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DESCRIPTION
Le petit site de la Ronde Noie est localisé sur les plateaux et massifs prévosgiens appartenant à la région naturelle dite " plateau des Mille Etangs ". Au sein du complexe d'étangs de la Goutte du Frêne, ce plan d'eau s'intègre dans le vallon de la Goutte Géhan, système hydrographique marqué par un réseau de ruisselets de tête de bassin.
Ce plan d'eau est classé parmi les étangs oligo-mésotrophes à nitelles (algues vertes évoluées de la famille des Characées) des Vosges méridionales, dont les eaux moyennement acides (pH moyen de 6,4) sont assez pauvres en sels minéraux. Des groupements de tourbière de transition et de tourbière bombée acide apparaissent en périphérie. En effet, différents facteurs sont favorables à l'installation de systèmes tourbeux dans ce secteur : altitude, climat froid et très humide, substratum géologique cristallin associé à des placages glaciaires plutôt imperméables, acidité des eaux de ruissellement et des précipitations associés à un relief peu accidenté. Diverses situations se présentent selon le type d'alimentation hydrique : ruissellement le long d'une pente douce, radeau flottant à la surface d'un étang ou encore accumulation et stagnation d'eau dans une dépression, comme c'est le cas sur ce site. Si l'alimentation en eau intervient latéralement dans la genèse, les apports météoriques (précipitations) peuvent s'y ajouter ou s'y substituer totalement ensuite. Malgré sa petite superficie, l'étang à l'est de la Ronde Noie recèle une végétation remarquable, caractéristique de ces milieux rares. Le trèfle d'eau et le rossolis à feuilles rondes (ce dernier protégé en France) sont caractéristiques des habitats tourbeux. L'utriculaire jaune pâle et le rubanier nain, bénéficiant respectivement d'une protection nationale et régionale, se rencontrent dans les eaux oligotrophes des gouilles de tourbières. L'utriculaire jaune pâle est rarissime en France, où elle n'est signalée qu'en Franche-Comté et dans une localité des Vosges. La distribution régionale du potamot à feuilles de renouée, également inféodé aux eaux peu riches et acides, est également limitée à ce secteur.
Les milieux imbriqués autour de cet étang sont également favorables aux insectes, et plus particulièrement aux libellules. Deux espèces intéressantes se distinguent : le cordulégastre annelé, dont la biologie larvaire repose sur la présence de ruisselets peu profonds et d'ambiance plutôt minérale et le sympétrum noir qui recherche des habitats stagnants plutôt acides.
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Plateau des Mille Etangs ". En outre, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Les tourbières de Haute-Saône s'étendent sur moins de 250 hectares pour une centaine de sites. Ces réservoirs de biodiversité assurent également des fonctions de régulation hydrique (" rôle d'éponge ") et d'épuration des eaux. Au vu de sa valeur et de la rareté des habitats représentés, la sauvegarde de cette zone est prioritaire.
Diverses mesures peuvent concourir à préserver l'intérêt biologique de cet étang :
-veiller à la qualité des ruisselets du secteur en évitant leur surcreusement et leur envahissement par la végétation, souvent consécutif aux apports artificiels de composés azotés et phosphorés (écoulements d'origine agricole ou domestique) ;
-maintenir une pisciculture extensive ;
-débroussailler partiellement la zone tourbeuse et maintenir une pression de pâturage adaptée ;
-conserver les ceintures végétales actuelles, les forêts et les prairies humides environnantes où toute opération de drainage et d'assainissement est bien sûr à éviter.
Compte tenu de la responsabilité de la Franche-Comté vis-à-vis de la protection de certaines espèces végétales rares telles que l'utriculaire jaune pâle, la protection de la station devrait être envisagée.
