Commentaire général
À cheval sur les communes de Loray et de Plaimbois-Vennes, au centre du Doubs, le site des falaises du Verboz et de la ferme du Ruhier s’étend à une altitude oscillant entre 850 et 920 mètres d’altitude. Le relief y est très accidenté, des versants abrupts d’expositions diverses alternant avec des secteurs relativement plats. C’est dans la nature du substrat que ce relief trouve son origine, les formations géologiques de calcaires durs alternant avec des roches plus tendres (marnes et calcaires marneux). L’érosion a joué également un grand rôle en façonnant les roches, permettant aujourd’hui l’affleurement de longues parois calcaires.
À la faveur des zones de contact entre roches perméables et imperméables ou sur les sols hydromorphes, se sont développés des petits suintements ou ruisselets. Ils accueillent des milieux plus ou moins marécageux à linaigrette, populage et cirse des marais ou d’autres zones humides (mégaphorbiaies à trolle d’Europe), offrant de réelles potentialités à de nombreux invertébrés aquatiques.
C’est le cas, notamment, des faciès où la molinie bleuâtre développe de vastes colonies envahies par des fourrés bas de callune. Ce type de milieu est fort propice au mélibée, espèce protégée en France et inscrite sur la liste des espèces menacées en Franche-Comté. D’ailleurs, sur l’ensemble de ce site, pas moins de vingt-huit espèces de papillons ont été recensées.
Les parois rocheuses accueillent des communautés végétales particulières où les plantes occupent la moindre anfractuosité capable de retenir un peu de terre. Elles sont également le domaine d’un certain nombre d’oiseaux rupestres protégés au niveau national (faucon pélerin, grand corbeau et milan royal) et inscrits sur la liste rouge des espèces menacées en Franche-Comté.
Une bonne moitié du site est dédiée à la forêt, présentant un bel éventail de communautés végétales. Les parties les mieux exposées des versants accueillent, sur des éboulis rocheux plus ou moins stables, la tillaie-érablaie ou, sur les éléments plus fins, la hêtraie à if, groupement peu représenté en Franche-Comté. Sur le versant opposé, les mêmes conditions pédologiques font alterner l’érablaie à scolopendre et lunaire vivace et la hêtraie à tilleul. Enfin, dans les secteurs moins accidentés, c’est la hêtraie à aspérule qui recouvre des sols plus ou moins profonds.
Statut de protection
Le périmètre de la ZNIEFF intègre le périmètre de l’arrêté préfectoral de protection de biotope du 14.01.2010, destiné à protéger les oiseaux rupestres sur les corniches calcaires du Doubs. Ce site est également inclus dans le réseau Natura 2000 (« Vallées du Dessoubre, de la Reverotte et du Doubs ») Enfin, la présence d’espèces animales protégées en France implique indirectement un statut de protection au milieu ; la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les accueillent (arrêté ministériel du 29.10.2009).
Objectifs de préservation
Actuellement, le site est voué d’une part à la forêt, d’autre part à la prairie de fauche pour la production de fourrage et, de façon plus anecdotique, à la pratique de la randonnée. La fragmentation excessive du milieu et la fermeture progressive par les ligneux constituent les deux menaces les plus actives sur le site.
Afin de conserver l’intérêt écologique très marqué de ce site, il conviendrait de prendre quelques mesures. Des opérations de défrichement manuel ponctuelles et l’instauration d’une bande fauchée tardivement autour des moliniaies permettraient de conserver l’alternance de milieux ouverts et fermés, mais aussi de rétablir des corridors et des zones tampons, favorisant ainsi la population lépidoptérique et plus particulièrement le mélibée. Ces mesures seraient également favorables au damier de la succise, les conditions structurelles du site lui convenant bien. Les reboisements en résineux ainsi que les drainages sont à proscrire dans les secteurs humides à l’est du site.