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DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud.
Sur la Vie d’Orgelet, en limite du bois de Vara, un vaste ensemble de pelouse sèche est implanté à la faveur de facteurs particuliers : sol superficiel à squelettique, relative pauvreté en éléments nutritifs, réserves en eau limitées et ensoleillement important. Sur ce site, l’association représentée est de type calcicole et mésophile à sainfoin et brome dressé. Localement, des dalles calcaires affleurantes sont colonisées par une végétation pionnière très spécialisée à orpins. Les conditions contraignantes entraînent la sélection d’une flore originale, riche en éléments d’affinité méditerranéenne. L’évolution naturelle de ces formations herbacées en l’absence d’intervention tend vers une recolonisation par les ligneux. Cette dynamique est assez marquée sur cette zone, ce qui se traduit par un fort taux de recouvrement des fourrés de buis et de genévriers (de l’ordre de 75 %).
La structure hétérogène en mosaïque de ces pelouses constitue une originalité paysagère ; elle favorise l’accueil de nombreuses espèces animales (insectes, oiseaux et reptiles notamment) qui y trouvent des zones refuges. Ainsi, malgré un état d’enfrichement avancé, la pelouse de la Vie d’Orgelet revêt encore un intérêt entomologique marqué. En effet, il subsiste encore des secteurs ouverts (dalles calcaires et plages herbacées) qui permettent à l'azuré de la croisette de s’y maintenir. La priorité de conservation de ce papillon de jour protégé en France est très forte, tant au plan national que régional. Dans la région, les populations de cet azuré sont surtout cantonnées aux secteurs du sud du Jura et du bassin du Drugeon (25). Ici, les chenilles se développent sur gentiane jaune, ce qui constitue une particularité de la Petite Montagne. Sur cette zone, les niveaux de population sont encore satisfaisants, mais l’espèce se trouve néanmoins fortement menacée par l'évolution dynamique du milieu.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». En outre, la présence d’un insecte protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
Si les pelouses restent encore bien représentées en Petite Montagne, la pérennité de ces milieux semi-naturels est toutefois tributaire d’une gestion agro-pastorale extensive. Dans un contexte de déprise agricole et d’abandon des pratiques d’entretien, la principale menace se traduit par l’enfrichement. En l’absence d’intervention, la pérennité de la pelouse de la Vie d’Orgelet est remise en cause à plus ou moins long terme. Une gestion appropriée devient donc urgente à mettre en œuvre pour conserver les plages de pelouse encore bien typées et contenir l’extension des ligneux : réouverture du milieu (travaux de débroussaillement sélectif et raisonné), puis maintien d'un pâturage extensif. Les apports de fertilisants sont à proscrire. Compte tenu de la nature du site, le dépôt de déchets représente également une menace potentielle.
En matière de stratégie de conservation de l’azuré de la croisette, les préconisations définies à l'échelle nationale font état de la nécessité d'assurer une gestion coordonnée qui prenne en compte l'ensemble des stations d'une région, et ce, afin de maintenir un réseau cohérent permettant des échanges entre populations (notion de corridor écologique).
Enfin, au vu de l’intérêt de la zone et des menaces actives mises en évidence, la mise en place d'une mesure réglementaire de protection doit être envisagée.
