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Commentaire général
Le site du Mont de Vannes et du Rhien, doté d’un intérêt patrimonial remarquable, est un vaste complexe forestier (plus de 1100 hectares), au nord de la Haute-Saône. Le relief y est particulièrement chahuté, de nombreux ruisselets, les « gouttes », disséquant les collines gréseuses du Trias et le socle primaire des Vosges. Les versants qui en résultent sont assez souvent recouverts d’éboulis grossiers ou, dans leur partie inférieure, de colluvions, ajoutant encore à la diversité des milieux, comme le fort dénivelé (de 340 à plus de 700 m d’altitude). Trois cours d’eau principaux irriguent ce massif : le Raddon, au nord, le ruisseau de la Selle dans la partie centrale et le ruisseau du Rhien au sud.
Même si le site n’est constitué que de forêt, la diversité des facteurs abiotiques est à l’origine d’un bel éventail d’habitats, dont beaucoup d’intérêt européen. Sur les sols les plus acides, en situation sommitale ou sur les versants peu marqués, se développent des forêts acidiphiles (hêtraies à luzule blanchâtre, hêtraies-sapinières, hêtraies-chênaies). Sur sol plus riche, on note l’apparition du charme dans le peuplement (hêtraies-chênaies-charmaies acidiclines et neutrophiles). Ces communautés végétales présentent un intérêt bryologique indéniable en hébergeant la doradille verte, mousse d’intérêt communautaire et protégée en France, et Dicranum fulvum, connue seulement d’une dizaine de stations dans la région, toutes en Haute-Saône.
Le nord du site, plus accidenté, présente des groupements forestiers inféodés aux pentes fortes et aux éboulis grossiers ou aux sols très caillouteux. Ainsi se développent des chênaies hyperacidiphiles ou des forêts du Tilio-Acerion, ces dernières hébergeant le polystic soyeux, fougère protégée en Franche-Comté. Les anfractuosités des rochers abritent une fougère rare et protégée en France, le trichomanès remarquable.
Les secteurs les plus humides, que ce soit sur certaines parties des berges des ruisselets ou à la faveur de suintements latéraux, voient se développer des forêts à caractère humide. Les bas de versants et les banquettes les plus larges sont le domaine des chênaies-frênaies fraîches tandis que l’aulnaie-frênaie affectionne les berges étroites. Elles abritent de nombreuses plantes remarquables et parmi elles l’osmonde royale, la fougère espacée et la circée intermédiaire, protégées en Franche-Comté. L’intérêt bryologique est marqué par la présence de Hookeria lucens et Trichocolea tomentella, rares dans la région et situées principalement en Haute-Saône.
Enfin, de nombreux oiseaux forestiers trouvent ici des conditions favorables. Il en est ainsi de la gélinotte des bois et du grand tétras, menacés en France. Les eaux de qualité du Rhien sont favorables à l’écrevisse à pattes blanches. Ce site, autrefois exploité pour ses ressources en minerai, a laissé des galeries de mines, aujourd’hui désaffectées, offrant des conditions idéales à 8 espèces de chiroptères, dont l’oreillard et le grand rhinolophe.
Statut de protection
Un arrêté de protection de biotope concerne l’écrevisse à pattes blanches sur le ruisseau du Rhien. La présence d’espèces végétales et animales protégées en France et en Franche-Comté implique un statut de protection. La législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les accueillent (arrêtés ministériels des 20.01.82, 22.06.1992, 18.01.00, 23.04.07 et 29.10.2009).
Objectifs de préservation
Les principales menaces qui affectent le site concernent l’augmentation des plantations résineuses, les effets du débardage et de la création de pistes, ainsi que le déversement sauvage d’effluents d’origine et de nature incertaines.
La préservation de ces milieux passe prioritairement par la restauration de la qualité de l’eau, exempte de toute pollution (effluents, produits phytosanitaires…), et l’interdiction de tout passage dans les cours d’eau. La conduite des peuplements forestiers, respectant la vocation feuillue, paraît incontournable.
