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DESCRIPTION
Aux confins de la Haute-Saône, la Doue de l'eau (ou rivière de Miellin) prend sa source sur les pentes du ballon du Servance. La zone des cascades de Miellin comprend le cours de la rivière sur environ deux kilomètres, en amont du pont du même nom et de la confluence avec l'Ognon. Outre les formations riveraines, elle inclut également les groupements forestiers s'étendant en rive droite. Sur ce tronçon, la Doue forme une succession de cascades naturelles, d'un magnifique attrait paysager, en contexte boisé. Le cours du ruisseau torrentueux, aux eaux claires et limpides, se rattache ici à la zone à truite.
Les groupements forestiers environnants, à caractère acidiphile sur le substrat cristallin du massif vosgien, se déclinent selon le degré d'humidité ; les aulnaies-frênaies occupent les berges et les secteurs les plus humides. Elles sont remplacées par des chênaies-charmaies mésohygrophiles acidiclines, puis par des hêtraies-chênaies ou des chênaies acidiphiles en situation mésophile. Quelques plantations de conifères sont également présentes.
Les conditions particulières d'humidité permanente et de fraîcheur régnant sur les affleurements rocheux siliceux et les falaises des cascades favorisent l'expression de groupements végétaux tout à fait originaux et intéressants. Les bryophytes (mousses et hépatiques) et lichens sont particulièrement bien représentés. On rencontre plusieurs associations typiques et remarquables :
- le Diphyscietum foliosi, association pionnière acidiphile et sciaphile à tendance atlantique, très disséminée dans la région ;
- l'Eurhychietum striati (variante acidiphile à Rhytidiadelphus subpinnatus), association humicole, méso-hygrophile des lisières forestières ;
- l'Hookerietum lucentis, association minérotrophe à caractère subatlantique dans les stations ombragées périodiquement immergées.
A ces groupements est associée une flore remarquable, comprenant de nombreux bryophytes rares, pour lesquels seules 3 à 10 stations sont dénombrées en Franche-Comté et dont certaines ne sont situées qu'en Haute-Saône. On peut citer deux hépatiques (Metzgeria temperata, corticole se développant sur l'écorce des hêtres, et Trichocolea tomentella), une sphaigne (Sphagnum compactum) et des mousses d'affinité atlantique ou boréo-montagnarde (Dicranum fulvum, Hookeria lucens, Rhytidiadelphus subpinnatus, Diphyscium foliosum, Hygrohypnum eugyrium). La présence de la circée intermédiaire (plante à fleurs protégée en Franche-Comté), du lycopode à rameaux annuels (espèce affiliée aux fougères, en régression en France) et de l'hygrophore vert-jaune (champignon très rare au plan national) renforce l'intérêt botanique du site.
Ce type de cours d'eau frais et rapide est l'habitat typique du cincle plongeur, seul passereau qui plonge et nage pour rechercher sa nourriture sur le fond pierreux.
STATUT DE PROTECTION
La zone est partiellement incluse dans le site Natura 2000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/09/09 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Le site des cascades de Miellin est situé en contexte touristique (à proximité du Saut de l'Ognon, autre cascade à un kilomètre de là), mais n'est accessible qu'à pied, ce qui limite les risques d'atteintes. Par contre, la préservation de la qualité des eaux de ce cours d'eau de tête de bassin est un élément fondamental pour le maintien des espèces qui lui sont directement liées (Hygrohypnum eugyrium, Hookeria lucens).
La préservation de ce secteur passe aussi par le maintien de la vocation feuillue des forêts. En effet, les plantations de résineux constituent une menace pour le maintien des biotopes remarquables et des espèces associées. La circée intermédiaire croissant dans des stations au bilan hydrique positif, le bon état de ses populations nécessite une gestion forestière adaptée.
En ce qui concerne les groupements bryo-lichéniques, on peut citer parmi les plus typiques ou les plus remarquables :
- le Diphyscietum foliosi, association pionnière acidiphile et sciaphile de tendance atlantique se rencontrant sur les roches et arènes siliceuses grossières. Cette association est très disséminée en Franche-Comté ;
- l'Eurhynchietum striati, association humicole, méso-hygrophile des lisières forestières, ici dans une variante acidiphile à Rhytidiadelphus subpinnatus.
- l'Hookerietum lucentis, association minérotrophe de caractère subatlantique, en zone aqualternante dans les stations ombragées
L'intérêt botanique du site est marqué par la présence de Ciracea x intermedia, espèce protégée en Franche-Comté, de Lycopodium annotinum, espèce assez rare en Franche-Comté mais en voie de régression en France et de 8 espèces de bryophytes remarquables. Il s'agit de :
Metzgeria temperata : taxon de caractère atlantico-montagnard de répartition mal connue se développant à la surface des écorces notamment celle du hêtre. Moins de 10 stations sont recensées actuellement dans le département.
Trichocolea tomentella : très belle hépatique disséminée et semblant en voie de régression dont moins d'une dizaine de stations sont connues en Haute-Saône, la plupart de faible superficie.
Dicranum fulvum : mousse connue seulement d'une dizaine de stations en Franche-Comté toutes situées en Haute-Saône.
Hookeria lucens : mousse sub-atlantique rare en Franche-Comté comptant moins de 10 localités presque toutes haut-saônoises.
Rhytidiadelphus subpinnatus : mousse de répartition boréo - montagnarde connue de seulement 5 localités en Haute-Saône.
Diphyscium foliosum : mousse oréo-atlantique très localisée en Franche-Comté et comptant 5 localités dans le département.
Hookeria lucens : mousse sub-atlantique rare en Franche-Comté comptant moins de 10 localités presque toutes haut-saônoises.
Hygrohypnum eugyrium : mousse rare signalée de seulement 3 stations en Haute-Saône.
Sphagnum compactum : sphaigne connue de mois de 10 localités dans le département.
La présence de Cuphophyllus grossulus, espèce de champignon très rare en France, renforce l'intérêt naturaliste de cette zone.
