DESCRIPTION
Au sud de Pontarlier, la vallée du Drugeon occupe une large cuvette qui repose sur des dépôts glaciaires où alternent des couches plus ou moins imperméables. Celles-ci sont à l’origine de la formation de vastes zones humides, notamment des tourbières. Dans son ensemble, ce bassin, où les milieux juxtaposés en mosaïque se complètent, constitue une unité écologique d’une valeur exceptionnelle, unique dans toute la chaîne jurassienne et en France.
Dans la partie septentrionale, le secteur compris entre Vau les Aigues et la Loitière correspond à une vaste zone humide largement ouverte où plusieurs entités tourbeuses sont disposées en mosaïque avec des prairies humides ou mésophiles, des mégaphorbiaies (formations humides de hautes herbes) et des cariçaies (groupements de grandes laîches). Le tout est ponctué d’étangs ça et là.
Dans cette zone, tous les stades de formation des tourbières sont représentés. Par exemple, au marais du Gouterot, on peut nettement observer les phénomènes d'évolution qui conduisent à la formation d'une tourbière alcaline à partir de l'eau libre. L’étape suivante se traduit par une transition vers un bas-marais acide, puis vers une tourbière bombée active (haut-marais acide). Enfin, l’assèchement et l’installation des ligneux marquent le stade ultime. Aux Quartiers et aux Champs Guidevaux, les anciennes fosses d’exploitation de tourbe sont recolonisées par des tourbières tremblantes, particulièrement remarquables. Parmi les nombreuses communautés végétales recensées, certaines sont en voie de disparition en France et d'autres spécifiques au Jura.
Cette zone revêt un intérêt floristique exceptionnel. Nombre de plantes adaptées à ces milieux originaux y sont recensées, la plupart étant rares et menacées : 16 d’entre elles sont protégées en France ou dans la région, comme l’andromède à feuilles de polium, les rossolis à feuilles rondes et à feuilles longues, l’œillet superbe, les laîches étoile-des-marais et des bourbiers et la polémoine bleue.
A ces habitats est associée une faune typique, notamment parmi les insectes (cinq papillons de jour ou libellules protégés sont mentionnés), amphibiens et reptiles. Enfin, la structure paysagère et les vastes surfaces humides sont favorables à l’accueil d’une avifaune remarquable : le râle des genêts, la marouette ponctuée, le courlis cendré, le vanneau huppé et la bécassine des marais y nichent régulièrement.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le site Natura 2000 « Bassin du Drugeon » au titre des Directives « Oiseaux » et « Habitats » et fait l’objet d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope en vue de la protection réglementaire des habitats d’espèces de flore et de faune protégées. En outre, les arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92, 23/04/07 et 29/10/09 relatifs aux espèces protégées confèrent indirectement un statut de protection au milieu : il est interdit de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent. Enfin, le bassin du Drugeon dans sa globalité est désigné comme « Zone humide d’importance internationale » au titre de la Convention de Ramsar.
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les zones humides (tourbières et prairies humides notamment) sont des réservoirs de biodiversité et jouent également un rôle régulateur important dans la circulation des eaux superficielles et souterraines de la région. Dans le cas du bassin du Drugeon, cet intérêt est rehaussé par la qualité exceptionnelle de cet immense secteur. Toutefois, ces habitats sont particulièrement fragiles et sensibles aux perturbations. Au cours du temps, diverses activités humaines et des tentatives d’aménagement ont porté atteinte à leur nature et à leur fonctionnement. Des opérations de restauration et de sauvegarde ont été initiées à partir de 1993 dans l’ensemble du bassin, avec la mise en œuvre de différents programmes (Life Drugeon, Natura 2000). En effet, la préservation de la fonctionnalité hydrologique et de la qualité des eaux apparaît comme un enjeu majeur pour la conservation des habitats humides et des espèces.