisant les pelouses rases et plutôt sèches et les espèces liées aux zones humides. Parmi les espèces du premier groupe se trouvent des taxons particulièrement rares ou menacés dans le Nord – Pas de Calais. Le Gomphocère tacheté est assez rare dans le Nord – Pas de Calais et confiné au littoral et au bassin minier (CABARET, 2010). Le Grillon champêtre est rare et fortement menacé d’extinction dans le Nord – Pas de Calais du fait de sa distribution restreinte. La Decticelle chagrinée est un habitant des lieux xériques à végétation clairsemée (BELLMANN et al., 2009). Elle est assez rare dans le Nord – Pas de Calais (CFR, 2016).
Parmi le groupe d’orthoptères liés aux zones humides se trouve le Conocéphale des roseaux, fortement menacé dans la Liste rouge française pour le domaine némoral (SARDET & DEFAUT, 2004). Cette espèce est inféodée aux hautes végétations de joncs, laîches et graminées (BELLMANN et al., 2009). Le Tétrix des vasières est une espèce assez rare dans le Nord – Pas de Calais mais qui préfère les sablières humides et les vasières (BELLMANN et al., 2009). Le Criquet marginé est un habitant des prairies humides, peu commun dans le Nord – Pas de Calais.
Estuaire le plus important entre la Baie de Somme, la baie d‘Authie et les grandes zones littorales de Hollande et du sud-est de l'Angleterre, la baie de Canche joue un rôle essentiel lors des grandes migrations printanières et automnales ainsi que pour l'hivernage de nombreuses espèces d’oiseaux aquatiques. Parmi les espèces nicheuses, 22 espèces sur 37 sont liées aux milieux humides. Parmi les espèces les plus remarquables, on trouve plusieurs espèces inféodées aux roselières ou aux cariçaies. Parmi elles, le Butor étoilé est rare dans le Nord – Pas de Calais et inscrit en annexe I de la Directive Oiseaux. Il est inféodé aux marais de plaine avec des végétations denses de grands hélophytes, trouées de petites pièces d’eau ou de canaux (MNHN, 2012). La Gorgebleue à miroir et la Panure à moustache sont très rares dans le Nord – Pas de Calais. Parmi les autres habitants des roselières, nous pouvons citer le Râle des genêts et le Râle d’eau, respectivement rare et assez rare dans le Nord – Pas de Calais. Le Gravelot à collier interrompu est également une espèce très rare dans le Nord – Pas de Calais, inféodée aux zones humides. Il a cependant des préférences d’habitats différentes des précédentes espèces et niche dans des zones à substrat sablonneux, caillouteux ou de galets à végétation clairsemée ou absente (MNHN, 2012).
Plusieurs autres espèces d’oiseaux déterminantes et particulièrement remarquables vivent dans des habitats ouverts et plutôt secs. On peut citer notamment le Cochevis huppé, rare dans le Nord – Pas de Calais, que l’on peut observer dans plusieurs types d’habitats qui ont en commun une végétation assez clairsemée, un sol peu accidenté et plutôt sec. L’Engoulevent d’Europe est un oiseau rare dans le Nord – Pas de Calais et inscrit à l’Annexe I de la Directive Oiseaux. Cette espèce migratrice établit son territoire dans des espaces semi-ouverts, semi-boisés, avec une mosaïque de zones buissonnantes et de zones de sol nu. L’Alouette Lulu est une espèce thermophile qui habite des milieux ouverts, chauds et secs : landes, coteaux calcaires, cultures bocagères, etc. Elle est très rare dans le Nord – Pas de Calais et est inscrite en Annexe I de la Directive Oiseaux.
Le périmètre de la ZNIEFF est principalement concentré sur l’ensemble de l’estuaire de la Baie de Canche ainsi que sur le massif dunaire de Camiers et les dunes plaquées en arrière de la départementale. Le périmètre de la ZNIEFF 1ère génération a été complété en 2010 dans sa partie nord par l’adjonction du domaine du Rohart (géré par le Conservatoire des espaces naturels du Nord et du Pas-de-Calais), site abritant plusieurs habitats déterminants de ZNIEFF ainsi que de nombreuses espèces déterminantes (dont Daphne mezereum, Hippuris vulgaris, Menyanthes trifoliata, Dactylorhiza praetermissa, Ranunculus lingua, Primula vulgaris …). Le périmètre de la ZNIEFF a été étendu dans sa partie sud (le long du littoral), en englobant un ancien camping et un cordon dunaire abritant de nombreux éléments déterminants de ZNIEFF (Eryngium maritimum, Leymus arenarius, Calystegia soldanella, Corynephorus canescens, Viola saxatilis subsp. curtisii …), ainsi qu’un remarquable ensemble de dunes embryonnaires au niveau du poulier de la pointe du Touquet, cette zone étant en grande partie en site classé.
La zone située au sud du lieu-dit le Val des Sablons et en périphérie nord de la ZNIEFF n’a pas fait l’objet d’une expertise phytosociologique suffisante en 2016 pour justifier son intégration, la prairie à Hydrocotyle commune et Jonc à fleurs obtuses (cf. Hydrocotylo vulgaris - Juncetum subnodulosi) et la cariçaie à Laîche paniculée (Cf. Caricetum paniculatae) nécessitant une meilleure caractérisation pour confirmer les rattachements proposés. La zone est en effet utilisée pour des activités de pleine nature (accrobranche) et fait par conséquence l’objet d’une importante pression anthropique. Cependant, des boisements naturels à semi-naturels en majorité mésophiles pourraient aussi présenter un intérêt particulier, alors que d’autres sont plus artificiels.