DESCRIPTION
La plaine de la Bresse s'étend entre la bordure externe de l'arc jurassien et le Massif Central. Au cours de l'ère tertiaire, cette partie nord du bassin d'effondrement du Rhône et de la Saône était occupée par un lac au fond duquel des alluvions se sont déposées sur de grandes épaisseurs. Le retrait progressif du lac bressan a laissé place à de vastes marécages.
La Bresse comtoise forme une entité paysagère et culturelle homogène, constituée d'un complexe interactif et cohérent d'étangs, de prairies et de boisements humides sur des sols peu perméables, dans un relief à peine vallonné. L'origine des étangs de Bresse semble remonter au XIIIe siècle. Ces plans d'eau peu profonds, à vocation piscicole le plus souvent, ont été créés par l'homme. La gestion traditionnelle a permis l'installation d'écosystèmes de grande valeur biologique.
Dans la partie nord, l'étang du Mois de Jambe s'inscrit en lisière du Bois en Bief Vallon. Cet étang de taille moyenne, tout en longueur, est prolongé au nord par une aulnaie marécageuse supportant des sols engorgés en permanence. Une lisière arborescente de saules se développe sur 80 % du pourtour du plan d'eau. La végétation aquatique et amphibie s'organise en ceintures successives, de la pleine eau vers les berges. Toutefois, les groupements palustres, essentiellement sous forme de massifs de roseaux, sont surtout présents en queue d'étang. Le site abrite un cortège floristique d'espèces typiques de ces milieux humides, dont certaines sont rares et protégées. C'est le cas du souchet de Micheli, protégé au plan régional ; cette plante plutôt thermophile et héliophile est inféodée aux vases d'étangs exondés. La gratiole officinale, quant à elle, bénéficie d'une protection à l'échelon national. Elle est caractéristique des prairies et fossés aux sols longuement engorgés.
Composante du réseau des étangs bressans, ce plan d'eau revêt également un grand intérêt pour l'avifaune (notamment pour les oiseaux paludicoles), qui trouve dans ces habitats imbriqués des lieux de nidification et d'étape migratoire. Deux espèces patrimoniales inféodées aux roselières denses et inondées nichent régulièrement sur le site : le blongios nain, le plus petit des hérons français, en régression alarmante, et le héron pourpré. La Bresse constitue un bastion pour ces espèces peu fréquentes.
STATUT DE PROTECTION
Ce secteur est inclus dans la zone Natura 2 000 " Bresse jurassienne nord ". En outre, la présence de plantes protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 20/01/82, 22/06/92 et 17/04/81).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Outre leur fonction d'habitat quasi-exclusif d'un certain nombre d'espèces rares et menacées, les étangs jouent un rôle important dans l'atténuation des pics de crue à l'aval (stockage des eaux de pluie) et de régulation des nutriments (lagunage).
La préservation de l'intégrité du milieu et de la qualité de l'eau ainsi que le contrôle du fonctionnement hydrologique sont les garants d'une bonne fonctionnalité écologique. Dans les étangs, il convient donc d'encourager la poursuite d'une pisciculture extensive. La pérennité de ces habitats est liée à la préservation des pratiques de gestion traditionnelles : limitation de l'artificialisation des rives, conservation et entretien respectueux des ceintures végétales actuelles. Toutefois, le changement du mode de gestion piscicole hypothèque gravement la réussite de la reproduction des oiseaux patrimoniaux : il conviendrait de maintenir la baisse du niveau des eaux à la fin de l'été et de favoriser la croissance de la roselière en ceinture. L'assec périodique après la pêche, quant à lui, favorise la minéralisation de la matière organique et le rajeunissement du milieu. Enfin, les pratiques extensives, l'absence de drainage ou d'assainissement permettent de préserver le niveau de diversité biologique qui caractérise les boisements et prairies environnants.