ZNIEFF 420030362
Vallées de la Largue, de sa source à sa confluence avec l'Ill, et de ses affluents

(n° regional: 2685052)

General comments

La Largue est une des principales rivières du Sundgau avec l'Ill. Le parcours de la Largue, cours d’eau méandreux, traverse deux régions naturelles qui se distinguent par leurs caractéristiques physiques, hydrographiques et géologiques :

- la montagne jurassique, à sa source

- le haut et le moyen Sundgau

Trois tronçons peuvent être distingués : l’amont de la source dans le massif jurassien (de Winkel à Levoncourt), la partie orientée vers le nord-ouest jusqu’à Dannemarie où la rivière a généré un petit lit majeur ; le dernier tronçon où la rivière sinue dans un vaste lit majeur vers le nord-est et l’Ill. C’est dans sa partie médiane que le lit mineur de la Largue est le plus actif avec des sapements et des annexes hydrauliques et une zone inondable qui s’étend sur tout le lit majeur.

Le site concerne également en partie deux affluents de la Largue : le Largitzenbach et le Grumbach.

La Largue prend sa source dans les contreforts septentrionaux du Jura Alsacien à 550m d'altitude, dans la massif karstique du Glaserberg à Oberlarg. Longue d'environ 50 km elle rejoint en rive gauche, le plus important cours d’eau d’Alsace : l’Ill, en aval à Illfurth. La Largue traverse globalement trois secteurs géologiques. Elle naît dans un bassin sédimentaire calcaire datant du Jurassique (ère secondaire). Elle passe rapidement dans un bassin marnocalcaire avec des couches de l’ère tertiaire datant du pliocène dans la partie la plus amont et de l’oligocène dans la partie avale (cailloutis du Sundgau). Ces couches géologiques sont recouvertes par des formations de surfaces composées de limons et d’alluvions plus ou moins récentes, principalement composés par des loess et lehms décalcifiés.

Du jura naissant aux basses vallées alluviales, la Largue a d’abord sculpté dans les dunes de lœss de la préhistoire, un paysage de collines forestières et de vallées. Puis, les premiers aménagements, qui caractérisent aujourd'hui la vallée alluviale, correspondent à la création de nombreux étangs (plus de 800) liés à la pisciculture de la carpe, tradition héritée des moines du XIIème siècle.

L’occupation des sols dans la vallée de la Largue est restée très rurale et est principalement orientée vers l’agriculture et notamment vers l’élevage laitier et les prairies de fauche. Les surfaces en herbe sont ici encore relativement importantes. La partie amont du lit majeur est exploitée en prairies permanentes (élevage laitier), alors qu’à l’aval de Dannemarie, où les limons fertiles favorables à l’agriculture sont plus importants, les parcelles en céréales et en prairie temporaire réduisent ou amenuisent la qualité des prairies.

Les villages traversés ont également conservé des caractéristiques rurales, avec des ceintures de vergers et en évitant l’urbanisation des zones inondables.

En effet, la rivière présente des fluctuations saisonnières de débit, avec des hautes eaux hivernales et d'importants étiages en été. Les crues peuvent être très importantes. Le secteur aval présente des débits très importants en période de crue et est régulièrement inondé. La rivière apporte ainsi des alluvions fertiles dans les prairies humides qui la bordent.

Les paramètres physico-chimiques montrent une qualité d’eau variant de passable à bonne. Les éléments qui semblent le plus altérer la qualité du cours d’eau sont les nitrates, les matières phosphorées et les particules en suspension, reflets de l’eutrophisation du cours d’eau. L’évolution globale tend vers une amélioration de la qualité de l’eau.

La Largue présente une qualité physique assez bonne. En effet, la Largue est l’un des rares cours d’eau ayant subi peu de transformation et possédant encore un bon fonctionnement hydromorphologique. Ce bon état est notamment la conséquence des actions du Le Syndicat Mixte pour l’Aménagement et la Renaturation de la Largue en faveur de la ripisylve qui protège les berges de l’érosion. Les enrochements de berge existent mais sont ponctuels.

Sur tout son cours, la Largue présente une ripisylve (végétation rivulaire) riche et variée, offrant aux nombreuses espèces qu’elle abrite le gîte, le couvert, ainsi qu’un espace de circulation fonctionnel, reliant des milieux et habitats variés des lits mineurs et majeurs. Cette richesse faunistique et floristique a valu à la Largue et à sa ripisylve, un classement en zone Natura 2000, site dont la conservation et la préservation sont d’intérêt communautaire européen. Les rivières et leurs ripisylves représentent des « axes de circulation » priviligiés pour toute la faune puisqu’elles relient, entre eux, une multitude de milieux variés (prairies, forêts, zones humides etc…).

De nombreux étangs ont été aménagés dans son basin versant (287 km²), particulièrement nombreux dans le lit majeur entre Courtavon et Friesen. Ces étangs qui piègent une partie de la charge solide et réchauffent l’eau du lit mineur ont généralement peu de valeur biologique. De nombreuses zones humides ont été supprimées ou dégradées par la création d'étangs ou de drainages agricoles (SAGE de la Largue 1999).

Concernant la faune, l’amélioration de la qualité de l’eau a incité le retour d’oiseaux comme le Cincle plongeur ou le Vanneau huppé. Le Castor, depuis les lâcher sur la Doller, s’est développé sur la partie aval de la rivière et compterait entre 15 et 30 individus de Mooslargue à Spechbach-le-bas. Le Courlis cendré, typique des prés humides du lit majeur, est en situation précaire mais semble se maintenir autour de Gommersdorf et Buethwiller.

Le SMARL vise une « reconquête de la qualité des cours d’eau et des milieux aquatiques » conforme aux objectifs de la Directive Cadre sur l'Eau (DCE) et un inventaire des zones humides a été lancé dans le bassin versant récemment. Le SAGE de la Largue estime « les zones inondables relativement bien conservées » le long de la Largue et de surcroît, protégées par le PPRI.

Les eaux courantes présentent des tronçons de rivière à Renoncule flottante et quelques annexes développent des végétations à macrophytes aquatiques remarquables mais l’ensemble est de faible recouvrement. Les habitats déterminants les plus développés sont les fragments de boisements alluviaux, en particulier l’Aulnaie-Frênaie.

Les prés mésohygrophiles sont les habitats les plus recouvrants du lit majeur et les habitats déterminants y sont très rares. Les poissons remarquables sont la Lamproie de planer et le Chabot (également présente sur tout le cours de la Largue) à l’amont, l’Anguille et la Bouvière à l’aval de Dannemarie (Fédération de pêche du Haut-Rhin 2009).

Le lit majeur de la Largue où les prairies humides et mésohygrophiles restent majoritaires apparaît important pour la population de Cuivré des marais, le Criquet ensanglanté et la Courtilière.

La partie médiane, au contact de la région des étangs du Sundgau, est plus forestière et accueille des espèces comme le Sonneur à ventre jaune et le Triton alpestre.

La vallée de la Largue constitue un corridor écologique majeur à l’échelle du Sundgau, tant pour les espèces aquatiques (Poissons, insectes, Crustacés) que pour les espèces terrestres (Mammifères, Oiseaux, Chiroptères, Reptiles et Amphibiens). Le secteur est fréquenté régulièremùent par le Blaireau européen et constitue un terrain de chasse favorable au Milan royal, qui niche dans les lisières des versants boisés de la vallée.

Le SMARL s’engage dans la connaissance et la gestion des zones humides du bassin versant et en particulier des zones humides alluviales sur le cours principal. La qualité des zones humide à l’aval étant fortement conditionnée par les pratiques agricoles, les MAET contractualisées dans le cadre du site Natura 2000 devraient améliorer la situation.

Un urbanisme diffus peut affecter localement les marges du lit majeur et ses habitats naturels, ainsi que certains projets d’infrastructures.

Comments on the delimitation

La délimitation de la vallée de la Largue repose sur la répartition des espèces et des habitats de la vallée alluviale, en intégrant le lit majeur, les zones inondables, les Zones Humides Remarquables du Haut-Rhin, les Zones Spéciales de Conservation de la Vallée de la Largue et Jura alsacien.

Les aspects de fonctionnalité sont intégrés (zones inondables), en relation avec les espèces liées aux zones humides (ex: Courlis cendré, Cuivré des marais).

La rivière fait l’objet d'un zonage sur l'ensemble de son linéaire des contreforts du Jura à Winkel jusqu'à sa confluence avec l'Ill, ceci afin de tenir compte de la continuité écologique du cours d'eau.