ZNIEFF 430014009
LE BARAQUIER, LE BREGERAT ET LE GLAIRON

(n° regional: 37443001)

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DESCRIPTION

La basse vallée de la Loue s'étend sur un linéaire d'environ 40 kilomètres d'est en ouest, entre Rennes-sur-Loue et Parcey, juste en amont de la confluence avec le Doubs. Elle est encadrée par deux plateaux boisés dont la forêt de Chaux au nord. Dans cette vallée au relief peu marqué, le cours d'eau méandre sur des alluvions récentes recouvrant sables et cailloutis du Pliocène.

Autrefois très diversifié, avec des chenaux et milieux annexes multiples, le lit de la Loue est actuellement à chenal unique sinueux. Les nombreux aménagements subis jusque dans les années 1970 ont largement favorisé la simplification de la mosaïque fluviale. L'accélération de la circulation de l'eau a provoqué une incision du lit de 2 à 3 mètres et un abaissement de la nappe alluviale sous-jacente. Les milieux humides annexes, mortes et bras-morts, se trouvent perchés et subissent depuis un atterrissement accéléré.

Ecologiquement très diversifiés, plus ou moins amphibies, les milieux situés dans le lit majeur des cours d'eau subissent des perturbations cycliques lors des crues. Ils abritent un cortège d'espèces strictement inféodées à ces conditions, se répartissant selon le degré d'inondabilité.

Le secteur juste en amont de Parcey, bénéficiant de l'effet du barrage, reste le plus diversifié. La zone du Baraquier, du Brégerat et du Glairon comporte tout un ensemble de mortes dans un environnement de saulaie plus ou moins dense, de cultures, pâtures et peupleraies. Parmi les plus intéressantes, la Morte Baraquier est connectée par l'aval de façon temporaire et la Morte du Brégerat l'est de façon permanente. Les habitats sont imbriqués : ceintures d'hélophytes (renouée à feuilles de patience, malachie aquatique), mégaphorbiaies (baldingère faux-roseau, eupatoire chanvrine), prairies humides mésophiles et zones de lisière plus ou moins anthropisées (saponaire officinale, petite linaire). La saulaie arborescente à saule blanc, stade climacique de ces milieux inondables, et la saulaie buissonnante à saule pourpre sont bien représentées. La végétation des mortes est diversifiée, dominée par les renoncules aquatiques et les potamots. Quelques belles stations d'hottonie des marais, espèce protégée, ajoutent à l'intérêt floristique du site. Cinq espèces de tritons et de grenouilles sont recensées. Sur le plan piscicole, la basse vallée de la Loue se situe dans la zone de transition entre régions salmonicole et cyprinicole, Les annexes hydrauliques constituent des refuges en période de crue et des zones de fraie pour le brochet. En lien avec la diversité des milieux, l'avifaune est variée. Les espèces les plus remarquables sont la gorge bleue à miroir, nicheur localisé en Franche-Comté et l'hypolaïs polyglotte qui possède ici des populations importantes au plan régional.

STATUT DE PROTECTION

Aucune protection réglementaire de l'espace n'a été mise en place. En revanche, la présence de plantes, d'amphibiens et de poissons protégés confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés des 08/12/88, 22/06/92 et du 19/11/07). 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

L'assèchement des annexes entraîne une modification de l'occupation du sol, qu'elle soit " naturelle " (enfrichement) ou provoquée (conquête de nouveaux espaces, surtout au profit de cultures intensives ou de plantations de peupliers). Il s'ensuit notamment une baisse de biodiversité et un impact paysager. Les fonctions d'expansion des crues, de soutien du débit en période d'étiage et d'épuration des annexes sont réduites. De plus, la relative altération de la qualité de l'eau de la Loue est un facteur aggravant pour les communautés d'invertébrés et piscicoles notamment.

Prospection 2018 :

A l’analyse de la flore, on constate une nette régression des habitats les plus humides. On assiste à un atterrissement et un assèchement des mortes et par voie de conséquence, une baisse importante de la biodiversité, même si certaines espèces patrimoniales subsistent.
Le butome en ombelle (Butomus umbellatus) n’a pas été revu en 2018 malgré une recherche très attentive. Il semble que cette espèce aie tout bonnement disparu de l’ensemble des mortes prospectées dans ce secteur de la Loue. L’hottonie des marais (Hottonia palustris) a été revue à « l’Essart Pris » (un seul spot en bout de morte) et dans la morte située au sud de « la gravière Rougeot » (une belle population, bien que moins étendue qu’en 2006). La station de « la gravière Dessus » n’a pas été revue.
La lentille à trois lobes (Lemna trisulca) est présente, mais pas aussi répandue qu’en 2006. Cette espèce flottante subit certainement de grandes variations de répartition à l’échelle d’un site d’une année à l’autre, en fonction des crues et de la pluviométrie annuelle…
La germandrée d’eau (Teucrium scordium) est présente de façon peu abondante toutefois en bordure de « la gravière Dessus ». L’œnanthe fistuleuse (Œnanthe fistulosa) n’a pas été revue.
Deux bryophytes patrimoniales sont régulièrement présentes sur le tronc des saules en situation bien inondable : il s’agit de Cryphaea heteromalla et d’Orthotrichum pulchellum.
Le bugle petit-pin (Ajuga chamaepytis) n’a pas été revu.
De façon générale pour l’ensemble des mortes prospectées, les menaces observées sont très nombreuses et il y a encore fort à faire pour réhabiliter ce type de milieu.
Certaines mortes ont été remblayées, tout a été poussé dans les mortes encore en eau, saules blancs, gravats, remblais… Elles font régulièrement l’objet de dépôts divers : balles de foin pourries, gravats, pneus, sanitaires réformés …
Elle sont toutes victimes de l’eutrophisation, du fait des engrais et amendements en provenance des ruissellement issus des prés et champs voisins.
Les arbres sont souvent très dépérissants. Il s’agit en particulier du frêne avec la chalarose, mais ce phénomène s’observe aussi sur les saules blancs adultes. Les conditions de vie pour ces arbres deviennent très difficiles. En effet, en période d’inondation, l’eau est bien là, mais en période d’étiage, l’endiguement de la Loue a provoqué l’enfoncement de la nappe dans le substrat qui est souvent très sableux et ils se trouvent alors de plus en plus confrontés à des périodes de sécheresse sévères. La nappe se trouve par endroits à plus de 6 m de profondeur à l’heure actuelle. On peut voir, comme dans la morte de « la grosse Gravière » à Chissey-sur-Loue, de grandes surface de mégaphorbiées à orties sous des frênes ou même des peupliers morts (comme en témoignent les opérations de renaturation très coûteuses engagées sur diverses mortes).
Avec l’atterrissement et l’assèchement, les mortes sont victimes de l’envahissement du milieu par les saules, qui forment une couverture dense ne laissant plus la lumière parvenir au sol. La végétation herbacées sous ces saulaies est très pauvre.
D’autres mortes sont accessibles au bétail qui les piétinent et défèquent dans la morte, provoquant alors une hypertrophie sévère. En 2018, il n’était pas rare de voir des vaches aller se rafraîchir en entrant dans l’eau jusqu’au poitrail. Il est bien évident que ce phénomène est très préjudiciable à la flore.
Certaines mortes ont été déboisées, le bois brûlés sur place et ont été labourées.
Enfin, nous avons constaté que certaines mortes étaient très souvent visitées par une population importante de sangliers qui vont s’y souiller et trouvent là un endroit paisible peu fréquenté. Cependant, il retournent complètement le fond de la morte à l’étiage pour y chercher de la nourriture, ce qui peut être très préjudiciable à certaines espèces comme l’hottonie des marais par exemple.
De plus, ces milieux tamponnés sont le siège du développement parfois explosif d’espèces végétales invasives, l’eau jouant un rôle de vecteur privilégié.
Une politique cohérente de restauration physique doit être menée à l'échelle du bassin versant et de l'hydrosystème dans son ensemble : recréer un espace de liberté pour la Loue, assurer la pérennité des systèmes latéraux et reconquérir la qualité de l'eau.
Mener une action d’information auprès des usagers de ces espaces (agriculteurs, promeneurs, pêcheurs…) afin de réhabiliter l’image de ces milieux riches et prévenir les dégradations volontaires.

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