ZNIEFF 430002262
ZONE HUMIDE DU LOUTRE

(n° regional: 40047021)

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DESCRIPTION

 A l'est de Morez, le long de l'anticlinal de la Joux Devant, s'étend un bel ensemble de zones humides associé au Loutre. Cet étroit ruisseau prend naissance à l'ouest de Château-des-Prés et reçoit quelques affluents venant principalement de la zone humide des Crozats. En aval, plus au sud, le Loutre s'engouffre dans une étroite combe dominée par les hauteurs du bois de la Joux-Devant où il se perd en formant une belle zone marécageuse d'une grande valeur, tant d'un point de vue écologique (répartition et agencement des habitats, fonctionnalité) que paysager.

Dans le Massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l'installation de tourbières. Depuis environ 12 000 ans, à partir de cuvettes imperméabilisées remplies d'eau, les tourbières se forment et évoluent lentement : colonisation de l'eau libre (tremblants), bas-marais alcalin, puis tourbière bombée (haut-marais acide), et enfin assèchement et installation des ligneux. Il est rare que la tourbière colonise tout le bas-marais alcalin, on parle alors de tourbière mixte. Un marais de transition très humide et riche en espèces se développe fréquemment au contact du bas-marais alcalin et du haut-marais. Souvent, comme c'est le cas dans la zone humide du Loutre, différents stades et des formes de transition sont observés.

 Aux Prés Rennier, les prairies hygrophiles se révèlent favorables à plusieurs espèces de papillons diurnes peu communs comme le cuivré écarlate ou le petit collier argenté. Les mégaphorbiaies, formations végétales de hautes herbes, occupent la moitié de la superficie de la zone humide, principalement dans la partie sud. Les espèces remarquables sont la renoncule à feuilles d'aconit et l'aconit napel. Par leurs floraisons abondantes et réparties dans l'année, ces groupements sont favorables à de nombreux insectes floricoles constituent des lieux de nidification privilégiés pour le tarier des prés ou la rousserolle verderolle. Dans la partie centrale de la zone dominent d'autres formations denses et hautes, les cariçaies à grandes laîches (touradons de laîche des rives et de laîche pendante). Plus en aval se rencontrent des groupements de bas-marais alcalins, premiers stades de la formation d'une tourbière. Ces groupements, humides toute l'année, sont constitués par des radeaux flottants, plus ou moins instables, formés d'une végétation étroitement intriquée où l'eau affleure partout. On y trouve le troscart des marais, espèce protégée et devenue rare dans le massif du Jura. De nombreux bouquets de saules ponctuent le marais, occupant surtout ses franges. Ils apportent une diversification de structure favorable à l'installation d'une avifaune plus variée. En grande partie immergée, cet ensemble présente une grande valeur patrimoniale liée à son cortège floristique : plus de soixante plantes à fleurs sont dénombrées dont une protégée au niveau régional. Cette végétation originale est typique des tourbières et marais jurassiens.

Le cours du Loutre, très sinueux, présente une végétation immergée (potamots et myriophylles), amphibie (prêle des marais) et de grandes laîches en bordure. Ce milieu est propice à de nombreuses espèces de libellules et de demoiselles, parmi lesquelles l'agrion hasté et les rares leucorrhines douteuse et à gros thorax, espèces prioritaires recherchant principalement les eaux tourbeuses.

STATUT DE PROTECTION

La présence d'espèces végétales et d'insectes protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92 et 06/05/07).

OBJECTIFS DE PRESERVATION

La zone humide du Loutre n'est pas menacée actuellement, ni par des atteintes d'ordre anthropique ni par une évolution naturelle défavorable à la biodiversité.

 Cependant une route forestière longe la zone à l'est puis la traverse dans sa largeur. Cette voirie est susceptible d'induire des perturbations du fonctionnement hydrique naturel de la zone humide.

Prospection 2018:

 Il est difficile d’évaluer la typicité floristique et l’état de conservation des habitats turficoles de La Rixouse tant l’effet conjugué de la canicule et de la sécheresse est prégnant en juillet 2018.
Triglochin palustris L., 1753, déterminante ZNIEFF, mentionnée dans la fiche, n’a pas été vu.
L’absence de fauche des stades de mégaphorbiaies tend à augmenter la couverture des fourrés, déjà bien représentés. Les parties les moins tourbeuses (prairies à Trolle d’Europe) restent valorisées par l’agriculture : mode d’exploitation par fauche.
Au ruisseau de Chaumion, la mégaphorbiaie montagnarde à Aconit de Napel souffre d’aménagements hydrauliques (fossés de drainage) et de piétinement du au pâturage, tendant à des inversions de flore, à la banalisation prairiale et à l’eutrophisation des cortèges floristiques.
A Villard-sur-Bienne ou à la Rixouse, le drainage ou le pâturage, isole et fragmente la prairie paratourbeuse initiale à Molinie et Trolle, qui semble ne pas trouver sa place dans les systèmes d’exploitation agricoles actuels de l’AOC Comté, ce qui amenuise sa résistance face au dérèglement climatique.

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