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DESCRIPTION
Dans le Haut-Jura plissé, le lac de la Fauge s’inscrit dans une dépression au sein des reliefs calcaires dominant les lacs d’Etival. Du fait de sa situation, il reste très enclavé et entièrement ceinturé par des formations forestières résineuses ou mixtes, ce qui lui confère une physionomie remarquable.
Ce lac tourbeux est une illustration des premiers stades de formation des tourbières. En effet, dans le massif jurassien, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à leur installation. A partir de cuvettes remplies d’eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l’eau libre (tremblants) puis atterrissement (bas-marais alcalin). Les sphaignes s’installent sous forme de coussins, contribuant à l’acidification du milieu. Une transition s’opère vers un bas-marais acide, puis vers une tourbière bombée (haut-marais acide).
Les pourtours de ce lac sont bordés de nombreuses formations à sphaignes, de cariçaies et de faciès de bas-marais à linaigrette bien typés. Cette végétation colonise petit à petit le plan d’eau lui-même des rives vers le centre sous forme de radeaux flottants. La flore aquatique est également luxuriante, surtout dans la partie du sud du lac, où se développent de belles formations de nénuphars et des tapis de potamots relativement denses.
Les habitats tourbeux hébergent un cortège de plantes caractéristiques, strictement inféodées aux conditions écologiques particulières de ces milieux. Ainsi, cette zone recèle plusieurs plantes rares, dont sept bénéficient d’un statut de protection. Parmi celles-ci, la fougère des marais et une mousse rare, Cynclidium stygium (toutes deux protégées en Franche-Comté) accompagnent le rossolis à feuilles rondes, la linaigrette grêle et la laîche des bourbiers (protégées en France). Quant aux eaux du lac, elles recèlent une flore aquatique variée où l'on retiendra la présence du petit nénuphar et du nénuphar du Jura, tous deux protégés en Franche-Comté.
A ces habitats est associée une faune typique. Par exemple, le cortège de libellules est particulièrement intéressant : les agrions gracieux et hasté, ainsi que les cordulies arctique et à taches jaunes comptent parmi les éléments les plus remarquables. Bien qu’elles soient encore assez communes en montagne en Franche-Comté, ces espèces ont disparu en plaine. Au vu de la physionomie du lac, il est probable que des taxons discrets et aux effectifs faibles puissent être recensés avec un effort d'échantillonnage plus conséquent. Parmi les papillons de jour, le moiré franconien, en régression en France, est mentionné dans les formations humides périphériques.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les tourbières sont des réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle régulateur important dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Toutefois, ces milieux sont particulièrement fragiles et sensibles aux perturbations, notamment sur le plan hydrologique.
Concernant le lac lui-même, il est essentiel de préserver les conditions oligotrophes (faible teneur en éléments nutritifs) et une stabilité des niveaux d’eau, facteurs indispensables au maintien des populations de nénuphars protégés. Par ailleurs, il conviendrait d’encadrer d'éventuels alevinages de façon stricte, car une densité élevée de poissons peut se révéler préjudiciable à la diversité des libellules (les larves étant très sensibles à la prédation). Actuellement, ce site est utilisé dans le cadre de pratiques de pêche de loisir et de randonnée. Localement, des dégradations liées à la surfréquentation ont été relevées sur les berges. L'aménagement de pontons pourrait être une bonne mesure de réduction des impacts.
