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DESCRIPTION
Dans la haute chaîne du Jura plissé, le bassin de Gilley s'étend entre des lignes de relief allongées selon un axe sud-ouest/nord-est. Des ensembles marneux imperméables, s'intercalant entre des calcaires du Jurassique, sont à l'origine de la formation de milieux humides dans cette dépression. La zone du Cougnet est localisée juste au nord-est du village, dans un environnement de prairies plus ou moins amendées et fertilisées et de forêts de conifères. Elle s'étend vers le nord-est à partir des lieux-dits des Seignes et du Cougnet et inclut plusieurs entités dans la forêt de la Joux-Dessous. Les habitats hygrophiles, ouverts ou boisés, sont diversifiés : étangs, bas-marais, prairies humides et tourbières boisées.
Dans le massif du Jura, en altitude, les facteurs climatiques sont propices à l'installation de tourbières. A partir de cuvettes remplies d'eau, les tourbières se forment et évoluent lentement depuis environ 12 000 ans : colonisation de l'eau libre (tremblants), atterrissement (bas-marais alcalin), puis tourbière bombée (haut-marais acide), et enfin assèchement et installation des ligneux.
Trois entités de tourbières boisées sont incluses dans la forêt de la Joux-Dessous. En raison d'un enrésinement partiel (épicéas), leur intérêt floristique s'est amoindri. Une petite enclave de haut-marais passablement dégradé subsiste toutefois en périphérie de la tourbière la plus au nord. La tourbière sud-est, mieux préservée, présente quant à elle un sous-bois caractéristique (sphaignes et tapis de myrtilles).
Parmi les trois étangs compris dans la zone, tous d'origine artificielle, celui du Cougnet est le plus étendu. Outre la présence d'espèces banales de plans d'eau eutrophes (prêle des eaux, massette à larges feuilles, laîche à bec), celle du rubanier nain, plante rare et protégée en Franche-Comté, est à noter. Sur le plan écologique, ces points d'eau sont favorables aux libellules et aux batraciens, en leur offrant des lieux de reproduction privilégiés.
Plusieurs bas-marais alcalins de petite taille s'échelonnent le long de la route menant au Cougnet. Ces groupements, caractérisés par l'abondance de la laîche puce, sont imbriqués entre des prairies humides à molinie et des mégaphorbiaies (formations de hautes herbes). Au sud-est, des marais de transition bien conservés, intermédiaires entre les milieux à tendance acide et alcaline, constituent les habitats les plus remarquables de la zone. Un cortège d'espèces spécialisées leur est associé : trèfle d'eau, linaigrette à feuilles étroites, comaret et laîche à tige arrondie.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence d'une espèce végétale protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté du 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Comme pour l'ensemble des zones humides, les fonctions de ce secteur dans le cycle de l'eau sont essentielles. L'enrésinement prononcé de la zone et de ses alentours accélère l'assèchement des tourbières et devrait par conséquent être stoppé. En outre, les drains et les étangs présents dans la zone perturbent le fonctionnement hydrique en abaissant le niveau de la nappe. Il convient donc d'éviter de creuser de nouveaux plans d'eau et toute opération de drainage, d'assainissement ou de remblaiement est à proscrire. La présence d'une décharge sauvage dans une doline peut avoir un impact négatif sur la qualité de l'eau.
L'apport excessif d'engrais dans les milieux périphériques représente également une menace importante, pouvant conduire à un déséquilibre trophique préjudiciable à la flore très spécialisée des tourbières : elle évoluerait alors vers une végétation plus banale. Pour préserver le potentiel écologique des bas-marais alcalins et des marais de transition, le maintien d'une zone tampon en périphérie serait bénéfique.
