ZNIEFF 310013296
Bois de la Justice, bois d'Auxi-le-Château et pâture à "mille trous"

(n° regional: 00920002)

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Deux bois occupent la partie sommitale de crêtes sur limons pléistocènes plus ou moins décalcifiés, séparées par un vallon en partie cultivé (fond de Buire). Le restant des zones de plateau est couvert de cultures. Les pentes qui redescendent vers la vallée de l’Authie, où affleurent du haut vers le bas de la craie blanche à silex(Sénonien), de la craie grise (Turonien supérieur) et des « marnes » (Turonien moyen), font surtout l’objet de cultures. Elles présentent cependant quelques éléments plus naturels : boisements de fonds étroits, rideaux avec haies et fourrés de recolonisation, et un remarquable secteur de pelouses, d’ourlets et de végétations arbustives calcicoles (Pâture aux mille trous).

Complexe forestier sur substrat variés et en expositions diverses avec nombreux gradients d’hygrophilie, de trophie et de pH au sein des forêts typiques de l’Artois méridional, les potentialités floristiques et phytocénotiques étant localement perturbées par des plantations d’essences non indigènes ou ne correspondant pas à celles des types forestiers climaciques.

Les communautés forestières et associées les plus remarquables ou les plus typiques de par la diversité des variations écologiques observées sont les suivantes :

- fragments de forêts calcicoles mésoxérophiles sur craie sénonienne relevant probablement du Daphno laureolae - Fagetum sylvaticae et hébergeant, comme la forêt de Labroye et les bois contigües, la Céphalanthère blanche (Cephalanthera longifolia), le Cornouiller mâle (Cornus mas), ainsi que plusieurs autres espèces rares thermopiles à rechercher car non revues récemment(Vincetoxicum hirundinaria, Rosa agrestis et Rosa micrantha), et particulièrement liées au microclimat plus chaud de certains secteurs bien exposés et abrités

- forêts neutrophiles à neutro-calcicoles du Mercuriali perennis - Aceretum campestris hébergeant notamment diverses orchidées déterminantes (Neottia nidus-avis, Ophrys insectifera, Orchis mascula, Orchis purpurea…), l’Hellébore occidental (Helleborus viridis. subsp. occidentalis) et surtout la Dentaire à bulbilles (Dentaria bulbifera) dont les populations sont cantonnées aux hautes terres artésiennes, leur conférant un caractère submontagnard certain

- ourlet et lisières calcicoles associées à ces deux types forestiers très bien développées avec vestiges de pelouses thermophiles (Avenulo pratensis - Festucetum lemanii) voilées de genévriers (Groupement à Juniperus communis), dont l’intérêt floristique est illustré par tout un cortège d’espèces rares à exceptionnelles pour la région Nord Pas de Calais, dont plus de la moitié des taxons déterminants du site (Orchis militaris, Parnassia palustris, Galium pumilum, Avenula pratensis …)

- forêts neutroclines à acidiclines à Jacinthe des bois qui semblent avoir plus souffert des modes d’exploitation sylvicole actuels et passés, ceux-ci ne permettant pas toujours l’expression de la flore herbacée typique et la structuration spatiale des différents étages arbustifs et arborescents. Des ourlets intra ou périforestiers originaux, mésotrophiles à mésoeutrophiles, s’y maintiennent ou s’y développent cependant, au niveau de layons plus ou moins ombragés (Hyacinthoido non-scriptae - Stellarietum holosteae notamment).

Le niveau de connaissances de ce site est assez bon en moyenne, mais les bois privés mériteraient des prospections plus importantes car ils sont nettement moins connus que la Pâture à mille trous qui est une RNR gérée par le Conservatoire régional des espaces naturels (CSNNPC) ayant fait l’objet d’observations floristiques régulières.

Au total, ce sont donc au moins huit végétations et vingt-cinq espèces ou sous-espèces qui sont déterminantes de ZNIEFF pour ce site.

Ce complexe forestier à habitats variés, entouré d’ourlet et lisière calcicoles, accueille une faune diversifiée, et principalement des Rhopalocères. L’extension au sud-ouest de la ZNIEFF, incluant la voie ferrée déclassée, abrite une espèce déterminante : la Vipère péliade.

Parmi les papillons de jour présents sur le site, quatre espèces sont déterminantes dans le cadre des ZNIEFF. Le Bel-Argus (Polyommatus bellargus), rare à l’échelle régionale (HAUBREUX [coord.], 2005), et l’Argus frêle (Cupido minimus), assez rare en région (HAUBREUX [coord.], 2005), sont inféodés aux prairies maigres et pelouses (LAFRANCHIS, 2000). L’Azuré des nerpruns (Celastrina argiolus) et le Demi-deuil (Melanargia galathea) sont tous deux peu communs dans le Nord – Pas-de-Calais (HAUBREUX [coord.], 2005). Le premier est observé dans les lisières, haies, jardins et bois clairs et le second fréquente les prairies maigres et les pelouses (LAFRANCHIS, 2000).

Seule espèce déterminante d’Orthoptère, le Phanéroptère commun (Phaneroptera falcata) est assez rare dans la région (FERNANDEZ et al., 2004). Il est néanmoins en expansion vers le Nord de la Belgique (COUVREUR & GODEAU, 2000) et en Allemagne (HOCHKIRCH, 2001).

La Vipère péliade, rare dans le Nord – Pas-de-Calais, est également présente sur le site. Les habitats fréquentés par l’espèce sont caractérisés par une végétation herbacée dense avec des secteurs plus dégagés et ensoleillés. Un faciès d’ourlet forestier ou un début de reboisement est souvent observé (JACOB et al., 2007).

Une espèce déterminante de Chiroptère a été observée sur le site : la Pipistrelle de Nathusius. Cette espèce forestière (ARTHUR & LEMAIRE, 2009) est inscrite à l’Annexe IV de la Directive Habitats, elle est classée quasi-menacée à l’échelle nationale (UICN France et al., 2009) et elle est peu commune dans le Nord – Pas-de-Calais (FOURNIER [coord.], 2000).

Comments on the delimitation

Une extension a été proposée au sud-est du périmètre actuel de la ZNIEFF, notamment pour englober une station de Laitue vivace (Lactuca perennis), espèce exceptionnelle et gravement menacée d’extinction.