French Version
DESCRIPTION
Le secteur de Passonfontaine marque la transition entre les plateaux et la haute chaîne du Jura. Au sud du village, de larges bassins fermés s'étendent entre des lignes de relief allongées selon un axe sud-ouest/nord-est. Des dépôts marneux imperméables, intercalés dans les formations calcaires du Jurassique, sont à l'origine de la formation de zones humides dans ces dépressions.
Dans le massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l'installation de tourbières. A partir de cuvettes remplies d'eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l'eau libre (tremblants), puis atterrissement (bas-marais alcalin). Une transition s'opère vers un bas-marais acide avec l'installation des sphaignes, puis vers une tourbière bombée (haut-marais acide). Enfin, l'assèchement et l'installation des ligneux marquent le stade " climacique ". Souvent, la tourbière est dite " mixte ", présentant différents stades et des formes de transition riches en espèces. A cet égard, le site revêt un très grand intérêt en raison de la présence de tous les stades et mécanismes d'évolution d'une tourbière.
Celle des Grandes Planches regroupe l'ensemble des milieux caractéristiques : bas-marais alcalin, tourbière haute active et bétulaie sur tourbe, bordés de prairies paratourbeuses. Deux tourbières sont dégradées suite à un pâturage trop intensif : la Seigne Juan présente un faciès de prairies à molinie sur tourbe dégradée mais abrite encore quelques surfaces de tourbières de transition, hautes et boisées. Une mosaïque de milieux tourbeux similaires se retrouve Chez les Veuves, accompagnée d'un groupement à rhynchospore blanc.
Enfin, la Grande Seigne est la plus exceptionnelle : un vaste haut-marais actif à sphaigne de Magellan, d'une superficie supérieure à 60 hectares, est bordé par un bas-marais alcalin et des prairies paratourbeuses. L'ensemble, parsemé de bouleaux, est d'une homogénéité remarquable.
Ces tourbières sont parsemées de petits étangs et de trous à grenouilles, entourés de petites surfaces de roselières et de mégaphorbiaies ainsi que d'une aulnaie-saulaie marécageuse au nord de la Seigne Juan.
La richesse floristique de l'ensemble de la zone est importante, voire exceptionnelle pour les deux tourbières situées au nord. Parmi les 135 plantes recensées, l'andromède à feuilles de polium, les droseras à feuilles longues, rondes, ovales, la scheuchzérie des marais et la laîche des bourbiers sont des espèces remarquables, strictement inféodées à ces milieux originaux et protégées sur l'ensemble du territoire français. La présence des trois espèces de rossolis sur un même site est exceptionnelle. La pédiculaire des bois et la fougère des marais sont, quant à elles, protégées à l'échelon régional. En lien avec la diversité des habitats, l'intérêt entomologique de la zone figure parmi les plus élevés de Franche-Comté ; l'ensemble du cortège des papillons protégés est, en effet, présent sur le site (nacré de la canneberge, fadet des tourbières, solitaire...).
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'espèces végétales et d'insectes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés des 17/04/81, 20/01/82, 22/06/92, 22/07/93, 6/05/07, 23/04/07 et 19/11/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Un tiers environ du site est dégradé par le pâturage. Il conviendrait donc de limiter cette importante source d'atteintes du milieu. La sauvegarde de la zone est par ailleurs dépendante de l'absence de pratiques susceptibles de modifier les caractéristiques hydrologiques et trophiques des sols. Aussi, toute opération de drainage et tout apport d'engrais sont-ils à éviter dans la zone et aux environs immédiats. A l'initiative du Conservatoire des espaces naturels, un plan de gestion de la Grande Seigne vient d'être adopté pour la période 2007-2011. Enfin, cet ensemble revêt un intérêt international et, à ce titre, mériterait une protection réglementaire urgente.
