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Description
A l’extrême sud des plateaux centraux de Haute-Saône, non loin de la vallée de l’Ognon, le contexte paysager est dominé par des cultures et prairies intensives entrecoupées de boisements. Entre Hugier et Chancey, la pelouse Sur le Mont se démarque nettement et apparaît comme très relictuelle. Appuyée au nord sur le bois de la Féole, cette formation installée sur un substrat calcaire et marno-calcaire du Jurassique supérieur est légèrement inclinée vers le sud et le sud-est.
Cette vaste zone herbacée rase est ponctuée de quelques haies, buissons et bosquets. Des dalles calcaires affleurantes sont colonisées par des formations très spécialisées à orpins. Son intérêt est encore remarquable en dépit de travaux drastiques réalisés il y a quelques années (débroussaillement, arasement de murgers et apports de terre), lesquels ont conduit à la disparition de certaines espèces patrimoniales.
Les pelouses sont un type de formation herbacée assez basse qui s’installe à la faveur de sols superficiels, voire squelettiques, pauvres en éléments nutritifs, aux réserves en eau réduites, dans des sites bien ensoleillés. La communauté végétale représentée ici est de type thermophile et mésophile (assez sèche). Les conditions contraignantes entraînent la sélection d’un cortège floristique typique, riche en éléments d’affinité méditerranéenne. Sur cette zone, plusieurs plantes rares et menacées sont recensées, dont cinq sont protégées dans la région, parmi lesquelles le trèfle strié.
Sur le plan faunistique, la structure ouverte ponctuée de buissons est encore favorable à l’accueil de divers reptiles et oiseaux en régression : par exemple, la huppe fasciée, les pies-grièches à tête rousse et écorcheur et l’alouette lulu nichent sur cette zone. Les deux premières sont particulièrement menacées. Enfin, ce secteur présente un intérêt majeur pour les Orthoptères (sauterelles et criquets). Au sein d’un cortège riche et diversifié, il abrite en effet la plus importante population régionale de sténobothre nain. Ce petit criquet, devenu très rare en France et dans la région en raison de ses exigences écologiques précises (pelouses rases avec affleurements rocheux, exploitées de façon extensive), ne supporte ni la fermeture du milieu ni l’intensification des pratiques.
Statut de protection
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 29/10/09).
Objectifs de préservation
D’une manière générale, les pelouses subissent une régression alarmante et ces milieux semi-naturels deviennent relictuels (suite à l’intensification des pratiques, ou au contraire à l’abandon, qui entraîne une fermeture du milieu). La pelouse Sur le Mont a fait l’objet de pratiques agricoles extensives continues depuis des décennies (pâturage ovin, relayé actuellement par un pâturage bovin), celles-ci étant vraisemblablement à l’origine de l’importante population de sténobothre nain. Il est essentiel de pérenniser la gestion actuelle, en vue de la préservation des habitats et des espèces remarquables :
- poursuivre les pratiques extensives de pâturage et de fauche, en évitant toute fertilisation, laquelle entraînerait une banalisation de la flore ;
- favoriser l’extension de quelques haies et bosquets. Une structure hétérogène en mosaïque (pelouse ponctuée de buissons, avec un taux de recouvrement n’excédant pas 25 %) se révèle la plus intéressante pour une biodiversité élevée.
La conservation de ce site est d’autant plus essentielle qu’il présente un caractère relictuel : compte tenu des menaces potentielles, il apparaît nécessaire de mettre en place une mesure de protection réglementaire. Située non loin d’autres habitats similaires, cette pelouse participe à un réseau favorable à des échanges entre populations à l’échelle du sud de la Haute-Saône.
