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Description
Au nord de Saulnot, la zone du Pré Renaud correspond à une carrière abandonnée sur des affleurements d’argile et grès du Permien (ère secondaire).
Ce site de superficie limitée s’insère dans un paysage de forêt de feuillus (de type hêtraie acidiphile médio-européenne à luzule). Situé en bordure de l’ancienne zone exploitée, il se démarque par un intérêt botanique majeur. En effet, il abrite l’unique station régionale de lycopode petit-cyprès. Cette plante remarquable, affiliée aux fougères, y a été découverte en 1994. Bénéficiant d’un statut de protection en France, elle est extrêmement rare et ne se trouve que dans le massif vosgien (régions Alsace et Lorraine) et très localement dans le Massif Central. Historiquement, elle était signalée dans quelques stations comtoises, toutes situées dans le domaine vosgien, mais ces localités situées en Haute-Saône et dans le Territoire-de-Belfort n’ont pas été retrouvées.
Les exigences écologiques de ce petit lycopode sont très strictes : il se développe en pleine lumière, sur des sols acides, meubles et filtrants, et se comporte comme une espèce pionnière. De courts rameaux vert-bleutés émergent du sol à partir d’une tige souterraine. Ses milieux de prédilection correspondent aux jeunes stades des landes de recolonisation sur les arènes des roches acides. Dans les Vosges, il croît à peu près exclusivement dans des milieux de lande à callune d’origine secondaire : bordures de dessertes forestières, pistes de ski, places à feu ou carrières abandonnées. C’est d’ailleurs dans ce type de milieu que cette espèce se développe au Pré Renaud.
Lors de sa découverte, cette station apparaissait fragile et peu étendue. Depuis lors, elle montre une dégradation continue, les pieds de lycopode devenant de plus en plus malingres et jaunâtres. Dans un premier temps, ils ont souffert de la concurrence avec des bryophytes et la callune, très recouvrante dans le secteur. Toutefois, le milieu continue à évoluer : les touffes de callune montrent des signes de sénescence, alors que la molinie (qui forme une strate herbacée dense) et la fougère aigle deviennent dominantes. De plus, la recolonisation par les ligneux tend vers un faciès de manteau forestier : le développement de jeunes hêtres, bouleaux et semis de chêne occasionne à la fois ombrage et recouvrement par des feuilles mortes.
Cette situation est incompatible avec les exigences écologiques du lycopode petit-cyprès, celui-ci ne supportant ni la concurrence avec d’autres espèces, ni l’ombrage des ligneux. En conséquence, si aucune action n’est entreprise, cette station disparaîtra à court terme.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’une plante protégée confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 20/01/82).
OBJECTIFS DE PRÉSERVATION
La principale menace portant sur cette station déclinante, dont l’état de conservation est très défavorable, est donc liée à la dynamique naturelle de colonisation des stades préforestiers et forestiers. Aussi, compte tenu de l’enjeu de conservation à l’échelle régionale, un plan d’action doit être mis en œuvre dans les plus brefs délais. Les mesures de génie écologique vont viser à maintenir un milieu pionnier, conformément à l’écologie du lycopode petit-cyprès, en coupant les arbres aux alentours de la station et en éclaircissant la strate herbacée. Toutefois, il convient de veiller scrupuleusement à ne pas perturber le sol, afin de ne pas risquer d’endommager la tige souterraine du lycopode. Il pourrait également être intéressant de tenter une action indirecte à proximité immédiate de la station : le dégagement de plages de sol érodées (par brûlage ou étrépage) pourrait recréer des conditions favorables à la germination des spores (celles-ci disposent d’un bon pouvoir de conservation). Enfin, un suivi de la population permettra d’évaluer la pertinence de ces actions.
