DESCRIPTION
La reculée de Revigny, digitée en plusieurs ravins, fait partie des plus spectaculaires du Revermont, premier escarpement du massif jurassien. La double action des glaciers de l'ère quaternaire et des processus de karstification est à l'origine de sa formation. A la base de cette vallée fermée abruptement à l'amont par un cirque rocheux se trouve l'émergence de la Vallière. La délimitation de la zone comprend la partie située à l'est de Revigny vers les rochers de la Baume.
Cet ensemble diversifié montre une opposition de versants représentative de ces formes géomorphologiques. Les habitats, régulièrement répandus dans notre région, mais de superficie restreinte, s'accompagnent d'espèces typiques.
Les falaises alimentent des éboulis colonisés par des groupements herbacés saxicoles inféodés à ces milieux ou par des forêts du type érablaie à scolopendre en situation confinée ou exposée au nord. En pied de falaise, une émergence des eaux du plateau a favorisé la constitution d'une tufière colonisée par des groupements de mousses. Elle est toutefois devenue partiellement fossile en raison d'un captage pour l'alimentation en eau qui en détourne une bonne partie des eaux.
Sur la corniche apparaissent des pelouses sèches de type mésophile cantonnées, par la mise en culture des terrains, à un mince liseré de quelques mètres et trois petits secteurs. Elles sont associées à une végétation très intéressante supportant ces conditions drastiques (sols superficiels et faible degré nutritionnel). Une chênaie pubescente et des ourlets thermophiles occupent des situations bien exposées.
Les parois rocheuses abritent le faucon pèlerin, rapace emblématique protégé resté rare et menacé en France, ainsi que le tichodrome échelette. Le grand duc d'Europe, à nouveau présent en Franche-Comté, niche sur la zone, ce qui confère à ce site un intérêt faunistique majeur. L'ancienne voie de chemin de fer du tacot empruntait cette reculée. Le tunnel ferroviaire et quelques cavités naturelles en pied de falaise montrent des conditions d'obscurité et de tranquillité favorables à la présence de chauves-souris (indice chiroptérologique de 18). Neuf espèces (sur les 27 rencontrées en Franche-Comté) y sont présentes en hiver ou en transit, avec notamment près d'une centaine d'individus de minioptère de Schreibers (espèce subissant une réduction drastique de ses effectifs). Cette chauve-souris exclusivement cavernicole compte environ 15 % de son effectif national en Franche-Comté. Pour accomplir son cycle annuel de reproduction, cette population a besoin de sites estivaux de mise bas, de transit et d'hibernation. La barbastelle d'Europe, le grand rhinolophe et le grand murin méritent également une attention particulière. Les pelouses présentent deux papillons rares et protégés, l'apollon et la sous-espèce typique du cuivré mauvin (rencontrée uniquement dans l'est de la France).
STATUT DE PROTECTION
La falaise sud de la reculée bénéficie d'un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope pour le faucon pèlerin (interdiction d'activités du 15 février au 15 juin à moins de 300 mètres au pied des falaises et 50 mètres du sommet). En outre, la présence de mammifères et d'oiseaux protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 17/04/81 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
L'aménagement d'une voie verte (piste cyclable) sur le chemin du tacot est de nature à induire une perturbation importante pour les chiroptères, tant en phase de travaux que d'exploitation (notamment des modifications des conditions d'éclairage).
Il convient d'éviter toute source de dérangement aux oiseaux rupestres afin de garantir des conditions de tranquillité lors de la période de nidification.
Une gestion conservatoire devrait viser à préserver les habitats remarquables :
- interventions minimales dans les forêts de pente,
- absence de fertilisation et travaux éventuels de débroussaillage des pelouses.