French Version
DESCRIPTION
Au sud du département du Jura, la région naturelle de la Petite Montagne se situe entre la plaine de Bresse et le cours de l’Ain. Ce territoire est ainsi dénommé d’après la fréquence des reliefs tourmentés. La structure géologique est constituée de trois faisceaux associés à deux étroites bandes de plateaux, ce qui se traduit par une alternance de crêtes et de dépressions orientées globalement nord-sud. A l’est du secteur, la combe d’Onoz est largement marquée par les dépôts morainiques d’où émerge localement le substrat calcaire sous-jacent du Jurassique supérieur.
Au sud du village d’Onoz, sept petites zones de pelouses (Sur la Quarrée, Crêt Dardeley, Champs Dugna, A la Vieille Maison, Champs de la Fin, Au Nouzelet, Sous le Bourbet) s’échelonnent du nord au sud le long de cette combe, de part et d’autre de la route RD3. Elles constituent un ensemble cohérent sur le plan fonctionnel.
Plusieurs groupements sont différenciés : pelouses mésophiles à brome et sainfoin sur sol profond, acidiphiles à danthonie retombante et brachypode penné sur des secteurs décalcifiés, ou encore à blackstonie perfoliée sur marnes. Dans le Jura, cette dernière formation, très originale, est principalement localisée en Petite Montagne. Divers facteurs sont favorables à l’expression de pelouses dans ce secteur : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, ensoleillement important. Sur marnes, le fonctionnement se caractérise en outre par une alternance de phases d’hydromorphie marquée et d’assèchement au cours de l’année. Ces conditions contraignantes entraînent la sélection d’un cortège de plantes typiques, comprenant de nombreux éléments thermophiles et d’affinité méditerranéenne, dont trois sont protégés au plan régional. Une prairie de fauche à gaillet jaune et trèfle rampant, des friches (fourrés de buis et de genévriers) et de jeunes boisements sont également présents. Ces derniers témoignent d’une dynamique de recolonisation par les ligneux, évolution naturelle de ces milieux.
Généralement pâturées de façon extensive par des bovins ou des chevaux, ces pelouses montrent un taux d'enfrichement modéré. La structure d’habitat hétérogène est favorable à l’accueil d’une faune typique. Ainsi, le cortège de papillons de jour comprend huit espèces de forte valeur patrimoniale, dont deux protégées : le damier de la succise, encore assez répandu dans les pelouses marnicoles de Petite Montagne, ainsi que l’azuré de la croisette, en régression sur l'ensemble de son domaine biogéographique. Du fait de la forte responsabilité régionale, cette espèce fait l’objet d’un programme de conservation.
STATUT DE PROTECTION
Cette zone est incluse dans le réseau Natura 2000 « Petite Montagne du Jura ». De plus, elle est soumise aux dispositions de la loi Littoral qui s'appliquent aux communes limitrophes du lac de Vouglans. En outre, la présence d’espèces protégées confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêtés ministériels des 22/06/92 et 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
D’une manière générale, ces milieux semi-naturels sont relictuels et en régression. S’ils sont encore bien représentés en Petite Montagne, leur pérennité est toutefois menacée dans un contexte de déprise agricole. La gestion de ces pelouses devra donc viser à maintenir des faciès enherbés riches en fleurs, en menant des opérations de débroussaillage dans les secteurs colonisés par les fougères et les jeunes ligneux tout en maintenant un pâturage extensif et/ou une fauche tardive. Certaines de ces zones étant situées en bord de route, elles risqueraient d’être dégradées lors d’éventuels travaux de voirie.
Outre l’intérêt propre qu’elles présentent, ces pelouses font partie intégrante d’un réseau favorable à des échanges entre populations d’espèces calcicoles et thermophiles à l’échelle de la Petite Montagne et jouent à ce titre un rôle de corridor écologique (notamment pour les papillons). Il faut souligner que les exigences écologiques des espèces patrimoniales diffèrent ; la gestion doit donc être adaptée au cas par cas.
