ZNIEFF 430020257
RUISSEAUX DE L'ÉCHENAUD ET DES GRANDS PRÉS

(n° régional : 34000012)

Commentaires généraux

DESCRIPTION

Au sein du Vignoble jurassien, en contrebas des escarpements du premier plateau, les ruisseaux de l'Echenaud et des Grands Prés s'écoulent dans un paysage très vallonné et diversifié : l'alternance de prairies humides ou mésophiles, de vignes, de vergers et de boisements confère à l'ensemble un bel attrait paysager. Leur cours est souligné par des ripisylves bien développées. Les boisements se déclinent en forêts mélangées de ravin et de pente en amont et en formations humides de type aulnaie-frênaie vers l'aval de la zone. Ces cours d'eau appartiennent au bassin versant de la Cuisance, affluent de la Loue.

La Franche-Comté montre une grande richesse en cours d'eau, aussi divers qu'elle offre de situations physiques. En tête de bassin, les ruisseaux se caractérisent par une pente forte, des fonds grossiers plutôt sablo-graveleux et des eaux dont la qualité devrait être optimale, c'est-à-dire fraîches et oxygénées, pauvres en éléments nutritifs et non polluées. Dans ce cas, ces cours d'eau abritent tout un cortège d'espèces indicatrices, qui y trouvent des zones de frayères, comme la lamproie de Planer, le chabot, la truite fario ou la salamandre. Ils sont riches d'une faune invertébrée variée et très sensible aux pollutions diverses : écrevisses à pieds blancs, perles (familles des perlidae, perlodidae, taeniopterygidae ou chloroperlidae), trichoptères (familles des odontoceridae, philopotamidae, brachycentridae), éphémères (genres Epeorus ou Rhithrogena) et odonates (agrion de Mercure). Ces deux ruisseaux hébergent notamment une belle population de truite fario ainsi que la loche franche, typique avec le chabot et le vairon des zones à truites des rivières.

Sur le plan floristique, le site recèle deux stations de tulipe sauvage. Cette plante, dont la répartition est disséminée, est en forte régression et bénéficie d'un statut de protection en France. Le Vignoble constitue l'un de ses bastions franc-comtois : le secteur de Poligny abrite environ 70 % de la population régionale. Alors que la gagée des champs n'a pas été récemment contrôlée, une autre messicole (espèce liée aux cultures et aux moissons), la gesse sans vrille reste encore abondante dans ce secteur ; ces plantes font l'objet d'une régression généralisée du fait de l'intensification des cultures et de la généralisation de l'usage des pesticides.

 

Cette zone est partagée entre un espace agricole dominé par la culture de la vigne et les prairies pâturées et un espace forestier :

- mésophile et banal, souvent rudéralisé par la présence du Robinier, sur les coteaux ;

- mésohygrophile à hygrophile en fond de vallée : frênaie-aulnaie eutrophe à ronce bleue, aulnaie-frênaie eutrophe à grande Laîche et Populage des marais. Ces deux types forestiers, très proches, présentent essentiellement un intérêt fonctionnel (zone humide) car ils sont assez banals du point de vue de leur composition floristique.

L'intérêt des secteurs agricoles est assez élevé, il est marqué par la présence de la Tulipe des vignes et de la Gagée des champs et de la Gesse sans vrille. Deux autres espèces présentent un certain intérêt : la Gesse sans feuille et le Cétérac, petite fougère liée, dans la zone, aux murets en pierre sèche.

Les prairies pâturées mésophiles (Cynosurion) constituent l'essentiel des herbages permanent du secteur, elles ne présentent qu'un très faible intérêt botanique et écologique. Sur les coteaux subsistent encore quelques zones de pelouses mésophiles (Mesobromion) peu typiques car de niveau trophique assez élevé. Mais, compte tenu du contexte anthropisé, elles seraient tout de même à préserver.

 

 

STATUT DE PROTECTION

Une protection réglementaire de l'espace est en voie d'être mise en place (arrêté de protection de biotope). En même temps, la présence de plusieurs espèces cités dans les arrêtés ministériels des 20/01/82 et 21/07/83, 8/12/88 et 19/11/07 assure la protection de cette zone puisque tout acte de destruction à l'encontre de ces espèces et de leur milieu de vie est interdit.

 

OBJECTIFS DE PRESERVATION

Ces ruisseaux font partie de ces écosystèmes remarquables qui se sont considérablement raréfiés de sorte qu'il n'en subsiste aujourd'hui qu'une bonne centaine en Franche-Comté. Leur bon état de conservation est lié à la préservation du bassin versant ; cependant la nature acide de leurs eaux les rend très vulnérables. D'une manière générale, ils font l'objet de pollutions chimiques ou organiques diffuses, de travaux anarchiques tantôt dans le lit mineur ou en bordure immédiate, de braconnage et d'alevinages intempestifs ou encore d'agressions diverses en lien avec l'exploitation sylvicole et agricole intensive. Le respect des préconisations réglementaires est de nature à garantir la préservation durable de ces ruisseaux. Lors du remembrement de la commune en 2002, un chemin a été implanté en fond de vallon en limite de la zone humide au lieu-dit " Les Sarres ". Il convient donc de veiller aux risques d'altération éventuels. Dans les prairies pâturées, le piétinement excessif des berges par les bovins peut être préjudiciable (risque de colmatage).

La tulipe sauvage se rencontre dans les vignes peu désherbées ou abandonnées : les traitements chimiques et la cueillette à but commercial (pourtant interdite) peuvent constituer des menaces. Le maintien de pratiques extensives est de nature à assurer la pérennité de la gesse sans vrille.

 

Commentaires sur la délimitation

La délimitation de la zone tient compte du fonctionnement des écosystèmes entre eux (à l'échelle du bassin versant)