Cette ZNIEFF I s’inscrit dans la ZNIEFF II « Paysage de collines et grands ensembles de vergers de Saverne à Obernai » et se concentre sur la pelouse du Rippberg (342m), site majeur du massif du Dreispitz. Développée sur le Muschelkalk supérieur (couches à Cératites nodosus) une pelouse buissonnante pénètre vers la crête dans une forêt clairsemée formant une sorte de pré-bois protégé par le Conservatoire des Sites Alsaciens.
La forêt clairiérée du Rippberg est dominée par une essence subméditerranéenne, le Chêne pubescent (Quercus pubescens) qui trouvent ici sa limite nord en Alsace (Hoff, M., 1978). D’autres ligneux thermophiles l’accompagnent, notamment le Prunier de Sainte-Lucie (Prunus mahaleb) ou l’Eglantier à petites fleurs (Rosa micrantha) pour les plus remarquables. La strate arbustive comprend la Viorne lantane (Viburnum lantana), la Bourdaine (Frangula alnus) et l’Epine-vinette (Berberis vulgaris).
Le sous-bois et les lisières sont favorables à la Céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium), à l’Hépatique noble (Hepatica nobilis), à la Crépide rongée (Crepis praemorsa) ou à la très rare Anémone sylvestre (Anemone sylvestris). Cette dernière est une euro-sibérienne en limite occidentale de répartition, rare dans toute l’Europe (Jérôme, C., Klein J., 1999). Ces forêts clairiérées ont été progressivement défrichées, mises en culture ou pâturées puis abandonnées, ce qui a conduit aux pelouses méso-xérophiles actuelles, elles-mêmes soumises à la recolonisation par les ligneux. Une étude récente (Treiber, R., 2011) présente l’historique du site dans les termes suivants : « Le site relève probablement d’une ancienne pelouse sèche pâturée. Ses espèces caractéristiques telles la Koelérie pyramidale (Koeleria pyramidata), la Gentiane ciliée (Gentianella ciliata) ou encore la Gentiane d´Allemagne (Gentianella germanica) y sont encore présentes actuellement. L’abandon de la pratique du pâturage qui est probablement intervenu il y a 60 ans est attesté par la présence du Panicaut champêtre (Eryngium campestre) et du Cirse acaule (Cirsium acaule). L’arrêt du pâturage a profité à l´ Herbe aux cerfs (Peucedanum cervaria), mais les espèces des pelouses sèches ont perduré dans ces stations. La structure de la végétation a cependant subi des modifications, les espèces des ourlets à port plus élevé s’étant affirmées, reléguant les espèces à port prostré aux zones les plus pauvres (rabougries) ».
Ce genre de pelouse est caractérisée par la prédominance d’une graminée thermophile des sols secs et calcaires, le Brome érigé (Bromus erectus). S’y trouvent de nombreuses plantes typiques dont la plus remarquable est probablement l´Orchis musc (Herminium monorchis). Mentionné de longue date (Walter, E., 1930), qualifié d’ « assez répandu au Rippberg » (Kapp, E., 1975), puis un temps considéré comme disparu d’Alsace, il a été redécouvert sur une seule et même station avec 25 pieds environs (Treiber R., 2011). La colline abrite aussi le très rare Orchis odorant (Gymnadenia odoratissima) déjà cité anciennement (Kapp, E., 1975). Pour ces deux plantes, il s’agit de la dernière station connue d’Alsace (Engel & Mathé 2002). Klein E. mentionnait 19 espèces d’orchidées en 1932 et parmi les plus remarquables, subsistent aujourd’hui l’Orchis grenouille (Dactylorhiza viride), l’Orchis militaire (Orchis militaris), la Platanthère à fleurs vertes (Platanthera chlorantha) qualifiée d’ « assez rare à rare dans le Bas-rhin, dans le secteur des collines de Molsheim (...), nulle au nord de Saverne » (Engel & Mathé 2002) parmi les centaines de Platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia), des centaines d’Orchis moucheron (Gymnadenia conopsea), etc.
L’entomofaune associée à ces milieux est bien connue grâce à l’étude de Treiber R. menée en 2011. Elle se montre assez spécialisée à l’image d’un Syrphe plutôt rare, Merodon rufus, qui recherche les racines de Phalangère rameuse, de l’Argus nain (Cupido minimus), dont les chenilles sont inféodées à l’Anthyllide vulnéraire (Anthyllis vulneraria) et de la Petite violette (Clossiana dia), dont les chenilles sont strictement dépendantes de la Violette hérissée (Viola hirta). Les Abeilles sauvages, rarement étudiées pour l’instant, comptent les espèces rares suivantes : Bombus (Thoracobombus) humilis, Bombus (Thoracobombus) ruderarius, Bombus sylvarum, Bombus hortorum et Psithyrus bohemicus.
Les autres insectes remarquables connus sont un Orthoptère : la Decticelle bicolore (Metrioptera bicolor), un Lepidoptère : le Zygène du lotier (Zygaena loti), et un Syrphidae : Eumerus sinuatus (Treiber R., 2011).
Le périmètre est conçu pour englober un ensemble cohérent d’habitats d’espèces remarquables, inféodées aux milieux calcaires chauds, secs et ensoleillés typiques des collines.
La ZNIEFF est dessinée à partir des données disponibles concernant ce groupe d’espèces, sur un pas de temps déterminé (2001-2012), des connaissances bibliographiques concernant leurs exigences vitales (qualitativement et en termes de surfaces) et à partir des connaissances des habitats biologiques en présence. Outre la pelouse, la ZNIEFF prend en compte une partie du boisement incluant des clairières et montrant un bon potentiel de restauration de pelouses intra-forestières. Faute de données la limite ouest a été arbitraire.
Les contours de la ZNIEFF suivent les limites de la pelouse et les lisière forestières en excluant les parcelles de vignoble.