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DESCRIPTION
La zone de la Croix de Champfleury s'inscrit au sein d'un ensemble appartenant à la région naturelle du plateau de Vesoul. Cette vaste surface tabulaire est constituée d'assises calcaires du Bajocien (Jurassique moyen) ; ces roches sédimentaires ont pu être localement dégagées par l'érosion. A l'ouest du village de Cerre-lès-Noroy, ce secteur correspond à une butte culminant à 449 mètres sur laquelle s'étendent des groupements de pelouse sèche. Toutefois, celles-ci sont largement piquetées de buissons et entrecoupées de haies et de bosquets. La présence d'ourlets thermophiles témoigne d'une évolution dynamique vers une recolonisation forestière. Quelques parcelles de prairies pâturées mésophiles à ray-grass et crételle sont également relevées. L'ensemble est enclavé au sein de groupements forestiers de type hêtraie neutrophile à aspérule.
Sur cette butte, divers facteurs sont favorables à l'expression de groupements de pelouse : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs et réserves en eau limitées, ensoleillement important. L'association mésoxérophile (assez sèche) à brome dressé et fétuque de Léman représentée ici se trouve en limite d'aire de répartition. Les conditions drastiques sélectionnent une flore diversifiée, riche en espèces patrimoniales (dont une protégée dans la région) et incluant de nombreux éléments d'affinité méditerranéenne. Des pierriers sont colonisés secondairement par des plantes très spécialisées.
Les habitats de pelouses buissonnantes sont généralement favorables à l'accueil d'une avifaune typique et en régression, riche en oiseaux insectivores. Sur la pelouse de la Croix de Champfleury, deux de ces espèces (alouette lulu et pie-grièche écorcheur) ont été recensées, mais elles restent peu abondantes ; l'engoulevent d'Europe n'a pas été contacté, bien que le milieu lui soit également favorable. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette faible densité : situation au sein d'un massif forestier, prés largement envahis par des buissons, superficie modeste de la zone et morphologie allongée qui la rend d'autant plus sensible à une fermeture par colonisation progressive des ligneux. Ainsi, cette enclave n'offre pas d'habitats suffisamment vastes pour accueillir des oiseaux de pelouse en abondance.
Par contre, les nombreuses lisières et la richesse en plantes à fleurs se révèlent en général propices aux insectes (papillons de jour, criquets et sauterelles notamment). Les reptiles y trouvent aussi des biotopes favorables lorsque les superficies sont suffisamment étendues.
STATUT DE PROTECTION
La zone est incluse dans le site Natura 2000 " Pelouses vésuliennes et vallée de la Colombine ". En outre, la présence d'espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 29/10/09 et 22/06/92).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D'une manière générale, les pelouses sèches sont en régression. Les pratiques agricoles traditionnelles extensives (pâturage ou fauche) ont permis le maintien de ces milieux semi-naturels riches sur le plan écologique. Ce type d'habitat est rare et menacé dans le secteur : la déprise agricole et l'abandon se traduisent en effet par un envahissement par les ligneux.
Enclavée dans des boisements, la pelouse de la Croix de Champfleury est un milieu relictuel. Pour éviter sa régression progressive, voire même sa disparition à terme, il serait souhaitable d'entreprendre rapidement des mesures de gestion conservatoire : travaux de débroussaillage et de limitation de la progression des lisières (avec exportation des produits de coupe). Par la suite, un entretien par pâturage extensif devrait être encouragé (par le biais de mesures incitatives agri-environnementales). Les pierriers devraient toutefois être conservés. La structure paysagère la plus favorable à une biodiversité élevée est une pelouse ponctuée de buissons (proportion de l'ordre de 25 %).
