ZNIEFF 430013648
PELOUSE ET BOIS DU MONT

(n° régional : 14000105)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Entre les vallées de l'Ognon et du Doubs, la région des Avant-Monts jurassiens présente une succession de petits monts et de collines à topographie adoucie. Le paysage, au caractère rural marqué, associe boisements et espaces ouverts agricoles. Dans ce secteur situé à l'extrémité orientale du massif de la Serre, les faciès géologiques à l'affleurement sont représentés essentiellement par la Grande Oolithe (Bajocien supérieur), banc calcaire épais et compact entrecoupé localement d'intercalations marneuses.
Au nord du village de Taxenne, la zone regroupe sur un coteau orienté au sud divers habitats secs et thermophiles à différents stades d'évolution : pelouse relictuelle aux abords de la carrière, dalles, ourlets et bois xérothermophiles, le tout formant un complexe cohérent. Ces groupements installés sur des sols superficiels subissent des conditions très contraignantes et sélectives, et recèlent ainsi un cortège de plantes inféodées à ces milieux. A l'ouest de la carrière, la pelouse sèche calcicole est caractérisée par le brome dressé et le genêt ailé. Elle héberge le cytise couché, assez abondant, et la gesse à fruits ronds, protégée au plan régional. Cette espèce d'affinité méridionale, en limite d'aire de répartition, ne compte qu'une dizaine de stations en Franche-Comté. Les secteurs plus écorchés où les dalles calcaires affleurent sont colonisés par le pâturin comprimé et divers orpins. L'abandon des pelouses conduit à des fourrés puis à une chênaie-charmaie xérothermophile à Quercus x calvescens (hybride entre les chênes sessile et pubescent). Parmi les espèces remarquables, il faut citer l'épilobe à feuilles de romarin, la passerage champêtre, le grémil pourpre-bleu ainsi que le fragon petit-houx et la jonquille. Enfin, la bordure ouest du coteau du Bois d'Amont, constituée d'une mosaïque de petites vignes, de prairies mésotrophes de fauche et de friches, abrite la guimauve hirsute (thermophile, méditerranéenne) et la robuste épervière des prairies dont c'est seulement la deuxième station comtoise.
Ces milieux thermophiles sont favorables aux reptiles : le lézard vert et la couleuvre verte et jaune (tous deux protégés en France) sont recensés sur le site, ainsi qu'une importante population de lézard des murailles. Le peuplement d'insectes y est également remarquable avec de nombreuses espèces de criquets et des papillons comme l'argus bleu-nacré.
 
STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de plantes et de reptiles protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 19/11/07).
 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

L'évolution de ces milieux originaux et souvent relictuels en l'absence d'intervention conduit naturellement à l'enfrichement puis à des stades forestiers moins intéressants sur le plan patrimonial (banalisation de la flore). Afin de conserver un milieu ouvert, des mesures de gestion seraient à envisager (pâturage extensif associé si nécessaire à des travaux de débroussaillage). Au sein des boisements, il convient de surveiller la progression du robinier faux-acacia, témoignant d'une rudéralisation du site. Dans l'autorisation d'exploitation de la carrière, il est stipulé de laisser intacte la partie ouest de la pelouse enfrichée surplombant le carreau afin de maintenir un peuplement faunistique et floristique favorisant la recolonisation ultérieure du site. Une obligation de remise en état en fin d'extraction visera à faciliter l'intégration paysagère et à augmenter l'intérêt écologique de ce milieu original. La création d'une mare permanente dans le point bas de la carrière renforcera l'attrait pour les amphibiens.
Ces milieux relictuels sont également remarquables en tant qu'élément d'un réseau, dans la mesure où ils autorisent des échanges de populations. Leur préservation à l'échelle du nord Jura est donc primordiale.

 Prospection flore 2018 :

Etat de conservation des habitats et évolution depuis les années 2000 :
La pelouse située à l’ouest de la carrière a considérablement régressé, du fait de la dynamique naturelle forestière qui l’a remplacée par des fourrés arbustifs. Cette pelouse n’est plus que relictuelle à l’heure actuelle. Elle abrite le cytise hirsute (Cytisus hirsutus), la gesse à graines rondes (Lathyrus sphaericus) et le grémil pourpre bleu (Lithospermum purpuro-caeruleum).
Les prairies situées au lieudit « Les Essarts » sont constituées en partie de prairies mésoeutrophes fauchées (cf Galio-Trifolietum) diversifiées et en bon état de conservation abritant la gaudinie fragile (Gaudinia fragilis) et de prairies mésoeutrophes pâturées dans la portion nord (Medicagini-Cynosuretum) renfermant des populations importantes de gaudinie fragile (Gaudinia fragilis) et de trèfle strié (Trifolium striatum) ainsi que la rare luzerne naine (Medicago minima) et le trèfle scabre (Trifolium scabrum).
Les prairies situées le plus au nord sont plus ou moins artificialisées. Elles étaient répertoriées comme prairies temporaires de 2009 à 2011.

Etat de conservation de la flore:
La gesse à graines rondes (Lathyrus sphaericus) a été observée dans la pelouse relictuelle en 2015. Elle a été observée en 2018 en bordure de haie.
Le trèfle strié (Trifolium striatum) forme de grosses populations juste au nord de la znieff, en mélange avec le trèfle scabre (Trifolium scabrum) et la luzerne naine (Medicago minima).
Les ourlets herbacés thermophiles qui bordent la pelouse abritent le cytise hirsute (Cytisus hirsutus).
Les prairies situées au lieudit « Les Essarts » abritent la gaudinie fragile (Gaudinia fragilis).
Une petite plante annuelle messicole est signalée en 2013 juste au contact de la znieff, il s’agit de la bugle petit-pin (Ajuga chamaepytis).

Menaces observées
La pelouse relictuelle est très menacée par la fermeture spontanée du milieu. Les prairies mésoeutrophes quant à elles, sont menacées par l’eutrophisation des milieux utilisés par l’agriculture.
Les milieux mésoeutrophes doivent être exploités extensivement pour conserver leur biodiversité.

Commentaires sur la délimitation
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