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DESCRIPTION
La Chapelle de l’Espérance se situe en périphérie de l’agglomération de Pontarlier qu’elle domine. Elle est construite juste à l'extrémité de l'anticlinal du Laveron, sur un substrat calcaire du Portlandien (Jurassique supérieur). Autour de la chapelle, la roche affleure sous forme de dalles ou de petits bombements. En raison des expositions multiples, de la proximité immédiate de la forêt et de l'abandon des pratiques agro-pastorales sur certains secteurs, divers milieux ouverts à semi-ouverts agencés en mosaïque sont représentés sur cette zone.
Celle-ci est occupée majoritairement par des pelouses calcicoles. Ces formations herbacées rases s’installent à la faveur de conditions écologiques particulières : sols superficiels à squelettiques, relative pauvreté en éléments nutritifs, faibles réserves en eau, ensoleillement important. Les groupements à pâturin alpin, koelérie luisante et cytise retombant, installés sur des dalles calcaires redressées, sont les plus remarquables. Toutefois, l’association mésophile à gentiane printanière et brome dressé est dominante. Cette dernière espèce est parfois concurrencée par le brachypode penné, ce qui indique une évolution vers des ourlets maigres méso à xérothermophiles. Dans les secteurs encore parcourus par le bétail, le pré pâturé mésotrophe à crételle et gentiane jaune est bien représenté. Cette formation herbacée est l’une des plus typiques du paysage montagnard jurassien. Elle présente ici un faciès de pré-bois ponctué d’épicéas. Un envahissement par le prunellier et d'autres arbustes, voire de ronces, prend par endroits une certaine ampleur. Enfin, très localement, des pelouses acidiclines à violette des chiens indiquent des horizons superficiels décalcifiés.
Ce site revêt surtout un intérêt majeur sur le plan entomologique, puisqu’il héberge l’azuré de la croisette, papillon protégé en France, en régression sur l'ensemble de son domaine biogéographique. Cet insecte est inféodé à la présence de la plante-hôte de ses chenilles, la gentiane croisette, assez abondante ici. En Franche-Comté, le pôle de répartition de ce papillon se trouve dans le département du Jura, notamment au sud de Lons-le-Saunier. Dans le Haut-Doubs, le réseau est centré sur la vallée du Drugeon. Ici, l'autre station la plus proche est située à moins de trois kilomètres (autour du Fort Mahler). Du fait de la forte responsabilité régionale, cette espèce fait l’objet d’un programme de conservation. Toutefois, la forte pression de pâturage relègue la gentiane croisette en position marginale (la plante se cantonne sous les clôtures, d’où une distribution quasi-linéaire) et la population d’azuré semble être peu dynamique.
STATUT DE PROTECTION
Aucune protection réglementaire de l’espace n’a été mise en place. En revanche, la présence d’un insecte protégé confère indirectement un statut de protection au milieu : la législation interdit en effet de porter atteinte aux espèces et aux milieux qui les supportent (arrêté ministériel du 23/04/07).
OBJECTIFS DE PRESERVATION
L’enjeu principal sur cette zone concerne la conservation de la population d’azuré de la croisette. Le surpâturage constitue toujours l'atteinte majeure pour sa plante-hôte. Une baisse du chargement pourrait peut-être favoriser une expansion de la gentiane croisette à l'intérieur de la pâture car le milieu semble très favorable, comme en témoigne l'augmentation du nombre de pieds (sous le barbelé) depuis 2003. En outre, la proximité immédiate d'une route fait peser une menace importante sur cette station en raison de dépôts de bois et d'éventuels fauchages des bords de la route. Enfin, il conviendrait de surveiller l’enfrichement de certains secteurs et de programmer des opérations de débroussaillage.
De façon plus générale, les préconisations définies à l'échelle nationale en matière de stratégie conservatoire de l’azuré de la croisette font état de la nécessité d'une gestion coordonnée de l'ensemble des stations d'une région afin de maintenir un réseau cohérent.
