ZNIEFF 430002336
VALLON DU ROSELY OU ROSSLI

(n° régional : 50151002)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Au sein de vastes étendues de forêts montagnardes également riches en chaumes, éboulis, torrents au modelé glaciaire, la forêt de Saint-Antoine montre quelques marais, prés humides et tourbières. Le vallon du Rosely occupe le fond d'un cirque modelée par l'action d'un glacier quaternaire. En amont, la tourbière bombée du petit Rosely est principalement alimenté en eau par deux ruisselets prenant naissance au contact des chaumes de Servance ; elle est barrée par un verrou rocheux. Une autre tourbière, le Grand Rosely, s'étend 100 mètres plus bas dans une vaste dépression, fermée, elle aussi, par un verrou glaciaire.

Ces deux tourbières reposent sur une couche d'argile de décomposition du granite des Ballons ; compte tenu de l'alimentation en eau par ruissellement latéral, leur genèse est dite soligène car dépendante d'eaux de ruissellement issues des reliefs amont. Seul le centre évolue vers le type ombrogène (dépendant des eaux météoriques).

Historiquement, ces deux tourbières ont été largement utilisées par l'homme. Au 18ème siècle et jusqu'en 1850, elles sont exploitées comme pâture : le Grand Rossely est doté d'une marcairie de 30 à 40 bêtes paissant chaque été. L'extraction de tourbe sera pratiquée. En 1894, elles sont concédées à l'Armée Française qui les aménage en champ de tir jusque dans les années 1930. Le site sera ensuite restitué à ses propriétaires privés et un projet de recherche en uranium verra le jour dans les années 1990. Elles deviennent enfin propriété d'État. Le calme qui émane de ces lieux résulte donc d'une évolution somme toute récente ; ces deux tourbières sont cependant classées parmi les plus intéressantes de Haute-Saône.

Résultant de conditions variées quant à sa genèse et son histoire, ce site est remarquable pour la diversité des groupements végétaux qu'il abrite : cours d'eau de montagne, mégaphorbiaie hygrophile, prairie humide à renouée bistorte, prairie à molinie, végétation des gouilles à rynchospore, bas marais acide, tourbière de transition et tremblants, pré bois à bouleaux et, au cœur, tourbière haute active. La présence de callune et de molinie sur le Petit Rosely signifie un début d'assèchement né des deux ruisselets en bordure et fonctionnant comme des drains. La tourbière du Grand Rosely présente encore les stigmates de son passé tumultueux : drainage et boisement importants.

La flore est typique de hauts et bas-marais acides avec de nombreuses espèces rares et protégées telles que la rossolis à feuilles rondes ou la camarine noire (seule localité du département). Ces lieux offrent des conditions privilégiées pour plusieurs espèces d'odonates relictes glacières. Parmi les papillons remarquables, le nacré de la canneberge (protection nationale) est encore présent sur le site mais ses populations y sont en fort déclin suite à la fermeture excessive du milieu. Le lézard vivipare et la truite, eux aussi protégés, sont présents. Parmi les oiseaux, quatre espèces intéressantes sont connues : le cincle plongeur, la rousserolle verderolle, rare à l'échelle du massif des Vosges, et le bec-croisé des sapins ; le cassenoix moucheté a été entendu au cœur de la tourbière du Rosely (nidification probable en 2002). Enfin, seule mention sur tout le versant franc-comtois du massif vosgien, la crossope de Miller est signalée.

 

STATUT DE PROTECTION

Du point de vue réglementaire, une réserve naturelle a été mise en place pour assurer une préservation durable des milieux naturels et des paysages grâce à une réglementation stricte des activités. L'ensemble de cette réserve figure dans le réseau européen Natura 2000.

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Cette protection s'accompagne d'un plan de gestion finalisé en 2007. Il prévoit différentes mesures visant la préservation durable des tourbières :

- opérations de réhabilitation des tourbières avec fermeture de drains et exploitation des épicéas,

- recherche d'une gestion sylvicole respectueuse des essences locales et de la structure des communautés végétales (strates forestières, clairières...),

- organisation de la fréquentation et des activités de loisirs pour un meilleur respect de la faune et de la flore.

 

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